Le prince Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance est un membre non-dynaste de la maison impériale du Brésil. Actuel Député de São Paulo, sous les couleurs de la majorité présidentielle, c’est aussi un royaliste convaincu. Dans une interview aux accents très patriotiques, ne mâchant pas ses mots, il a appelé à la restauration de la monarchie au Brésil et a demandé à ses compatriotes de mieux reconsidérer leur histoire avec le Portugal, pays d’origine de sa famille.

Le 7 septembre prochain, le Brésil fêtera le bicentenaire de son indépendance. Le gouvernement du président Jair Bolsonaro a prévu plusieurs jours de festivités. De nombreux invités sont attendus parmi lesquels, les membres de la maison impériale des Orléans-Bragance à qui ce pays d’Amérique du Sud doit sa liberté en 1822. Cette ancienne colonie portugaise a connu deux empereurs, chacun ayant marqué de son empreinte, l’histoire d’une nation dont la fortune s’est construite sur l’esclavage, le café et le caoutchouc. Depuis l’arrivée de la droite conservatrice au pouvoir, la famille impériale connaît un regain d’activisme important. En 2018, l’élection au parlement du prince Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance, descendant du roi Louis-Philippe Ier d’Orléans, a suscité tous les espoirs pour les partisans de la monarchie. Ce polyglotte est un partisan convaincu du retour de l’institution royale.

Un prince-député monarchiste 

Interviewé par le Diario de Noticias, un quotidien portugais, le 24 juillet dernier, le prince Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance, 53 ans, estime que le Brésil et le Portugal doivent désormais restaurer la monarchie,  « puisque la République a échoué » des deux côtés de l’Atlantique selon lui. « Je pense qu’il est important que les deux pays aient le choix, que cela se produise par hasard ou non. Ne pas avoir le choix, c’est triste » a expliqué le député fédéral de São Paulo. Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance fait même appel à l’Histoire afin de démontrer que la monarchie reste l’option la plus viable pour les peuples. « Les Républiques ont de nombreux défauts, elles ne durent jamais éternellement » affirme-t-il. Loin pourtant d’idéaliser le concept monarchique, il souligne « qu’au cours de leurs existences, toutes les monarchies ont fait  preuve d’une certaine stabilité. Elles incarnent une continuité, une conduite moins traumatisante pour les affaires publiques ».  « En revanche, les Républiques sont « toujours exposées aux coups d’État et contre-coups d’État, aux utopies et aux tyrannies » ajoute le prince connu pour sa farouche opposition aux régimes de gauche en Amérique latine et son accointance avec l’ancien président américain Donal Trump.

Le prince rappelle l’importance de l’Histoire dans la construction du Brésil 

Suivi par 620 000 personnes sur les réseaux sociaux, le descendant de Dom Pedro I  (1798-1834) réfléchit à la pertinence et l’importance d’avoir un monarque à la tête du pays. Selon lui, si on « efface » les références historiques qui lient le Brésil à sa famille fondatrice, « la population perd ses repères et se bâtardise », se « place dans une position inférieure vis-à-vis du reste du monde ».  « Au lieu de valoriser l’origine portugaise et tout ce que le Portugal représente » dit Luiz Philippe d’Orléans et Bragance, les Brésiliens « détruisent le Portugal, la langue portugaise, la culture portugaise ». Selon lui, on enseigne une historiographie négative du Portugal, son histoire comme sa présence alors « qu’elles ont permis au Brésil de ne pas se désintégrer au moment de son indépendance en 1822 ». Le député ne doute pas que l’unité territoriale brésilienne, le quatrième plus grand territoire du monde, contrairement à ce qui s’est passé avec les colonies espagnoles d’Amérique du Sud, n’a été possible qu’en raison de l’arrivée de la cour portugaise à Rio de Janeiro lors de l’invasion du Portugal par Napoléon Ier (1807). Afin de rétablir la vérité, il a écrit un livre sur l’histoire de sa famille « Império de verdades » (L’Empire des vérités).

 

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Une Constitution qui laisse le choix des institutions aux Brésiliens

Mandaté par le président Jair Bolsonaro pour élaborer un projet de réforme constitutionnelle, le prince-député a mis en ligne, il y a un an, sa version définitive sur un site baptisé « Constitution : Le Libérateur », surnom du premier empereur brésilien. Parmi les nombreuses propositions, la possibilité de restaurer la monarchie. « S’il existe une option pour le régime monarchique, conformément à l’art. 48, concernant les règles établissant le choix du Chef de l’Etat, et que celui sera en adéquation au modèle recherché, elle se devra d’être conforme à loi » peut-on lire dans l’alinéa 8 du volet de réforme institutionnelle. De facto, s’il était adopté par le parlement, un tel projet permettrait la convocation d’un second référendum sur la question monarchique. En 1993, les Brésiliens avaient été appelés à voter pour le maintien des institutions actuelles ou le retour de la monarchie. Les partisans de la République avait remporté le scrutin, laissant un maigre 13% aux monarchistes. En 2017, une pétition a été remise au Sénat afin qu’un  nouveau référendum soit mis en place mais elle a été rejetée par les élus.

133 ans après en avoir été chassés, les Orléans-Bragance, dont une partie demeure proche du gouvernement actuel, gardent toujours l’espoir de remonter sur leur trône.

Frederic de Natal