2000 personnes se sont rassemblées à l’abbaye de Westminster afin d’assister aux funérailles nationales organisées pour le décès de la reine Elizabeth II. Archevêque de Canterbury, primat de l’Église d’Angleterre, Monseigneur Justin Welby a rendu un vibrant hommage à la défunte souveraine.

Après dix jours de deuil, ramenée du château de Balmoral où elle est décédée le 8 septembre 2022, la reine Elizabeth II a eu droit à des funérailles nationales, réglées comme du papier millimétré. Elles ont attiré des centaines de millions de personnes, toutes rassemblées devant leurs postes de télévision. 2000 personnes ont rejoint le 19 septembre l’abbaye de Westminster afin de rendre un ultime hommage à la défunte souveraine. Parmi lesquels le roi Charles III, les membres de la famille royale Windsor, plus de deux cents chefs d’État, têtes couronnées, chefs de gouvernement du Commonwealth, employés et proches de la reine, aides-soignants. Archevêque de Canterbury, Monseigneur Justin Welby, 66 ans, est le primat de l’Église d’Angleterre. Il a été nommé par la reine en 2012. Membre de la chambre des Lords, c’est à lui qu’est revenu la charge de prononcer le sermon d’adieu à la reine.

Le discours de toute une vie

« Le modèle de nombreux dirigeants est d’être exalté durant leur vie et oublié après la mort. À l’inverse pour tous ceux qui servent Dieu – célèbres ou anonymes, respectés ou ignorés – la mort est la porte de la gloire » a déclaré l’archevêque de Canterbury dès sa prise de parole intervenue peu après celles du doyen de Westminster (David Hoyle), de la Secrétaire générale du Commonwealth (la baronne Patricia Scotland) et de la Première ministre (Lizz Truss). « Sa défunte Majesté a déclaré à l’occasion de son 21e anniversaire, que toute sa vie serait consacrée au service de la nation et du Commonwealth. Rarement, une telle promesse n’a été aussi bien tenue ! Peu de dirigeants font l’objet d’une telle effusion d’amour que celle à laquelle nous avons assisté » a poursuivi Justin Welby, faisant référence au discours prononcé par Elizabeth II au Cap (Afrique du Sud) en 1947 alors qu’elle n’était que princesse héritière.

Elizabeth II, une longue histoire d’amour avec Westminster

« Jésus – qui dans notre lecture ne dit pas à ses disciples comment suivre, mais qui suivre – a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». L’exemple de feu Sa Majesté n’a pas été défini par sa position ou son ambition, mais par celui qu’elle a suivi. Je sais que Sa Majesté a partagé la même foi et la même espérance en Jésus-Christ que sa mère, le même sens du service et du devoir. En 1953, la Reine a commencé son couronnement par une prière silencieuse, juste là, devant le Grand Autel. Elle a fait allégeance à Dieu avant que quiconque ne lui fasse allégeance. Le service qu’elle a rendu à tant de personnes dans cette nation, dans le Commonwealth et dans le monde, était fondé sur sa marche à la suite du Christ, de Dieu lui-même qui a dit : « qu’il « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs» (Mathieu 20: 28-ndlr). Dans tous les domaines de la vie, les personnes qui accomplissent leur service dans un esprit d’amour sont rares. Les leaders qui servent leurs peuples avec amour sont encore plus rares. Mais dans tous les cas, ceux qui servent, seront aimés et on se souviendra d’eux, alors que ceux qui s’accrochent au pouvoir et à ses privilèges seront oubliés depuis longtemps » a rappelé le primat de l’Église d’Angleterre. C’est en effet dans l’abbaye de Westminster que la reine Elizabeth II a été couronnée souveraine.

« Nous nous reverrons ! »

« Le chagrin qui est ressenti aujourd’hui non seulement par la famille de la reine défunte, mais aussi par toute la nation, le Commonwealth et le monde – provient de ce que sa vie généreuse et son esprit de service plein d’amour nous ont quittés. Elle était joyeuse, présente pour tant de gens, touchant une multitude de vies. Nous prions en particulier pour toute sa famille, en deuil comme toute famille lors d’un enterrement – y compris tant de familles dans le monde qui ont elles-mêmes perdu quelqu’un récemment – mais dans le cas de cette famille, sous les feux des projecteurs. Que Dieu guérisse leur chagrin, que le vide laissé dans leur vie soit marqué de souvenirs de joie et de vie. La déclaration télévisée de feu Sa Majesté, prononcé durant  le confinement, se terminait par : « Nous nous retrouverons », paroles d’espoir d’une chanson de Vera Lynn. L’espérance chrétienne est une attente avec certitude de quelque chose qui ne s’est pas encore manifesté » a poursuivi Justin Welby sur un ton apaisant, reprenant un passage de la reine lors de son discours de Noël prononcé en 2020, en pleine pandémie de covid-19.

Face à lui, le roi Charles III et la reine consort Camilla, visages fermés. « Le Christ est ressuscité des morts et offre sa vie à tous, une vie d’abondance maintenant et une vie avec Dieu dans l’éternité. Comme le dit le chant de Noël « là où les âmes douces le recevront, notre cher Christ sera toujours présent ». Nous serons tous confrontés au jugement miséricordieux de Dieu. Nous pouvons tous partager l’espérance de la reine qui, dans la vie comme dans la mort, a inspiré son esprit de service. Le service dans la vie, l’espoir dans la mort. Tous ceux qui suivent l’exemple de la reine, et qui sont inspirés par la foi et la confiance en Dieu peuvent dire avec elle : Nous nous reverrons ! » a achevé de déclarer l’archevêque de Canterbury. Dans le silence, entre deux cantiques, le monde entier a dit adieu à la reine Elizabeth II, 70 ans de règne au service de tous.

Frederic de Natal