Plongé dans sa folie chimérique à la santé chancelante, le Führer Adolf Hitler croit encore la victoire possible en ce mois d’avril 1945. Réfugié dans son bunker avec son dernier carré de fidèles, le théoricien du nazisme élabore des plans de reconquête de l’Europe. Berlin est bombardée, dévastée, l’ombre d’elle-même, prise en étau par les Alliés et les troupes soviétiques. En compagnie d’Eva Braun, sa maîtresse, qu’il a épousé quelques heures auparavant, le couple décide de se suicider le 30 avril 1945. Le corps calciné d’Hitler sera retrouvé et identifié.  Pourtant, certains croient toujours que le dirigeant allemand a survécu et qu’il se serait enfui. Retour sur une énigme qui perdure encore de nos jours en dépit des évidences. 

Conséquence directe des secrets soviétiques, la mort d’Adolf Hitler est restée durant de nombreuses années nappée d’un mystère d’où ont prospéré de nombreuses théories sur le sujet.  77 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, des personnes affirment toujours que l’ancien chancelier du Reich aurait survécu quelque part en Amérique du Sud, en toute tranquillité, au sein d’une communauté allemande.

Buste d’Hitler renversé en 1945

La mort d’Hitler, Vae Victis –  Si l’adage latin énonce “ Vae Victis “ (Malheur aux vaincus), Hitler, tout à sa paranoïa, n’envisageait pas un seul instant être emmené vivant par les soviétiques. A l’image d’un Vercingétorix enchaîné à Rome aux pieds de César, Hitler préfère la mort que de l’être à ceux de Staline. L’armée rouge victorieuse, l’Allemagne nazie à genoux, Hitler reclus dans son bunker se suicide d’une balle dans la tête le 30 avril 1945. Son corps est inhumé par ses partisans et enterré dans le jardin de la chancellerie avec Eva Braun et sa chienne Blondie. Leurs corps calcinés sont retrouvés par les unités du SMERSH, l’unité soviétique de contre-espionnage. Grâce à l’assistante du dentiste[2] d’Hitler, les unités de l’armée rouge confirment la mort d’Hitler à Staline.

L’origine du doute – Dans le monde du Droit, une locution latine précise “ Affirmanti incumbit probatio “ qui signifie que “ La preuve incombe à celui qui affirme. Ainsi, Le cadavre du dirigeant fasciste italien, le Duce Benito Mussolini, publiquement pendu à une station essence de Milan ne laissera aucun doute sur sa mort. Véritable nerf de la guerre de cette histoire, Staline joua de cet adage et permit l’émergence d’une question : Hitler est-il toujours en vie ?  Pour les partisans de la thèse de sa survivance, les sources soviétiques ne sont nullement fiables tant on sait que la Pravda [5] fut un organe puissant de propagande au service du régime stalinien. Ce dernier avait tout intérêt à affirmer que le Führer avait été retrouvé ou de jouer avec cette information afin de cristalliser la ligne de fer naissante entre l’Est et l’Ouest. L’existence de la “ Rat Line “ ( réseaux d’exfiltration nazis) permet de supposer que le chancelier du IIIème Reich aurait pu se retrouver dans un pays d’Amérique du Sud [3] comme bon nombre de dignitaire nazis, opération menée par Otto Skorzeny[4] qui a lui-même pu résider en Espagne après 1945.

Le doute, arme de propagande, au service d’une énigme passionnante –  Particulièrement efficace, la  Pravda [5] du 2 mai 1945 nie d’abord le décès d’Hitler et que cette annonce n’est qu’une manœuvre pro-fasciste[6]. Staline précisa même à William Inverell Harriman, chef de la délégation américaine, qu’Hitler s’était échappé pour le Japon, l’Argentine ou l’Espagne[7]. Le Maréchal Joukov, vainqueur de Stalingrad, affirma, quant à lui, que les services concernés  “ n’avaient pas identifié le corps du Führer “. “ Je ne peux rien dire de définitif sur son sort. Il peut s’être envolé de Berlin au dernier moment “ [8] avait-il ajouté, jetant le trouble parmi les Alliés qui avaient très peu d’éléments sur sa mort. Également, durant lors de la signature des accords de Potsdam, Staline se joue du Premier ministre Britannique Winston Churchill  en affirmant qu’Hitler n’est pas mort, qu’il se serait échappé en Amérique latine. L’objectif était simple : mêler l’Ouest avec la protection d’Hitler (ce qui n’est pas faux en soi puisque les États-Unis ont recruté par la suite des anciens nazis) . Un objectif atteint car des rapports de la CIA (datant de 1955) évoquent un ancien SS “ Philipp Citroën “ qui affirme avoir aperçu Hitler en Colombie, pays qu’il aurait quitté pour l’Argentine. Si ce rapport n’a jamais été réellement pris au sérieux, il démontre une volonté de la part des occidentaux, le “ monde libre “, de mettre un terme à ce cold case[9] historique qui a fait naître des espoirs chez les nostalgiques de cette période et suscité des craintes chez leurs opposants qui ne peuvent concevoir une telle  » vision d’horreur« . L’énigme fascine à un tel point que les journaux s’en emparent ou le cinéma[10], livrant de véritables enquêtes fouillées aux passionnés d’histoire[11].

Hitler vraiment mort ? La réponse de la science –Philippe Charlier, expert français[12], invité en Russie a pu authentifier le crâne et les dents de la dépouille au siège du FSB (service secrets russes). Première réelle identification des restes d’Adolf Hitler[13] qui a permis de confirmer par son analyse de la mâchoire, du crâne, grâce aux archives russes et allemande qu’Hitler était bien mort le 30 avril 1945 dans son bunker[14]. Le cold case de la survivance d’Hitler est bien clos et son mystère finalement résolu quoiqu’en pensent les surivantistes du genre.

Adrien Hurtado

[1]Jean-Bruno Renard Les rumeurs négatrices – Dans Diogène 2006/1 (n° 213), pages 54 à 73

[2] Käthe Heusermann, l’assistante du dentiste d’Hitler, Hugo Blaschke a pu reconnaître les différentes opérations effectuées sur Adolf Hitler

[3]  Eichmann capturé en Argentine et condamné à Jérusalem en 1962 – Aussi lire Fabien ThéofilakisAdolf Eichmann (1906-1962) : Europe, Argentine, Jérusalem  Dans Revue d’Histoire de la Shoah 2015/2 (N° 203), pages 291 à 299

[4]Otto Skorzeny, un commando SS directement aux ordres d’Hitler notamment connu pour son opération sauvetage de Benito Mussolini

[5]La Pravda signifie vérité en russe

[6]Jean Sénat Fleury – Adolf Hitler : Hirohito : Les grands procès manqués de l’histoire

[7] Jean Sénat Fleury – Adolf Hitler : Hirohito : Les grands procès manqués de l’histoire

[8]Ibid

[9]Une affaire non résolue

[10]“ Il est de retour “ film de David Wnendt

[11]Simoni Renee Guerreiro Dias, doctorante Brésilienne, auteur du livre  “ Hitler au Brésil – Sa Vie et Sa Mort” 2014. Elle affirme notamment qu’Hitler est mort au Brésil en 1984 à 95 ans

[12]Philippe Charlier a pu notamment authentifier les restes du roi Henri IV et de Saint Louis

[13]Philippe Chalier, Joel Poupon, Raphael Weil – La dépouille d’Adolf Hitler : une analyse biomédicale et une identification définitive – Mai 2018 – Journal européen de médecine interne  “ The biomedical analysis of Adolf Hitler’s alleged remains in Moscow, Russia, is a scientific and historical fantasy since the death of the dictator in Berlin on April 30, 1945 (Appendix 1). In this context, for the first time since 1946, the Russian Secret Services (FSB and GARF) gave us full access to the remains in order to make an independent scientific analysis. “ p1

[14]Philippe Chalier, Joel Poupon, Raphael Weil – La dépouille d’Adolf Hitler : une analyse biomédicale et une identification définitive – Mai 2018 – Journal européen de médecine interne The results of the anthropological analysis show that the remains found in 1945 and 1946 (skull fragment and dental pieces) may come from the same individual. The morphology of the skull is compatible with that of an adult individual, without any possibility of a more precise diagnosis (including sex and age at death); a peri-mortem exit bullet hole exist at the level of the left parietal bone, compatible with a direct cause of death. Regarding the jaws elements (bone, teeth and prosthesis), confrontation with the official autopsy data from the Russian archives, and the official radiographs of Adolf Hitler from the US archives, together with additional historical data from both sides, provides sufficient pieces of evidence in the definitive identification of the remains of the former Nazi leader Adolf Hitler. Further DNA analyses may be useful in order to conclude on the homogeneity between the skull and jaw remains. “ p2