Il est le dernier souverain d’Égypte mais jamais véritablement régné sur la terre des pharaons. Bien que sa titulature royale soit mentionnée sur son passeport, c’est en simple citoyen respectueux de la République, accompagné des membres de sa famille, que le roi Fouad II a posé le pied sur le sol de son pays. Un retour qui a conduit une nouvelle fois le monarque sur les traces de son histoire familiale. La Revue Dynastie revient sur ce voyage couvert par divers médias locaux.  

Il n’a jamais connu les ors des palais royaux. Lorsque la révolution éclate en 1952, le roi Fouad II n’a que 7 mois et quelques jours. Son père, le roi Farouk, vient d’abdiquer. Il pense alors que son geste va sauver la dynastie royale qui règne sur l’Égypte depuis un siècle et demi et trop longtemps sous protectorat britannique. Trop jeune pour être couronné, Ahmad Fouad suit ses parents en exil, laissant une régence (présidée par le Prince Muhammad Abdel Moneim) gérer les affaires de la monarchie. Une institution qui sera finalement abolie un an plus tard à l’instigation des militaires. Parmi lesquels un certain Gamal Abdel Nasser. La république proclamée, Fouad II va passer sa vie entre la Suisse et la France. Marié (depuis divorcé) à Dominique-France Loeb-Picard (Fadila) qui lui a donné trois enfants, c’est dans les années soixante-dix que le monarque a pu enfin revenir en Égypte après que le Président Anouar al-Sadate ait rendu à sa famille tous leurs passeports.

Discret, ses interviews sont rares mais suscitent à chaque fois l’engouement dans un pays qui n’a pas hésité à sortir les drapeaux de l’ancienne monarchie lors de la révolution du papyrus (2011). Suivi par 180 000 personnes sur les réseaux sociaux, la pandémie de Covid-19 a empêché le souverain de revenir dans la terre des pharaons durant deux ans.  Un retard qu’il entendait rattraper. Si à 70 ans, il reste une alternative possible pour un pays qui redécouvre son histoire et cultive une nostalgie de sa gloire passée, le roi Fouad II évite soigneusement de se mêler de politique afin de rester au-dessus de la mêlée. Il est arrivé, il y a quelques jours, dans son pays accompagné de son fils, le prince Mohammed Ali, l’épouse de ce dernier, la princesse Noal Zaher Shah (petite-fille du dernier roi d’Afghanistan) et de sa fille, la princesse Latifa.

Réceptionnés par Oussama Talat, le chef du Département des antiquités islamiques et coptes, ils sont partis visiter le Caire médiéval situé dans la rue El-Moez, une des plus grandes concentrations d’architecture médiévale dans le monde islamique. Ici, la famille royale a pu se confronter avec le défunt passé d’une dynastie dont l’histoire se mêle étroitement avec celle de l’Égypte contemporaine.  Selon la version anglophone du quotidien Sada Elbalad, le roi Fouad II s’est attardé au sebil de Mohamed Ali, une fontaine richement illustrée, avant de se rendre à la mosquée Al-Rifai en cours de restauration comme le précise de son côté le quotidien Albawaba. Le descendant de Mehmet Ali a exprimé sa joie et son admiration pour les travaux déjà réalisés.  Ils se sont rendus par la suite au Gezira Sporting Club ( anciennement Khedivial Sporting Club.) à la grande surprise de ses membres. 

Le roi Fouad II et sa famille en visite dans leur ancien royaume @Dynastie

Un saut au Palais royal Al-Manyal (ou Palais Mohammed Ali Tewfik), construit dans un style islamique moderne, emprunté au persan et aux écoles d’art mamelouk, devenu aujourd’hui un musée réputé, le roi Fouad II est aussi allé visiter celui qui abrite les carrosses et autres calèches royales. Reçu en grande pompe par Ahmed Al-Sabbagh et Amin Al-Kahki, respectivement directeur général et conservateur de ce lieu emblématique de la monarchie égyptienne, le souverain s’est prêté au jeu des photos à l’intérieur comme à l’extérieur du musée comme le montre l’article publié par le quotidien Akhbar-el-Yom.

Le séjour de la famille royale en Égypte devrait encore durer une semaine.  

Frederic de Natal