Mystérieuse hospitalisation qui a mis en émoi toute une nation, déplacements annulés, ses apparitions publiques sont devenues de plus en plus rares. Désormais, le moindre toussotement de la reine Elizabeth II fait sursauter les britanniques et tout le Commonwealth. Son absence pour « mal de dos » le 14 novembre dernier, alors qu’elle avait pourtant confirmé sa présence au « jour du souvenir », a relancé les inquiétudes sur l’état de santé du monarque de 95 ans.  En dépit des efforts déployés par Buckingham Palace pour rassurer les sujets de la souveraine qui règne sur le Royaume-Uni depuis 1952. La Revue Dynastie a fait le point de cette situation avec Alexander Seale, correspondant londonien du service anglophone de RFI.

Le général Sir Nicholas Carter au château de Windsor reçu par la reine Elisabeth II. Screenshot@Dynastie/Theroyalfamily

« Sa Majesté a reçu le général Sir Nicholas Carter au château de Windsor aujourd’hui en raison de son départ comme Chef d’état-major de la Défense ». Le communiqué émis par Buckingham Palace est bref, agrémenté d’une photo où la reine Elizabeth II apparaît très sobrement mais amaigrie. Depuis plusieurs semaines, l’état de santé de la souveraine alimente toutes les conversations de la presse nationale ou internationale qui spécule sur la réalité de la situation. Journaliste, Piers Morgan assure que Buckingham Palace cache sciemment la vérité aux britanniques et que quelque chose de plus grave se trame. « Il y a quelque chose qu’on ne nous dit pas sur la santé de la reine, c’est clairement une situation plus grave que ne le dit le palais. » affirme  ce show man bien connu. Du côté du gouvernement, on fait bloc et c’est le « soldat » Boris Johnson qui a été chargé de faire le « job de com’ ». « Je tenais simplement à rassurer tout le monde : j’ai vu la Reine pour une audience au palais de Windsor et elle se portait bien. Je sais que je ne suis pas obligé de faire cette déclaration mais cela me paraissait quand même important » a déclaré lors d’un entretien au journal « Mirror » le Premier ministre. Mais pour beaucoup de spécialistes, c’est l’arbre qui cache la forêt. Faut-il  alors se préparer à l’inéluctable ?

« Le palais a toujours eu tendance de cacher les réalités de l’état de santé de nos monarques »

Joint au téléphone par la Revue Dynastie le correspondant londonien du service anglophone de Radio France International (RFI), a accepté de nous faire part de son analyse et de l’atmosphère qui règne au palais comme dans tout le royaume.  « Le palais a toujours eu tendance de cacher les réalités de l’état de santé de nos monarques et cela ne conduit pas à nous rassurer » reconnaît Alexander Seale. « De nombreuses interrogations subsistent. Ce qui semble étonnant, c’est que les déplacements de la reine en Irlande du Nord et pour la COP26, nous avons été avertis quelques jours auparavant. Là, à peine deux heures avant le début des commémorations, on apprend qu’elle ne participera pas aux cérémonies du Jour du souvenir en raison d’un mal de dos » poursuit le journaliste qui officie également pour la BBC et qui nous confie «  sa perplexité ». « Ce qui est aussi inquiétant c’est que nous n’avons pas vu la reine physiquement depuis un mois, quelques vidéos enregistrées et entre deux, une photo où on la voit conduire en Land Rover. Une photo que selon moi n’est pas récente du tout et qui a été postée là pour éviter trop de questions de la part des britanniques » affirmait Alexander Seale au moment où nous l’avons interrogé. Depuis, le palais a publié quelques photos et vidéos de la souveraine remplissant ses devoirs. Mais le peu qui ont été visibles n’ont pas suffi à faire taire les inquiétudes des britanniques.

La reine Elizabeth II recevant les accréditations des ambassadeurs virtuellement. Screenshot@Dynastie/Theroyalfamily

« Les regards attristés du prince Charles lors du Jour du souvenir, qui semblait écrasé par un poids, comme celui de la duchesse de Cambridge » laisse craindre quelque chose de plus grave poursuit-il. « C’est vrai que les médecins ont évoqué un agenda trop chargé pour son âge et qui l’aurait épuisé. Il y’a eu aussi l’affaire avec son petit-fils, Harry, qui a quitté la maison royale avec son épouse Meghan Markle pour s’installer à Los Angeles et dont la presse ne cesse de parler. Celle avec son fils Andrew l’a également affecté et naturellement le décès du prince Philipp Mountbatten » reconnaît Alexander Seale et qui pourrait expliquer la baisse de tension de la reine qui réside la quasi-totalité de son temps au château de Windsor. « Elle ne promène plus ses corgis, ne va même plus à la messe, c’est une époque qui s’éteint » avoue-t-il, un brin ému. De plus en plus de journaux évoque d’ailleurs la mise en place prochaine d’une régence au profit du prince de Galles, l’héritier de la couronne. « En effet, j’ai lu dans les tabloïds la possibilité qu’une régence soit installée. Mais ni la BBC, ni Skynews, qui sont des médias plus crédibles ne l’ont évoqué. Sans doute pour ne pas gêner Buckingham Palace. La question est de savoir si la reine le souhaite réellement. Elle garde un mauvais souvenir de l’abdication d’Edouard VIII [1936-ndlr], son oncle. Elle a juré d’être reine jusqu’au bout, quel que soit son état » nous explique Alexander Seale.

«  Son décès sera un grand choc pour les britanniques, toute la nation »

« Je ne pense pas qu’elle va renoncer à la couronne même si on constate qu’elle a délégué de plus en plus de fonctions aux membres de la famille royale. Par exemple, elle ne voyage plus du tout à l’étranger et laisse le prince Charles la représenter. Y compris pour des cérémonies qu’elle gérait personnellement. Je crois qu’il faut se préparer à des changements quoi qu’il en soit » renchérit-il.  Véritable icône internationale, la reine Elizabeth II est l’incarnation de l’identité britannique.  « Son décès sera un grand choc pour les britanniques, toute la nation. Elle transcende les générations. Elle est une source d’apaisement et d’unité. C’est un peu notre seconde mère. Les autres pays du Commonwealth vont-ils accepter cette succession ? » pose comme question Alexander Seale. « La reine est appréciée, Charles apparaît moins consensuel. Si l’Australie et le Canada souhaitent garder leurs liens avec le Royaume-Uni, c’est moins certains pour les écossais qui réclament leur indépendance. La question de cette unité va véritablement se poser au décès de la reine. Il est probable que, vu son âge, Charles ne règne que 15 ans tout au plus et après lui, ce sera le prince William. Le duc de Cambridge est vraiment apprécié par les britanniques » enchaîne-t-il. « La monarchie n’a cependant rien à craindre selon moi. N’en déplaise aux quelques milliers de républicains qui s’agitent actuellement, la reine Elizabeth II a parfaitement préparé son fils comme son petit-fils à ce rôle qui sera le leur un jour » ajoute t-il.  Honni soit qui mal y pense.

Frederic de Natal