Prétendant au trône d’Iran, le prince Reza Shah Pahlavi est un infatigable opposant au régime islamique qui dirige son pays depuis la révolution de 1979. Un pays secoué par de violentes « émeutes de la faim » depuis cinq ans, laissé à son sort par une Communauté internationale plus encline à sauver l’accord sur le nucléaire conclu avec les ayatollahs que dénoncer les crimes perpétrés par la République islamique sur les iraniens. Lors d’un entretien accordé au quotidien saoudien Al Bilad, il a une nouvelle fois dénoncé les crimes des mollahs et la menace que fait peser Téhéran sur l’ensemble du Golfe Persique. En Iran, ses compatriotes continuent de scander son nom.
Depuis plusieurs années désormais, l’Iran fait face à une instabilité politique, sociale et économique, renforcée par les nombreuses sanctions imposées par les États-Unis. Poussant les iraniens dans la rue, le régime de Téhéran réprime violemment toutes les émeutes anti-gouvernementales où l’on entend régulièrement les manifestants réclamer le retour du Shah. C’est en 1979, dans un contexte quasi similaire, que la monarchie des Pahlavi avait été renversée et qui permet à son héritier, le prince Reza Shah Pahlavi, de répéter inlassablement que la chute des mollahs est inéluctable. Depuis trois ans, il est à la tête du projet « Phoenix » qui entend fédérer autour de lui, les différents partis d’opposition au régime islamique afin de dessiner le prochain futur d’un pays vidé de sa substance théocratique.
In my interview with @albiladpress I spoke of the future of the Middle East after the fall of the Islamic Republic and the opportunities for the people of Iran and the potential for peace, prosperity & security across the Persian Gulf with the expansion of the Abraham Accords. ⏬ pic.twitter.com/U0sExLz75L
— Reza Pahlavi (@PahlaviReza) January 24, 2022
« Auparavant, les manifestations se produisaient tous les dix ans environ avant de devenir plus annuelles. Désormais, c’est tous les mois et dans toutes les villes du pays, quelques soient leurs tailles. La contestation a touché toutes les couches sociales. Y compris au sein des membres des forces de sécurité qui commencent à refuser d’obéir aux ordres de répression qu’ils reçoivent. Ils commencent à se demander pourquoi ils doivent continuer tirer sur leurs propres compatriotes ». Interrogé par quotidien saoudien Al Bilad, le prince Reza Shah Pahlavi estime que toutes les conditions sont réunies pour que « le régime totalitaire actuel » chute à un moment ou un autre tant « la situation intérieure devient intenable » pour les ayatollahs selon lui. « Ils sacrifient les ressources qu’ils devraient consacrer au peuple iranien afin de propager leur idéologie dans le monde entier. Les Iraniens en ont marre. Le peuple iranien, de tous horizons, milieux économiques, tendances politiques et tranches d’âge, s’est maintenant retourné contre le régime » affirme le fils du dernier monarque persan.
« Croire que la question nucléaire est ce qui préoccupe le plus les iraniens est une erreur » s’agace Reza Shah Pahlavi visant explicitement le président Joe Biden qui a souhaité renouer le dialogue avec Téhéran sur ce sujet. Véritable pièce maitresse de la politique iranienne, l’accord sur le nucléaire, signé en 2015, a permis aux mollahs de prendre en otage toute la communauté internationale, frileuse à l’idée d’intervenir militairement sur le terrain. « Cela profite à ce régime qui détourne l’attention des pays concernés et cache ainsi toutes ses faiblesses » regrette le prince impérial, lassé de toutes les tergiversations américaines et européennes. Il pointe aussi du doigt les menaces que les ayatollahs font peser sur le Golfe Persique, notamment au Yémen où l’Iran soutient ouvertement les rebelles séparatistes Houthis, au Liban (avec le Hezbollah) ou encore en Irak (avec les Hachd al-Chaabi). Un jeu d’alliance qui touche aussi l’Arabie Saoudite, également partie prenante de ce conflit et régulièrement accusé par Téhéran de soutenir financièrement les activités politiques du prince Reza Shah Pahlavi. « C’est dans son ADN. Ce régime n’a de cesse d’exporter sa révolution et cherche à déstabiliser les pays de notre région pour son propre profit » rappelle une nouvelle fois le fils du « roi des rois ».
Reza Shah, bless your soul
Oh Reza Shah, come to our rescue!#Isfahan protests
November 26, 2021 pic.twitter.com/Yo2n8UAC0w— Mitra Jashni (@JashniMitra) November 26, 2021
« Le futur Iran que je souhaite mettre en place n’aura pas l’intention de s’immiscer dans les affaires intérieures de nos voisins et nous attendons la même chose en retour – la majorité de l’opposition laïque et démocratique est d’accord là-dessus. Plus que la paix, nous voulons une coopération productive. Cela n’est possible que si le peuple iranien réussit dans sa quête de liberté » explique Reza Shah Pahlavi. [il a donné son soutien aux Accords d’Abraham qui normalisent les rapports entre certaines pétromonarchies et Israël-ndlr]. Monarchie ou république, il laisse le choix aux iraniens qui devront se prononcer par référendum le moment venu. Si des portraits le représentant ont été placardés dans certaines villes du pays, jouit-il vraiment d’un réel soutien sur place ou parmi les exilés ? Il affirme avoir des contacts avec des éléments de l’armée, victime de purge au plus fort des manifestations anti-gouvernementales (notamment au sein de l’armée de l’air accusée de vouloir préparer un putsch). Selon un sondage daté de 2018, 38% des iraniens interrogés sont favorables au retour des Pahlavi et on ne compte plus les mouvements qui soutiennent le prince aujourd’hui, en dépit d’une certaine opposition palpable au sein de partis comme l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI). « L’avenir de l’Iran appartient à la nouvelle génération. Je reste très optimiste » assure Reza Shah Pahlavi.
L’histoire pourrait lui donner raison sous peu. Le 26 novembre 2021, des manifestations ont éclaté à Ispahan, troisième ville d’Iran. Les iraniens se sont rassemblés spontanément et ont crié « Reza Shah vient nous sauver, que Dieu te bénisse ! ». Sans que la police n’intervienne réellement.
Frederic de Natal