Ambassadeur de Hongrie en France, l’archiduc Georg de Habsbourg-Lorraine a accordé une interview au quotidien Mandiner. Au menu de cet entretien, l’avenir de l’Europe et la vision de « souveraineté européenne » souhaitée par le Président Emmanuel Macron dont le pays préside actuellement l’Union européenne actuelle. Pour le petit-fils de l’empereur Charles, rien ne se fera sans Visegrad dont l’institution a prouvé à diverses reprises  une meilleure capacité de gestion que Bruxelles.

« La France assume cette présidence avec beaucoup d’ambition et de nombreux projets. La question est de savoir dans quelle mesure les évolutions réelles de la politique étrangère, par exemple en Ukraine ou au Kazakhstan, lui permettront de les mettre en action ». Il est ambassadeur de Hongrie en France depuis mars 2021 et ne ménage pas sa peine pour renforcer l’image de son pays sur la scène internationale, multipliant les entretiens dans les magazines internationaux. L’archiduc Georg de Habsbourg-Lorraine porte un regard interrogatif sur la volonté du président Emmanuel Macron de renforcer « la souveraineté européenne » comme il le déclare lors d’une interview accordée au magazine Mandiner. « Il y a eu des frictions récentes, notamment vis-à-vis des Etats-Unis. La France veut que l’Union Européenne soit plus indépendante dans ses stratégies. Mais pour cela, l’UE doit investir davantage dans l’industrie militaire, dans la technologie, mais aussi dans l’agriculture, des domaines qui ont toujours été importants pour les Français » note le petit-fils du dernier empereur austro-hongrois.

Il évoque cette « Conférence pour l’avenir de l’Europe », soutenue par la Hongrie qui permettra à son pays de « présenter leurs idées et celles de l’Europe centrale » face à cette idée de « souveraineté européenne » souhaitée par Emmanuel Macron. Un président français qui s’est déplacé à Budapest en décembre 2021 afin de rencontrer le Premier ministre Viktor Orban et de signer des « compromis utiles ». Une visite « jugée positive » par l’archiduc Georg de Habsbourg-Lorraine qui estime qu’Emmanuel Macron a mis beaucoup d’eau dans son vin.  « Il y a beaucoup de domaines où la France et la Hongrie travaillent très bien ensemble » rappelle le prince qui reste toutefois sur ses gardes. L’ultra-activisme européen d’Emmanuel Macron s’oppose à la volonté de fédéralisation de l’Union européenne voulue par Berlin.

Iront ils dans le même sens ? « Une question importante est de savoir comment mettre cela en conformité avec les traités européens. De nombreux pays ne veulent pas modifier ces traités, d’autres le font. Il est trop tôt pour dire qui fera valoir ses idées à la table des négociations » répond très prudemment l’ambassadeur. « Jusqu’à présent, la coopération franco-allemande était à la base de la politique européenne. Le nouveau gouvernement allemand a clairement indiqué qu’il souhaitait poursuivre cette coopération, et la France le souhaite également. Tout dépendra aussi, bien sûr, des résultats de l’élection présidentielle française de cette année et tout semble possible » ajoute-t-il toutefois. Pour le prince impérial, l’UE montre des signes de force économique mais se révèle très faible dans sa politique étrangère et n’arrive pas à s’imposer.

Georg de Habsbourg-Lorraine met en avant l’efficacité du groupe de Visagrad. « Il n’y a pas de bureaucratie au sein de Visegrád. Il n’y a que quatre pays qui ont décidé de travailler ensemble. L’un d’eux préside régulièrement la présidence – actuellement la Hongrie-, une structure qui est également très flexible et souvent très influente au sein de l’Union européenne. Sur le plan économique, sa croissance est supérieure à la moyenne européenne. Autant de facteurs positifs que Paris a reconnu lors de sa visite. C’est pourquoi il était important pour Macron de s’entendre avec le V4 » pointe l’ambassadeur hongrois qui replace le nom de sa famille au centre de la diplomatie européenne. Ce que n’a pas manqué de faire remarquer la presse française dernièrement.

Frederic de Natal