C’est une famille d’architectes qui a été au service de la monarchie capétienne. Méconnue, on doit à la dynastie des Métezeau un certain nombre de bâtiments et églises, dont l’embellissement du Palais du Louvre, à Paris. La Revue Dynastie vous propose de découvrir le destin de ces maîtres-maçons originaires de Dreux, anoblis par Louis XIV pour leur fidélité à la monarchie et pour avoir contribué à la chute du surintendant Nicolas Fouquet.

C’est une histoire qui commence à Dreux, ville située dans le département de l’Eure-et-Loir, connue pour abriter la nécropole des princes de la Maison royale de France. On sait peu de choses sur la vie de Clément Métezeau, fondateur d’une dynastie d’architectes qui va connaître son apogée sous les règnes d’Henri IV et de Louis XIII. Sur les registres d’urbanisme de la ville, son nom apparaît pour avoir participé à la réalisation du Beffroi de Dreux comme troisième architecte ayant succédé à deux autres grands noms tels que Pierre Chéron et Jean des Moulins. Un beffroi qui reste un modèle d’architecture de style Louis XII et qui est encore aujourd’hui le symbole du début de l’art Renaissance sous les Valois. On lui doit aussi l’église Saint-Pierre de Dreux, inscrite aux monuments historiques protégés en 1840. L’art des Métezeau va traverser le temps. La date de son décès est cependant incertaine. Certaines sources la situent entre 1537 et 1556.

Le Beffroi de Dreux @Dynastie/wikicommons.Olivier2000

Une dynastie d’architectes

Clément Métezeau a initié ses enfants à l’art de la pierre. L’aîné, Jean, va suivre les enseignements du lyonnais Philibert de l’Orme (1514-1570), un des plus grands architectes de France et à qui la capitale des Gaules doit quelques travaux, rue de la Juiverie, connue pour ses bâtiments exclusivement Renaissance. Jean (décédé en 1600) va d’ailleurs participer avec son père à la construction de l’église Saint-Pierre et s’inspirer de son maître pour achever toute la partie gothique du portail du lieu saint. Son frère, Thibault (1533-1596), suit les pas de sa famille. S’il passe une partie de sa vie à Dreux, c’est à Paris qu’il va réellement sublimer son talent. Et pas des moindres puisqu’on doit à cet architecte, le plus ancien pont de cette ville, celui du Pont-neuf dès 1582. Au service  du duc d’Alençon, son travail lui vaut d’être nommé architecte du roi Henri III en 1578. L’Avant-portail de la Porte Saint-Antoine et la Grande Galerie du Palais du Louvre sont d’ailleurs à son crédit.

La famille Métezeau@wikicommons

Les Métezeau et Paris 

Son fils Louis (1560-1615) va porter le nom des Métezeau au Panthéon des architectes. À la tête des bâtiments du roi en 1594, il va magnifier le château de Saint-Germain en Laye. Il va devenir le maître préféré d’Henri IV qui aime venir converser avec lui et ses artisans sur le chantier de ce lieu qu’il affectionne. Il entre même en rivalité avec un autre architecte de cette époque, Jacques II Androuet du Cerceau (1550-1614). On doit encore à Louis les plans de l’actuel Collège Henri IV (ancien Collège de la Flèche), une partie de la Galerie du bord de L’eau du Louvre ou encore la conception du Palais du Luxembourg. Son œuvre majeure reste la conception de la Place royale (actuelle Place des Vosges) dédiée à Louis XIII et commandée par la régente Marie de Médicis. Il va largement contribué à la modernisation de Paris  bien que son nom reste très peu cité dans les annales de l’Histoire de France.

Les derniers Métézeau : Clément II et , Nicolas-Joseph Foucault @Dynastie/Wikicommons

Apogée d’une dynastie anoblie

Son frère Clément II (1581-1652),) va achever de donner ses lettres de noblesse à sa famille. C’est en Lorraine et en Champagne-Ardenne que débute son aventure. Il va concevoir en 1606 la place Ducale de Charleville-Mézières sous l’impulsion du duc de Nevers, Charles III de Gonzague, neveu du roi Henri IV. On dit qu’il s’est inspiré des travaux de son frère sur la Place royale pour reproduire celle de cette ville, en toutefois la « laissant libre, renforçant encore l’impression de minéralité et la polychromie des ocres de la pierre et des rouges de la brique ». Une spécialité de Clément II qui répond là aux canons de son époque. Ses réalisations sont admirées de tous et vont lui permettre d’obtenir le poste de contrôleur des bâtiments. Il rejoint finalement Paris en 1615, appelé par son frère qui a réussi à le convaincre à participer à la réalisation du Palais du Luxembourg. Paris regorge encore de bâtiments avec sa patte tels que le temple protestant de l’Oratoire du Louvre ou le jubé de l’église de Saint-Nicolas-des-champs. Autre œuvre de Clément II, la fameuse digue de Richelieu à la Rochelle construite sur 1500 mètres de longueur, entre 1627 et 1628, qui va servir au cardinal pour empêcher le ravitaillement de la ville charentaise. 4000 maçons et soldats seront mobilisés pour construire cette digue représentée dans un tableau d’Henri-Paul Motte, présent au Musée d’Orbigny Bernon. Enfin, on doit encore à Clément II, l’amélioration architecturale du palais des Ducs à Nancy. Il sera le dernier représentant de sa famille.

Clément II Métezeau a eu un fille Marie (1621 − 1670). Elle n’a pas laissé son empreinte dans l’Histoire à contrario de son fils, Nicolas-Joseph Foucault (1643-1721). Ce dernier, ami de Colbert à qui il doit sa carrière de juriste, Haut-fonctionnaire, va contribuer à rédiger les papiers qui vont accabler le surintendant Fouquet et mené à son arrestation. Pour sa fidélité à la monarchie, ce bibliophile sera titré marquis de Magny par le roi Louis XIV. Très prolifique (avec une majorité de filles qui seront mises au couvent), sa descendance masculine s’est éteinte en 1773.

Frederic de Natal