C’est un accident qui a marqué des générations. Dans la nuit du 31 août 1997, Lady Diana, « princesse des cœurs », décède tragiquement d’un accident de voiture sous le pont de l’Alma (Paris). Épouse du prince Charles de Galles, fils de la reine Elizabeth II, elle était aussi la fille du comte Spencer, un descendant du roi Charles II. La Revue Dynastie revient sur l’histoire de cette branche de la dynastie Spencer dont le sang se mélange avec celui de nos rois de France.
Célébré le 29 juillet 1981, le mariage du prince Charles et de Lady Diana avait drainé derrière lui des millions de téléspectateurs. Le début d’un roman, entre miel et fiel, qui devait alimenter les chroniques des tabloïds jusqu’à cette tragique soirée du 31 août 1997. Lady Diana avait été présentée aux Britanniques un an auparavant, inconnue du grand public. Un vrai conte de fées vendu au monde entier qui se passionne pour celui-ci sans savoir qu’il cache déjà une autre réalité : celle d’un mariage arrangé, préparé dans les moindres détails par la famille royale (à commencer par la rencontre de la bru de la reine Elizabeth II avec son fils aîné lors d’une partie de polo) et dans le but de mettre fin à cette relation entretenue par l’héritier de la couronne avec Camilla Parker-Bowles. La naissance de leurs deux enfants, William (1982) et Harry (1984), n’arrivera pas à réconcilier un couple mal assorti, deux personnes que tout sépare, excepté le sang bleu qui coule dans leurs veines. Car loin d’être une simple petite bergère, Lady Diana était la fille du huitième comte Edward John Spencer et de Frances Burke-Roche, dont le père baron de naissance était l’ami personnel du roi George VI. Dans sa généalogie, des rois tels que Charles II d’Angleterre ( dont elle descend par Charles Lennox, premier duc de Richmond, cousine de facto avec Sarah Ferguson, duchesse d’York) ou Henri IV, les meilleurs noms de l’aristocratie Britannique comme les ducs de Marlborough (dont le plus éminent membre sera Winston Churchill) ou même le Premier ministre Charles Grey.
Une maison anoblie par Henri VIII
Les racines de la Maison Spencer remontent au XVIe siècle lorsque John Spencer, après avoir amassé une fortune, achète le domaine d’Althorp avec sa maison entourée de douves et plusieurs centaines d’hectares de terre agricole. C’est le roi Henri VIII qui va le faire chevalier en 1519, trois ans avant sa mort. De toutes les époques, les Spencer vont demeurer fidèles à la monarchie, proches des Stuart lorsque ceux-ci seront menacés à diverses reprises sur leur trône d’Angleterre. Il existe plusieurs branches au sein de cette famille. Lady Diana appartient à celle d’Althorp que sa famille occupe toujours. C’est en 1762, que John Spencer est nommé vicomte de son domaine et comte Spencer à la suite d’une carrière politique remplie. Une tradition qui sera suivie par son fils et successeur, George (1758-1834), qui sera ministre de l’Intérieur entre 1806 et 1807. Passionné de littérature, il fonde même un club de bibliophilie et tente de sauver des livres théologiques rares de la fureur française, utilisant les services d’un espion italien. Troisième comte Spencer, John (1782-1845), élu député libéral, très efficace, réputé intègre, sera nommé à la tête de la Chambre des Communes et Chancelier de l’Échiquier de 1830 à 1834. Faute d’héritiers, c’est son neveu Frederick Spencer (1798-1857) qui reprend le titre. Il a fait toute sa carrière dans la Marine où il a combattu les troupes de l’Empereur Napoléon. Il se fait remarquer lors de l’expédition de Morée (1828-1833), en Grèce, récompensé par la France et la Russie. Député Whig entre 1837 et 1841, Lord Chambellan, il sera le père deux des comtes Spencer qui suivront.
Le déclin politique d’une maison toujours prestigieuse
John Poyntz Spencer (1835-1910) est le symbole de cette aristocratie que rien ne peut perturber. C’est un libéral, un proche du Premier ministre William Ewart, qui intègre même le Conseil privé de la reine Victoria en 1859. Nommé Lord Lieutenant de l’Irlande (équivalent de gouverneur), par deux fois (1868-1874 et 1882-1885), c’est lui qui va mettre fin à la puissance de l’Église irlandaise (le soutien dont elle bénéficiait auprès de l’État et à l’autorité parlementaire sur sa gouvernance fut aboli) et pousser le gouvernement à mettre en place une loi sur les propriétaires. Il tente déjà d’enrayer la montée du nationalisme irlandais, regroupé au sein de sociétés secrètes et va essayer d’imposer, en vain, l’idée d’une résidence royale dans le pays. Son bilan reste controversé, mais sa carrière politique est assurée comme député libéral. Son nom fut même cité pour occuper la charge de Premier ministre. Son état de santé déclinant le contraindra à se retirer dans ses domaines. Son frère, Charles Robert Spencer (1857-1922), page de la reine Victoria, aura un destin moins glorieux. Membre du conseil privé de la reine, les Spencer vont désormais se contenter de jouir de quelques titres et privilèges que leur rang et fortune leur octroient. Son petit-fils, Edward John Spencer (1924-1992) fut le père de Lady Diana, dernier fait de gloire de cette famille marquée par un scandale qui fut retentissant en 1969. Son épouse fut accusée d’adultère avec l’héritier d’une fortune de l’industrie du papier peint, Peter Shand Kydd. Le divorce fait les beaux jours de la presse britannique D’autant que le couple réclame chacun la garde de Diana et son frère Charles, les deux derniers d’une fratrie de cinq enfants.
Lady Diana, princesse des coeurs
En dépit de cette affaire, Lady Diana fut choisie par la reine pour épouser son fils. Elle n’a que 20 ans, modeste assistante de crèche, peu préparée à ce rôle dont elle comprend vite qu’elle n’est qu’une potiche entre les mains de la couronne. Peu avant son mariage, elle tente même de le faire annuler. Elle n’entend pas être la troisième roue d’un couple déjà formé par Charles et Camilla. Les Windsor cachent aux Britanniques les problèmes récurrents que vivent Charles et Diana. Les dépressions s’enchaînent pour la princesse de Galles, les tentatives de suicide aussi. Les années 1990 sonne l’heure de la revanche pour Lady Diana. La presse s’en donne à cœur joie et les révélations s’ajoutent aux révélations, aux manipulations respectives des Galles qui s’épanchent publiquement. La monarchie est en crise, le divorce en 1992 sera retentissant, prenant le Royaume-Uni et le monde entier comme témoins. Pourtant, Lady Diana reste dans les cœurs des personnes qui l’adulent. Ses actions caritatives, ses amitiés, son élégance vont faire d’elle une icône influente toujours regrettée aujourd’hui. Ses funérailles seront à la hauteur de l’émotion qu’elle suscite, loin des théories de complots qui surgissent peu de temps après.
Père de 7 enfants issus de trois mariages, c’est désormais Charles (58 ans) qui détient le titre de comte Spencer. Il a ouvert un musée en hommage à sa sœur, rose fanée par le poids de la couronne.
Frederic de Natal