Dans une déclaration au parlement, le 10 juin, la ministre jamaïcaine des Affaires constitutionnelles, Marlene Malahoo Forte, a annoncé que le gouvernement avait amorcé un processus de réforme constitutionnelle et que celui-ci devait aboutir à l’abolition de la monarchie à court terme. Selon elle, la Jamaïque pourrait suivre les pas de la Barbade voisine et devenir officiellement une république en 2025.

En mars dernier, le prince William et de son épouse ont effectué un Tour des Caraïbes avec pour objectif des renforcer l’image de la monarchie Britannique. Un voyage qui a été un désastre pour l’institution royale, objet de diverses manifestations s’inscrivants dans la même veine que ceux du Black Live Matter (« La vie des noirs compte »). Lors de son entretien avec le duc et la duchesse de Cambridge, le premier ministre Andrew Holness n’avait pas hésité à leur déclarer que la Jamaïque était désireuse « d’aller de l’avant et avec l’intention d’atteindre rapidement (ses) objectifs de développement et de réaliser (ses) véritables ambitions en tant que pays indépendant, développé et prospère ».  Le 10 juin, lors d’une session parlementaire, le gouvernement a dévoilé sa feuille de route et glacé le sang des partisans de la monarchie.

Horizon 2025 pour la proclamation de la République

« L’objectif est de produire une nouvelle Constitution de la Jamaïque, promulguée par le Parlement de la Jamaïque, entre autres, afin de transformer la Jamaïque en république parlementaire, abolir la monarchie constitutionnelle et affirmer notre autodétermination et notre patrimoine culturel » a déclaré Marlene Malahoo Forte. Selon la ministre jamaïcaine des Affaires constitutionnelles, la rupture se fera par étapes et nécessitera la majorité des voix des deux chambres parlementaires. Les Jamaïcains seront également « appelés à participer à un référendum pour trancher la question » a tenu à rassurer Marlene Malahoo Forte. Un comité de réforme constitutionnelle sera créé et comprendra des membres de l’opposition, partisans des deux camps en présence. Pour le gouvernement, la fin de ce processus est fixée à 2025 et doit aboutir à l’élection d’un président aux pouvoirs réduits.

D’autres pays du Commonwealth tentés de faire de même

L’idée républicaine a été introduite sur cette île en 1972, régulièrement agitée comme un épouvantail par les partis politiques, profondément divisés jusqu’ici, qui n’ont eu de cesse de mettre en place de vains agendas sur cette question. Elle semble désormais fédérer les principaux partis de la Jamaïque, le parti Travailliste (JLP) et le Parti national du peuple (PNP) qui se sont prononcés en faveur de la république. D’après un sondage réalisé pour le Jamaïcan Observer, daté de 2020, 55% des jamaïcains souhaiteraient également la fin de la monarchie.

Une décision qui intervient alors que se termine doucement le règne de la reine Elizabeth II dont on a récemment fêté le Jubilé de Platine, célébrant  ses sept décennies à la tête du Royaume-Uni et du Commonwealth. Plusieurs pays des Caraïbes britanniques ont également confirmé qu’elles suivraient le même chemin que l’île de la Barbade qui a adopté un régime républicain en novembre 2021. L’Australie a annoncé ces derniers jours qu’elle songeait également à destituer la reine de son poste de chef d’État, provoquant un vaste et violent débat dans le pays.

Frederic de Natal