Depuis le début du conflit russo-ukrainien, l’archiduc Karl de Habsbourg-Lorraine ne ménage pas ses efforts en faveur de Kiev. En 2015, il avait ouvert une radio tournée vers l’Europe et dont l’objectif était de « fournir des informations équilibrées ». Un véritable défi pour le prétendant au trône austro-hongrois. Elle demeure aujourd’hui le dernier espace de liberté dans ce pays ravagé par la guerre et joue un rôle essentiel dans cette guerre de communication que se livrent les deux belligérants actuels.

Kraina FM – 100% Ukrainien avait ouvert en 2015, principalement financée par des fonds privés afin de lui garantir une indépendance médiatique totale. A sa tête, l’archiduc Karl de Habsbourg-Lorraine qui souhaitait également en faire une tête de pont vers l’Europe comme il l’indiquait au réseau radiophonique belge Euro Activ venu l’interviewer à cette occasion. « Son véritable objectif sera d’insuffler un peu d’esprit européen en Ukraine. (…) Nous ne devons pas oublier que l’Ukraine est un pays d’Europe centrale. Elle a une très longue histoire européenne, notamment avec la Ligue hanséatique (…). Par conséquent, je pense qu’il est important de souligner les liens forts qui existent là-bas avec l’Europe » avait alors expliqué le prétendant au trône austro-hongrois.

Karl de Habsbourg-Lorraine avec Kraina FM @Zeit/Dynastie

Le dernier espace de liberté médiatique  en Ukraine

Avec le conflit russo-ukrainien, la radio, depuis rebaptisée Kraina FM – Resistance Radio, est considérée comme le dernier espace de liberté médiatique dans un pays devenu le jeu de toutes les idéologies et le centre de l’échiquier international. En dépit de ses prises de position anti-russes, Karl de Habsbourg-Lorraine entend garder son indépendance, regrettant que les médias ukrainiens soient toujours autant inféodés au gouvernement actuel. « Les antennes radio ont été les premières cibles des russes. Le gouvernement offre un programme très centralisé qui a été adopté par la plupart des stations de radio qui l’ont adopté. Nous avons décidé de ne pas nous y affilier car des informations indépendantes sont nécessaires » déclare l’ancien député européen qui entend parler de tout, des victoires comme des défaites de l’armée ukrainienne. Pas plus qu’il n’entend ménager ce « gang de gangsters totalitaires » comme il surnomme le dirigeant russe, Vladimir Poutine, et ses alliés oligarques.

Un archiduc au chevet des réfugiés

La station est devenue, peu à peu, une source d’information essentielle pour beaucoup. Afin de maintenir la radio ouverte, installée aujourd’hui dans le grenier d’une maison où se relayent 15 employés, l’archiduc a déplacé ses logiciels aux Pays-Bas et ramené du matériel d’Autriche afin de permettre à Kraina FM – Resistance Radio de continuer à émettre. Informer les exilés de la situation en cours avec des points sur les refuges, leurs localisations,  les mouvements de troupes, le tout agrémenté de musique rock très en vogue dans le pays. Un programme pour les enfants a même été inclus afin que chacun puisse s’y retrouver. « Une psychologue pour enfants donne régulièrement des conseils par téléphone sur la meilleure façon de gérer la situation – elle est souvent elle-même dans un bunker. Le soir, nous diffusons une heure de lecture de conte de fée. Les enfants doivent avoir la possibilité d’oublier la réalité pendant quelques minutes » précise Karl de Habsbourg-Lorraine qui ne cache pas sa fierté.

Depuis 1986, Karl de Habsbourg-Lorraine est le président de la branche autrichienne de l’Union paneuropéenne. Député européen de 1996 à 1999, il est aussi président de Blue Shield, une organisation qui entend protéger tout patrimoine culturel menacé par des conflits armés. Il a réclamé à diverses reprises que l’Ukraine soit admise au sein de la Communauté européenne dans les meilleurs délais.

Frederic de Natal