Avec son accession au trône, Charles III est devenu le nouveau monarque du Royaume-Uni et le chef du Commonwealth. Parmi tous les titres et privilèges qu’il a reçu de sa mère, la reine Elizabeth II, certains sont pour le moins inattendus. La Revue Dynastie vous propose de les découvrir.

Roi de Grande-Bretagne, d’Irlande du Nord et d’Écosse depuis le décès de sa mère, la reine Elizabeth II, survenu le 8 septembre 2022, Charles III jouit désormais de nombreux titres et privilèges. Parmi lesquels certains sont surprenants. Bénéficiant d’une immunité judiciaire liée à sa fonction, le nouveau monarque règne désormais sur 67 millions de Britanniques résidant sur les terres du Royaume-Uni. Mais également, tel Neptune, sur les Océans. Dans ses titres, Charles III est aussi le souverain des esturgeons, des baleines, des dauphins et des cygnes de la Tamise dont il est le seigneur (un Maître des Cygnes est chargé de veiller quotidiennement à leur bien-être). Du fait de la loi, il est formellement interdit de pêcher ces poissons (hors élevage), mammifères et volatiles qui demeurent exclusivement sous la protection du nouveau souverain. Une tradition qui remonte au XIVe siècle. Un rôle incongru qui devrait pourtant réjouir le roi Charles III, particulièrement préoccupé par la cause environnementale et animale dont il est un défenseur acharné.

Autre privilège déconcertant, le roi bénéficie de son propre poète personnel. Le poste est occupé depuis 5 ans par Simon Armitage, 69 ans. Nommé tous les dix ans, récompensé avec des caisses de sherry et lauréat d’un concours, il a la charge d’écrire des vers personnalisés au nouveau souverain. Dans l’histoire britannique, un seul a véritablement marqué de son art lyrique cette fonction créée en 1668 par le roi Charles II. Il s’agit de Lord Alfred Tennyson (1809-1892) à qui on doit une ode lyrique mortuaire, rédigée en hommage au duc de Wellington, le vainqueur de Napoléon à Waterloo, et qui fut fort apprécié des contemporains de la reine Victoria. Peu portée sur le culte de la personnalité et les flatteries, Elizabeth II n’a jamais utilisé ses services. Charles III devrait en faire de même.

Des privilèges et des interdictions, l’équilibre de la monarchie

Longtemps, les rois d’Angleterre ont occupé et prétendu au titre de roi de France. Parmi leurs terres, le duché de Normandie, racine généalogique de la maison royale. Battu par Saint-Louis, le roi Édouard III est contraint de renoncer à cette possession en 1259 et de la céder à la France des Capétiens. Seules les îles anglo-normandes de Jersey, Guernesey resteront sous la tutelle de la couronne anglaise. Lors de son intronisation, Charles III est devenu de facto un duc de Normandie, titre  honorifique  et symbolique, utilisé au masculin même lorsque le souverain est une femme. La Normandie est une région que connaît d’ailleurs très bien le nouveau roi puisqu’il y a séjourné à diverses reprises, notamment pour des compétitions de polo, un sport qu’il affectionne particulièrement.  Francophone avec un léger accent, sa dernière venue remonte à 2014, effectuée dans le cadre dans le cadre du 70e anniversaire du Débarquement de juin 1944.  

Charles III a été régulièrement aperçu, conduisant sa propre voiture. Bien qu’il bénéficie d’un chauffeur, il n’est pas astreint à avoir un permis de conduire ni même à porter une ceinture de sécurité. Il n’a même pas besoin d’avoir un passeport pour voyager puisque ce document est émis en son nom. Parmi tous ces privilèges et titres, deux interdictions. Arbitre naturel d’institution séculaire, ouvrant chaque année, le Parlement, le monarque n’a pas le droit de voter ni d’être adhérent d’un parti politique encore moins d’exprimer un point de vue politique. Honni soit qui mal y pense.

Frederic de Natal