C’est par le biais d’un communiqué que la reine Elizabeth II a fait savoir qu’elle ne pourrait assister à la cérémonie d’ouverture du Parlement aujourd’hui en raison de « problèmes de mobilité épisodiques ». Par lettre patente, elle a désigné son fils, le prince Charles de Galles, pour la remplacer dans ce qui est l’évènement politique annuel le plus important et le plus attendu de la monarchie britannique. Pour beaucoup d’observateurs, cette décision est le symbole institutionnel d’un passage de témoins entre la Queen et l’héritier au trône, le début d’une régence qui ne dit pas encore son nom.

La dernière absence de la reine Elizabeth II à la cérémonie d’ouverture du Parlement remonte à 1963. Elle était alors enceinte de son dernier fils, Edward, futur comte de Wessex. Depuis, la souveraine a mis un point d’honneur à assumer le rôle pour lequel elle est dévouée depuis son accession au trône en 1952. Mais avec une santé chancelante, où le moindre de ses éternuements devient une source d’inquiétude planétaire, âgée de 96 ans, Elizabeth II a désormais de plus en plus de mal se montrer en public. « La reine continue d’avoir des problèmes de mobilité épisodiques et, après consultation avec ses médecins, a décidé à contrecœur de ne pas participer au discours du trône. A la demande de Sa Majesté et avec l’accord des autorités compétentes, le prince de Galles lira le discours du trône en son nom (…) » a annoncé en fin de soirée, hier, le Palais de Buckingham.

Un protocole immuable @Screenshot/BBC/Dynastie

Un protocole immuable

Deux lettres patentes signées de son sceau, c’est au prince Charles qu’il est revenu le devoir de remplacer sa mère sur le trône royal du Palais de Westminster en compagnie de son propre fils, le prince William de Cambridge ce 10 mai 2022. La reine Elizabeth II a toujours attaché une grande importance à cette cérémonie où elle s’est présentée durant de nombreuses décennies avec sa couronne sur la tête. Un rituel immuable avec ses codes comme la vérification de tout le palais de Westminster par les hallebardiers royaux, lanternes à la main, chargés de vérifier qu’aucun attentat similaire à celui de 1605 (Conspiration des Poudres) n’est en préparation. Cette année, rien n’a été changé au protocole d’usage même si la cérémonie a eu un autre goût plus amer que d’habitude, celui de la fin annoncée d’une époque emblématique et qui a marqué plus de cinq générations de Britanniques.

Le prince Charles lit le discours du trône @Screenshot/BBC/Dynastie

Le discours du trône

Précédé par le duc de Cambridge, le prince Charles est arrivé avec son épouse Camilla Shand, duchesse de Cornouailles. Mettant l’accent sur le respect de « l’accord de Belfast et de ses institutions, notamment par le biais d’une législation visant à remédier à l’héritage du passé » (allusion aux récents résultats électoraux en Irlande du Nord où les indépendantistes du Sinn Fein ont eu les faveurs des votes-ndlr) , le Royaume-Uni  « jouera un rôle de premier plan dans la défense de la démocratie » a déclaré le prince Charles en référence à l’Ukraine ( pour lequel l’héritier au trône et son fils ont publiquement pris position il y a peu-ndlr). Le fils de la reine Elizabeth II a rappelé que le gouvernement se devait d’assurer la sécurité des britanniques et a déclaré « qu’une loi sera introduite pour garantir que la police ait le pouvoir de rendre les rues plus sûres sous la forme d’un projet de loi sur l’ordre public ». Avant de préciser que le Premier ministre Boris Johnson, aura pour objectif de présenter « un projet de loi sur la technologie génétique (sélection de précision) afin d’encourager l’innovation agricole et scientifique ». Un thème cher au futur roi d’Angleterre.

Le duc de Cambridge, le prince de Galles, la duchesse de Cornouailles @Screenshot/BBC/Dynastie

Une régence de facto

Bien que la reine balaye toute idée d’abdication, se voulant fidèle à son discours prononcé au Cap en 1947, cette lecture du discours du trône par le prince Charles représente un changement institutionnel important, un moment historique, un événement lourd de symboles qui inaugure le début d’une régence de facto. « De plus en plus le prince Charles va exercer les fonctions régaliennes de sa mère » a d’ailleurs affirmé à  ce propos Marc Roche, auteur spécialiste de la monarchie britannique sur les antennes de France Info. Autres signes notables, la récente multiplication des engagements par les différents membres de la famille royale, qualifiés de « cercle restreint » et qui ont repris un certain nombre de rendez-vous prévus dans l’agenda de la Queen. Elizabeth II qui s’apprête à célébrer son jubilé de Platine le 2 juin prochain. Le dernier d’un règne éclatant.

Frederic de Natal