Le mari de la reine Elisabeth II, qui nous a quitté voici déjà un an, a consacré son existence au service de la Couronne. Lui qui avait été élevé pour devenir un chef et maîtriser sa propre destinée, a dû se contenter des seconds rôles, dans l’ombre de sa femme. Néanmoins, le prince Philippe Mountbatten, duc d’Edimbourg et prince de Grande-Bretagne aura su laisser son empreinte dans l’histoire du Royaume-Uni au XXe siècle.

Dès l’avènement d’Elisabeth II, en 1952, Philippe sera condamné à se tenir dans son sillage. Churchill, qui est redevenu Premier ministre en octobre 1951, incite la reine à transmettre à sa descendance le nom dynastique de Windsor, et non celui de Mountbatten. « Je ne suis rien. En fait, je ne suis qu’une fichue amibe, c’est tout ! » s’emporte Philippe devant cette décision qui la ravale au rang de géniteur royal. Qu’est-il donc ? Tous ses revenus proviennent de son épouse. Suivant le protocole, il lui est interdit de s’asseoir devant elle. Et si, en privé, il la surnomme « Lilibet » et la rudoie parfois, en public il ne parle que de « la Reine » avec un grand respect, et l’appelle « Votre Majesté« .

Philip Mountbatten et la reine Elizabeth II @Dynastie

Pendant près de 70 ans, la raison d’être principale de Philippe sera donc de servir Elisabeth II, discrètement, sans jamais l’offenser ou lui faire de l’ombre. Sur son passeport, il a fait figurer comme profession : « Prince de la Maison royale« . A Buckingham, il a repris l’ancien bureau de George VI, au premier étage de l’aile nord. « Nous vivons au-dessus de la boutique », a-t-il coutume de dire en plaisantant.

Philippe d’Edimbourg, une biographie par Philippe Delorme

Le duc d’Edimbourg, une influence réelle, quoique discrète, sur la monarchie

En réalité, Philippe n’a jamais essayé de contrôler son épouse dans la coulisse, à la manière d’un Albert de Saxe-Cobourg, le mari de Victoria. Il n’était nullement avide de pouvoir, ni cupide. En revanche, il est indéniable qu’il était l’une des rares personnes à qui la reine pouvait se confier et demander des conseils. A cet égard, il se comportera toujours comme un époux loyal et un ami sûr. Quand Philippe trouve son épouse trop passive, il l’encourage à agir d’un « Allez-y Lilibet !« .  En ce sens, le duc d’Edimbourg a exercé une influence réelle, quoique discrète, sur la monarchie. N’a-t-il pas déclaré un jour « ne pas vouloir terminer comme un brontosaure empaillé dans un musée ! » – prouvant ainsi qu’il ne connaissait guère la paléontologie ! C’est sous son impulsion qu’en 1969, les Windsor essaieront de donner une nouvelle image d’eux-mêmes, à travers le film Royal Family, où Elisabeth II et les siens laissaient entrevoir quelques pans de leur intimité.

En tant que représentant de la Couronne, Philippe s’attachait à offrir une image séduisante de la Grande-Bretagne, et volontiers iconoclaste. Toutefois, il gardera une certaine timidité et entendra préserver farouchement son intimité. L’un de ses proches collaborateurs témoigne : « Je n’ai jamais rencontré un homme qui l’ait réellement compris. Il garde tout derrière des volets d’acier, ses secrets sont très sévèrement cachés.« 

Philippe Delorme, Directeur de la rédaction de la Revue Dynastie

A lire : Philippe d’Edimbourg, une vie au service de Sa Majesté, éditions Tallandier Texto, 304 p., 10 euros.