La France a connu deux empires dont l’histoire continue de fasciner des générations entières. Parmi les grands hommes de l’épopée napoléonienne, le maréchal Joachim Murat, beau-frère de l’empereur Napoléon Ier, qui va occuper le trône de Naples entre 1808 et 1815. Cavalier et officier militaire de talent, son descendant était présent à l’inhumation du général Charles-Étienne Gudin organisées à l’Hôtel des Invalides. Il a accordé une interview au Figaro et revient sur un chapitre de notre histoire qu’il assume totalement.

Prince Joachim Murat @prince_joachim_murat_officiel/Screenshot/Dynastie

Comte d’Empire, proche de Napoléon, le général Charles-Étienne Gudin est décédé au combat en 1812, en pleine campagne de Russie alors que l’empereur des Français se dirigeait vers Moscou. Sa dépouille avait été enterrée par ses camarades, laissant le « petit Caporal » seul avec sa peine. Disparus des radars de l’Histoire de France, ses restes ont été retrouvés et identifiés par une équipe d’archéologues dirigée par Pierre Malinowski, ancien attaché parlementaire de Jean-Marie Le Pen. Après quelques tracas diplomatiques et autres bisbilles avec la Russie, le corps du général Gudin est revenu dans son pays natal, célébré comme il se doit par l’armée qui lui a rendu un vibrant hommage dans la cour de l’hôtel des Invalides ce 2 décembre 2021. Parmi les nombreux invités, se trouvait le prince Joachim Murat, descendant du maréchal du même nom et qui est devenu ces derniers mois un véritable phénomène médiatique. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce père de deux enfants, au verbe direct, assume tous les bons ou mauvais côtés de cette période si chère au cœur de ses compatriotes. Comme son ancêtre, il n’hésite pas à tirer sabre au clair et entend défendre son héritage malmené par le wokisme faussement bien-pensant de ce siècle. En peu de temps, il a suscité un enthousiasme parmi les afficionados du bonapartisme.

Prince Joachim Murat avec des membres de l’Appel au Peuple et un reconstituteur @prince_joachim_murat_officiel/Screenshot/Dynastie

Arrière-arrière-petit-neveu de Napoléon Ier, de l’Aiglon [Napoléon II-ndlr] et de Napoléon III, bouc grisonnant de la barbe, il s’inscrit dans la tradition du célèbre « sabreur flamboyant, cette tête brulée de l’empire » de sa famille qui a également donné à la France un des héros de la résistance au nazisme, tombé au champ d’honneur face à l’ennemi. Joachim Murat est le VRP de son ancêtre à qui Napoléon doit bien des victoires décisives et des disputes mémorables. Les deux s’admiraient autant qu’ils se jalousaient. Un duo complémentaire auquel vient s’ajouter le charme corse de Caroline Bonaparte qui fera le siège de son frère pour avoir un trône en Europe. Prince de Pontecorvo, Joachim Murat impose naturellement de l’avis de tous les internautes qui rêvent de le voir se présenter à une élection. Membre de l’Appel au peuple, un mouvement politique qui a fait la joie de la vie parlementaire sous la IIIème république et qui a renaît de ses cendres en mai 2021, il assume tout le leg du Premier empire. « La France aujourd’hui, c’est Napoléon » rappelle-t-il en égrenant tout ce qui régit encore l’Hexagone et que l’on doit l’empereur. Code civil, pénal, conseil des Prud’hommes, cour de justice, code du travail, la conduite à droite, les pompiers de Paris, la retraite des fonctionnaires… rien qui n’est pas sans rappeler les nombreuses réformes impériales qui ont été adoptées par la monarchie et la république. Voir mêmes au sein de nations étrangères.

Prince Joachim Murat à l’hôtel des Invalides pour l’inhumation du général Gudin @prince_joachim_murat_officiel/Screenshot/Dynastie

« C’était une époque où on savait réformer, gouverner, alors que Napoléon était cerné de toutes parts » explique Joachim Murat. Vague allusion à la situation actuelle qui prévaut en France. L’homme est politique, il ne s’en cache pas et décoche ses punch lines comme un Robin des bois. « On n’est même pas foutu de se mettre d’accord sur menu de cantine scolaire aujourd’hui » ironise-t-il. Vilipendé en raison du rétablissement de l’esclavage, le prince tient à ce que ce chapitre de du Premier empire soit recontextualisé, agacé par certaines personnes qui tentent de réécrire l’histoire selon leur vision communautariste. « De 1799 à 1802, Premier Consul, Bonaparte refuse catégoriquement de rétablir cette pratique, de se soumettre au lobby du sucre porté par Talleyrand [ministre des Affaires étrangères-ndlr]. Et il finit par s’y ranger, ce n’est pas par racisme mais uniquement pour des raisons géopolitiques car les Caraïbes sont une porte d’entrée vers les États-Unis et qui lui permet de mettre un frein à la domination anglaise » poursuit Joachim Murat.

Petite leçon d’histoire en direct d’un membre de la famille impériale qui renchérit en rappelant que Napoléon a aussi aboli l’esclavage à son retour au pouvoir en 1815 et qu’il a libéré des esclaves à Malte, en Égypte. Un sujet qu’il connait parfaitement bien pour avoir travaillé au sein d’une organisation qui luttait contre l’esclavage moderne, toujours présent actuellement en Afrique « comme en Mauritanie ou au Soudan », tient à préciser le prince Murat. De quoi remettre les choses à l’endroit face à une intelligentsia qui verse dans la « repentance permanente et la francophobie ». « En tant que Joachim Murat, j’assume la totalité de l’héritage napoléonien. La France est bonapartiste, c’est dans son ADN » déclare le descendant du roi de Naples.

Frederic de Natal