Le prétendant au trône d’Iran, Reza Shah Pahlavi, a une nouvelle fois appelé les forces de sécurité iraniennes et l’armée à rejoindre les manifestants et à s’opposer au régime théocratique. Depuis le décès suspect de Mahsa Amini, une étudiante de 22 ans, arrêtée pour « tenue vestimentaire incorrecte », l’Iran est secoué par de violentes manifestations quotidiennes. Une instabilité chronique, qui dure depuis cinq ans, couplée avec une crise économique et sociale importante.

Le décès suspect de Mahsa Amini, une étudiante de 22 ans, arrêtée pour « tenue vestimentaire incorrecte » le 16 septembre 2022, a été la goutte de trop pour de nombreux Iraniens. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue afin de protester contre les injustices dont ils sont régulièrement les victimes et contre le gouvernement des mollahs au pouvoir depuis la chute de la monarchie en 1979. Un régime qui se montre plus répressif que capable de répondre aux nombreux problèmes générés par la crise économique et sociale qui frappe l’Iran depuis cinq ans. Figure centrale de l’opposition, le prince Reza Shah Pahlavi est une nouvelle fois monté au créneau, n’hésitant pas à se mêler aux manifestants issus de la diaspora qui ont également protesté dans diverses villes des États-Unis où ils résident. Interrogé par le quotidien Iran International, le fils du dernier monarque a appelé les forces de sécurité iraniennes et l’armée à rejoindre les manifestants et à s’opposer au régime théocratique. Depuis plusieurs jours, le nom de Reza Shah, sans que l’on sache si celui-ci se réfère à son grand-père ou à lui-même, est régulièrement scandé par les manifestants. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les Iraniens osent crier le nom des Pahlavi lors de manifestations anti-gouvernemantales.

Reza Shah Pahlavi appelle l’armée à se rallier aux manifestations

« L’armée est la gardienne du pays et de nos frontières, mais aujourd’hui, il y a une situation où l’ennemi est intérieur et tire sur le peuple… Les forces militaires devraient être un bouclier pour les gens sans défense » a déclaré le prétendant au trône du Paon. Selon le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI), une organisation non gouvernementale (ONG) basée à New York, la répression en cours aurait fait une quarantaine de morts. Un chiffre difficilement vérifiable (l’ONG Iran Human Rights basée à Oslo évoque une soixantaine de morts) mais qui se base sur de nombreuses vidéos et messages relayés par les manifestants sur les réseaux sociaux. Sur certaines d’entre-elles, on peut d’ailleurs voir des Gardiens de la révolution, fidèles du régime, tirer à balles réelles sur des manifestants. En octobre 2020, il avait déjà appelé ces mêmes corps militaires à la « désobéissance civile », dont les éléments jugés trop séditieux ont été rapidement écartés.

Un prétendant très populaire qui souhaite fédérer l’opposition

Le prince a également appelé l’opposition à s’unir autour d’un front commun et de désigner enfin un porte-parole qui serait en mesure d’être un interlocuteur privilégié pour les autres pays. « Le monde doit savoir que nous sommes une alternative pour la République islamique » a affirmé Reza Shah Pahlavi, troisième représentant d’une maison qui a contribué à faire entrer la Perse dans le XXe siècle et à la moderniser pour en faire une puissance pétrolière et nucléaire. « Nous pouvons avoir des inclinations politiques différentes en Iran demain, mais à ce stade, nous devons avoir un objectif commun pour sauver le pays » a-t-il ajouté. Très divisés, certains mouvements d’opposition ne cachent pas leur animosité à son égard, lui reprochant les exactions de la Savak (police du Shah) durant la monarchie et le suspectent de vouloir rétablir l’Ancien Régime. Ce que se défend le prince qui a réaffirmé qu’il laisserait le choix des institutions aux Iraniens, une fois la démocratie revenue. Selon une enquête menée en 2013 par le Centre de recherche en sciences sociales de l’Université George Mason, auprès d’Irano-Américains, seuls 20 % affirment soutenir le principe d’un retour à la monarchie. Mais selon le sondage Iranian Political Tendencies, réalisé par le Goman Institute en mai 2018 auprès de 19 000 personnes, Reza Pahlavi est celui qui est considéré comme étant « le plus populaire dans la société iranienne » avec 37,9%.

Une situation complexe qui a fait sortir l’Union européenne (UE) de sa réserve habituelle sur le sujet, la jugeant « inacceptable ». Dans un tweet, il a exhorté les pays européens à rappeler leurs ambassadeurs de Téhéran. Il a d’ailleurs lui-même reçu plusieurs représentants de Bruxelles, le 24 septembre à Washington, afin de les convaincre de soutenir ouvertement les manifestants. Le prétendant au trône a également salué le courage des « femmes courageuses et assoiffées de justice », fer de lance de cette révolution dont personne ne peut encore prévoir l’issue définitive.

Frederic de Natal