Candidat au rachat de l’AS Saint-Étienne (ASSE), le prince Norodom Ravichak se retrouve au cœur d’une controverse qui alimente depuis quelques jours la presse sportive. Le club mythique stéphanois a déposé plainte contre le petit-fils du défunt roi Norordom Sihanouk pour  « des faits de faux, usage de faux et tentative d’escroquerie ». Selon un communiqué paru, sans entête du club et sans la signature des deux dirigeants du club, le document servant de garantie serait un « faux grossier ». Par voie de presse, le prince royal a rapidement exprimé sa « sidération » et rappelé que les négociations avec l’ASSE sont au point mort depuis des semaines.

C’est l’un des plus vieux clubs français. Il a vu passer les plus grands joueurs du football sous ses couleurs vertes. En avril dernier, après avoir connu quelques années difficiles et opéré une timide renaissance, l’AS Saint-Étienne a annoncé qu’il était mis en vente par ses deux dirigeants et que « la mission de sélectionner le meilleur investisseur avait été confiée à une banque d’affaires réputée ». C’est dans ce contexte qu’est apparu le prince cambodgien Norodom Ravichak, 47 ans, dont la fortune se chiffre en millions d’euros. Francophile averti, le neveu du roi Norodom Sihamoni est un « fan assumé de foot’ ». Alors que sa famille est exilée par les affres de l’Histoire en France, le jeune prince se passionne pour ce sport dans les salles de Créteil. « Mon but, aujourd’hui, est de prendre soin de Saint-Étienne et de tous ceux qui œuvrent pour que ce club retrouve la place qui est la sienne dans le football français et européen » avait assuré récemment le prince sur les ondes de Radio France international (RFI). Aujourd’hui, son rêve de posséder un club se transforme en cauchemar et chaque protagoniste de l’affaire se rejette la faute sur l’autre.

Le prince Norodom Ravichak et le logo l’AS Saint-Étienne

Après avoir déposé un chèque de 100 millions d’euros, montant de garantie exigé par la KPMG qui s’occupe de la vente, très rapidement des tensions ont émergé entre le prince et la banque qui lui refuse l’accès « à la dataroom où se trouvent des documents confidentiels sur le club, sur les  état des actifs » du club comme l’explique Patrick Chêne, ancien journaliste sportif de France Télévisions et à « L’Équipe ». Désormais, c’est le chèque émis lui-même qui pose un problème. Selon le cabinet anglo-néerlandais d’audit, ce serait un « faux » contraignant l’ASSE à déposer une plainte. « Il a envoyé ce [faux] document d’une grande banque, je ne peux pas dire laquelle. C’était une banque étrangère, l’une des trois premières de son pays » maintient de son côté le président du club Bernard Caiazzo qui avait  pourtant misé sur le prince royal.

La réponse du prince n’a pas tardé à venir, piqué au vif par l’accusation.  Vert de rage, le principal concerné s’est dit « sidéré » alors que « les négociations avec l’ASSE sont au point mort depuis plusieurs semaines (…) et que le document n’a donc jamais servi de garantie financière pour le rachat du club ». Pour « Norodom Ravichak, ce n’est plus ni moins qu’une tentative de « déstabilisation » pour contrer sa volonté de rachat. Face à lui, un projet franco-luxembourgeois qui aurait les faveurs de Roland Romeyer, second président de l’ASSE. « Norodom Ravichak se réserve le droit d’engager toutes actions judiciaires appropriées en réponse à la plainte qui aurait été déposée à son encontre » annonce d’ailleurs le communiqué officiel du neveu du roi et qui rappelle qu’il « toujours été mobilisé dans l’intérêt du club et de ses supporters ». Selon le quotidien « Le Progrès », le prince ne serait déjà plus dans la course au rachat du club.

Frederic de Natal