Jusqu’ici protégée des polémiques dynastiques par les dieux d’Asgard, la monarchie danoise a été frappée de plein fouet par une tempête familiale qui secoue son socle séculaire. Le 28 septembre dernier, la reine Margrethe II a annoncé qu’elle retirait tous leurs titres princiers à quatre de ses petits-enfants, issus des deux mariages du prince Joachim du Danemark. Une décision, jugée brutale par les concernés, qui est pourtant loin d’être unique et qui préfigure d’importants changements à venir au sein des maisons royales d’Europe auxquelles il faudra désormais s’habituer.

C’est un communiqué qui n’en finit plus de faire parler sur les réseaux sociaux. Publié sur le site de la maison royale du Danemark (kongehuset), le 28 septembre 2022, la reine Margrethe II a annoncé que les enfants de son fils cadet, le prince Joachim, ne pourraient plus utiliser leurs titres de prince et princesse de Danemark. Dès le 1er janvier 2023, Nikolaï (23 ans), Félix (20 ans), Henrik (13 ans) et Athena (10 ans) ne seront plus connus que sous la titulature de comte et comtesse de Montpezat (Greve / komtesse af Monpezat). Un titre spécifiquement créé en 2008 à la demande de la souveraine. « (…) Sa Majesté, la Reine souhaite créer un cadre dans lequel les quatre petits-enfants pourront façonner leur propre vie dans une bien plus large mesure, sans être limités par les considérations et obligations particulières qu’implique une affiliation formelle à la Maison royale » peut-on lire dans le communiqué officiel.

La famille du prince Joachim sous le choc

Jusqu’ici épargnée par les contentieux familiaux, la monarchie danoise s’est soudainement retrouvée au cœur d’une tempête médiatique, coincée entre passionnés des royautés qui ont âprement commenté cette décision et les réactions des principaux concernés qui ont exprimé leur « choc » à l’annonce de cette décision. Mère des princes Nikolaï et Félix, Alexandra Manley, a vivement réagi, faisant part de la « tristesse » de ses enfants. « Nous sommes tous confus après la décision. Nous sommes tristes et sous le choc. Cela vient comme un coup de tonnerre. Les enfants se sentent mis à l’écart. Ils ne peuvent pas comprendre pourquoi leur identité leur a été retirée » a déclaré la comtesse de Frederiksborg au quotidien B.T. De son côté, le prince Joachim s’est aussi épanché sur le sujet. Contrairement à ce qui a été dit , il a confirmé au micro de DR qu’il n’avait pas été informé de cette décision en mai dernier comme certains médias spécialisés l’ont écrit dans leurs colonnes. Au contraire, il affirme avoir juste « reçu un préavis de cinq jours entre la décision concernant le changement de titre et cette annonce ». « En mai, on m’a présenté un plan, qui stipulait essentiellement que lorsque les enfants auraient chacun 25 ans, leurs titres changeraient. Athéna aura 11 ans en janvier » a-t-il fait remarquer.

Une décision conforme à leurs projets d’avenir pour la reine Margrethe II

Selon diverses informations, des tensions au sein de la maison royale seraient sous-jacentes depuis que le prince Joachim du Danemark a été nommé comme attaché militaire à l’ambassade de son pays, en janvier 2020. « Envoyé en mission par sa mère » selon ses propres termes. Interrogé parallèlement par TV2, le prince a reconnu que ses rapports avec la reine s’étaient distanciés. « Je ne pense pas avoir besoin de m’étendre là-dessus » a toutefois souhaité rappeler le prince Joachim, préférant ne pas commenter une décision royale au-delà de ce qui est autorisé. Interpellée par TV2 sur ce sujet, alors qu’elle assistait à un gala au Musée national, laissant apparaître un certain embarrassement, la reine Margrethe II a estimé que cette décision avait été prise pour « le bien-être et le confort de leur avenir ». « Toute ma famille et moi sommes bien sûr, très tristes. Nous sommes, comme mes parents l’ont également dit, sous le choc de cette décision et de la rapidité avec laquelle elle a été prise » a déclaré et regretté le prince Nikolaï, mannequin professionnel cultivant une extrême ambiguïté sur les podiums, au quotidien Ekstra Bladet.

Des changements perceptibles au sien des maisons royales, gages de leur pérennité 

Une tempête dans un verre d’eau ? Pour certains spécialistes, cette affaire est anodine et ne fait que démontrer la volonté des maisons royales de s’adapter à leur temps et au désir de leurs sujets qui s’irritent de ces « royaux » bénéficiant de listes royales sans avoir d’activités officielles. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que de telles modifications protocolaires se produisent au sein des familles royales d’Europe. Très récemment, non loin du Danemark, la maison Bernadotte a également semé l’émoi en Suède en octobre 2019. Par suite d’une décision du roi Carl XVI Gustav, 5 de ses petits-enfants ont perdu leurs prédicats royaux tout en conservant leurs titres octroyés à leur naissance par le monarque. Selon le communiqué officiel, cette décision avait pour but de clarifier « quelles personnes au sein de la famille royale peuvent être employées à des fonctions officielles en tant que représentants du chef d’État ». Un changement qui ne devrait pas tarder à faire tache d’huile dans les autres dynasties royales. Plusieurs journaux britanniques ont fait part de la volonté du roi Charles III de restreindre drastiquement le cercle royal à ses héritiers directs. Plusieurs princes ou princesses Windsor pourraient être amenés dans le futur à devoir travailler pour subvenir à leurs besoins et ne plus bénéficier de listes civiles. Des changements déjà perceptibles sur le site officiel de la maison royale d’Angleterre puisque, depuis peu, le prince Harry, duc de Sussex, a été rétrogradé au dernier rang de la « Firme » à la suite d’une décision du nouveau monarque.

Des évolutions nécessaires au sein des maisons royales d’Europe auxquelles les passionnés de monarchie vont désormais devoir s’habituer et les balcons royaux de se rétrécir dans un futur proche. 

Frederic de Natal