La France commémore aujourd’hui le 78ème anniversaire du débarquement de Normandie. Un chapitre important de la Seconde Guerre mondiale, prélude à la chute du nazisme en Europe. Parmi tous ces héros qui ont participé à la libération de la France, le prince Michel de Bourbon-Parme, un des plus jeunes soldats intégrés à l’Opération Jedburgh.
C’est une opération-clef menée par les Forces Alliées en amont du débarquement de Normandie, le 6 juin 1944. Baptisée « Opération Jedburgh », en hommage aux actions de guérilla par les écossais contre les anglais au XIIème, siècle il s’agissait d’armer les maquis de résistants français et néerlandais afin qu’ils bloquent l’avancée des Forces de l’Axe. 279 soldats parachutés derrière les lignes ennemies portant l’uniforme de leur pays d’accueil. Parmi eux, Michel de Bourbon-Parme. Il a 18 ans et va inscrire une nouvelle fois le nom des Capétiens dans l’Histoire de France.
Un héros du débarquement de Normandie
Le petit-fils du dernier duc héréditaire de Parme est un fort caractère, indiscipliné. Il a d’ailleurs été renvoyé de son collège jésuite pour cette raison-là. Tout à ses rêves d’adolescent, il a un projet : celui de s’engager chez les Alliés afin de participer aux combats, « jeter Hitler hors de France » comme il le dira lors d’un entretien au Palm Beach Daily News. Ses parents tentent de le dissuader, l’ambassade de France où il s’est rendu, ne le prendra pas au sérieux. Ce sera différent du côté américain qui ne rechigne pas à prendre des volontaires de tous pays. En décembre 1943, sous la houlette de William Joseph Casey, futur directeur de la CIA qui l’a recruté, il se prépare, sans regrets. « Il m’a dit que je voyagerais beaucoup et que je serais probablement dans le feu de l’action très vite. J’ai demandé combien c’était payé, il m’a répondu que c’était le double de ce que je gagnais alors. J’ai dit : j’en suis » explique t-il. Connu sous le pseudonyme d’ « Aristide » ou de « Maurice Bourbon », il va rapidement faire ses preuves à Fort Benning puis à Camp David avant d’obtenir un grade de sous-lieutenant. Dans ses bagages, des gadgets digne de James Bond et une pilule de cyanure. « Nous devions mettre la pilule dans notre bouche, la tenir dans notre joue, et si cela devenait nécessaire, nous devions la mordre et respirer profondément » révèle-t-il à la BBC. Il part pour le massif central, et va harceler avec son unité de sabotage, la célèbre division Das Reich . « Je me souviens d’avoir fait sauter un pont juste au moment où les premiers chars traversaient et de les avoir tous vus tomber dans la rivière profonde » raconte-t-il. Un succès mais qui laisse une vingtaine de soldats morts au cours des combats. Lui-même manque d’être blessé à la jambe au cours des affrontements.
Un prince face à la Panzedivision Das Reich
« Cet officier français appartenant à un équipage parachuté devait rejoindre les groupes de résistance du Lot en 1944. Peu de jours après leur arrivée, ils armèrent un petit groupe de maquisards qui menèrent des opérations de guérilla contre la Panzedivision Das Reich montant vers le nord et la Corrèze. Ils détruisirent d’abord un petit pont, retardant la progression ennemie de plusieurs heures, puis ils se retranchèrent devant le pont de Bicteroux où ils tinrent en respect les forces allemandes très supérieures en nombre durant six jours. Pendant l’action, le lieutenant de Bourbon était toujours au point le plus périlleux, donnant un splendide exemple. Des vingt-sept hommes qui prirent part à cette expédition, vingt furent tués. Puis ils remplirent leur tâche principale : sabotage de la RN 20 et de la ligne de chemin de fer Montantau-Brive. Au 1er juillet, ils avaient rendu impossible tout trafic ferroviaire entre Cahors et Souillac. En juillet, le lieutenant de Bourbon organisa des embuscades de convois ennemis et, après l’avance des Alliés venant du sud, il coordonna l’action des groupes de résistance sur une plus vaste échelle et réussit de remarquables opérations de guérilla. Il prit une part active à ces attaques et se distingua particulièrement dans la défense de l’important centre F.F.I. d’Entraygues le 15 août, contre une violente attaque allemande. Il fit sauter des voies sous le nez des Allemands, arrêta l’avance de l’ennemi et sauva la vie à son collègue, le major Macpherson. Par sa tenue dans l’action, par son énergie et son mépris de la mort, il a gagné la confiance et le respect de tous ceux qui l’ont approché » dira l’officier en charge de lui remettre la British Military Cross, une décoration prestigieuse. Un héros.
Un destin qui ne s’arrête pas là. Peu de temps après la fin de la guerre, il est envoyé en Indochine française combattre le Viet-Minh. Parachuté en août 1945, il est immédiatement capturé par les communistes vietnamiens qui vont le garder en camp de concentration durant 11 mois avant qu’il ne soit libéré après la signature d’un accord entre ennemis. Démobilisé, il sera pilote de course, conseiller municipal et homme d’affaires. Marié deux fois, il est le père de 6 enfants dont le prince Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme. Décédé en 2018 à l’âge de 92 ans, ce chevalier de la Légion d’Honneur était également le frère de la reine Anne de Roumanie.
Frederic de Natal