Lorsque prince Asaf Jah VII, dernier prince régnant de l’état d’Hyderabad décède en 1967, il laisse derrière lui une fortune estimée à 750 millions de dollars. Un record figurant même dans le Guinness Book. Bien qu’elle ait reste encore importante son héritage est aujourd’hui entre les mains de son petit- fils  Mukarram Bahadur, 88 ans. Un pactole qui attise bien des convoitises familiales.

Dirigeant le « Hyderabad Funds Case », (qui rassemble tous les biens de cette dynastie), le prince Mir Najaf Ali Khan a décidé de revendiquer sa part du trésor national.  Le 23 novembre dernier; le petit-fils d’Asaf Jah VII a déposé une plainte devant la Haute Cour de Delhi, accusant le prétendant au trône et sa branche d’avoir falsifié les documents du Nizam en leur faveur.  Le litige porte essentiellement sur une somme de 1 007 940 de livres sterling transférée en 1948 sur un compte bancaire basé à Londres et qui aurait été multiplié par trente grâce aux intérêts. « Il n’est pas le propriétaire absolu de cette fortune. C’est totalement infondé et erroné » affirme Mir Najaf Ali Khan qui évoque un accord oral du Nizam, jamais transcrits dans les faits. Mukarram Jah avait exprimé sa réticence à accepter ce cadeau, car il n’était pas sûr de le maintenir avec ses maigres revenus » poursuit le prince qui se dit sur de son bon droit.

Le Nizam Asaf Jah VII vient présenter ses hommages au roi George V et à la reine Mary. (Photo by The Print Collector/Print Collector/Getty Images)

Des accusations que réfutent les soutiens de Mukarram Bahadur dont la santé est chancelante. Souvent pointé du doigt pour un style de vie dispendieux, le prétendant au trône (appelé Asaf Jah VIII) aurait négocié un poste de député permanent au parlement, estimant que sa position lui évite de faire campagne pour l’obtenir. « D‘autres maharadjahs se sont transformés en politiciens et hommes d’affaires prospères. Alors pourquoi ne le pouvait-il pas, dont la fortune et le statut étaient supérieurs aux leurs ? Pourquoi a-t-il plutôt passé une vie entière à voyager à travers le monde sans but ? »  écrivait à ce propos le magazine « Man’s world of India »  qui a consacré un portrait très vitriolé du Nizam.

Une monarchie musulmane qui règne sur des hindous

C’est au cours du XVIIIème siècle que la dynastie Asaf Jah fait brutalement irruption dans l’histoire en s’affranchissant progressivement de la tutelle du Grand Moghol. Français et anglais vont se disputer ce territoire aux monarques truculents et modernistes pour leur époque. Ainsi on doit l’abolition du sati au roi Asaf Jah VI, cette pratique qui consistait au sacrifice de la veuve du défunt dans le feu crématoire afin qu’elle soit à ses côtés pour l’éternité. Pour beaucoup de ses sujets, il avait des pouvoirs surnaturels, capable de guérir des morsures de serpents dont lui-même avait réchappé dans sa jeunesse. Son fils et successeur du même nom, qui va régner entre 1911 et 1948, va véritablement incarner le fantasme exotique du Raj britannique. Le mariage entre son fils héritier et la princesse Durru de Turquie va faire la joie des « médias people « tant par son faste que son divorce retentissant. Le prince Azam était un inconsolable séducteur.

Les princes Asaf Jah VII (gauche) et Asaf Jah VIII (droite). @Dynastie

Monarchie féodale, le Nizam doit affronter une rébellion marxiste entre 1944 et 1946 qui va considérablement l’affaiblir. Lors de l’indépendance, il tente de maintenir la neutralité de son état. New Delhi qui ne peut décemment pas laisser une famille royale musulmane régner sur une majorité d’hindous va déclencher l’opération Polo qui signe la fin de l’institution monarchique de l’Hyderabad. Et le début de massacres importants entre les deux communautés religieuses qui va faire plus de 30 000 morts. Nommé gouverneur de son état jusqu’en 1956. Une décennie plus tard,  ses funérailles seront suivies par un million de personnes.

Frederic de Natal