Héritier de la couronne du Brésil, Dom Pedro Tiago d’Orléans-Bragance a accordé une interview à la Revue Dynastie. A l’occasion des festivités du bicentenaire de l’indépendance, il évoque la figure de Dom Pedro Ier et l’apport de la monarchie au Brésil. 

Revue Dynastie :   Dom Pedro de Bragance est considéré comme le père de l’indépendance brésilienne. Comment définir l’Empereur ?

Dom Pedro Tiago d’Orléans-Bragance :    L’Empereur Dom Pedro I était une personne extraordinaire, une personnalité complexe, extravertie et passionnée. Bien qu’il soit né au Portugal, il se considérait avant tout comme Brésilien, ayant vécu la majeure partie de sa jeunesse sous les tropiques. C’est grâce à lui que nous avons obtenu l’indépendance du Royaume-Uni d’alors, association commune du Brésil et du Portugal. Cela n’aurait pas pu se faire sans l’aide de toutes les classes de la société qui y étaient favorables à ce mouvement d’émancipation. Dom Pedro a été soutenu dans sa décision par son épouse, Dona Léopoldina d’Autriche et par le ministre José Bonifácio de Andrada que l’on appelle aussi « le patriarche du Brésil ».

Revue Dynastie :  Quel est le processus, les raisons qui ont conduit Dom Pedro à proclamer l’indépendance du Brésil ?

Dom Pedro Tiago d’Orléans-Bragance :   La principale raison pour laquelle le prince Dom Pedro a proclamé l’indépendance, est la tentative ratée des Cortès portugaises de ramener le Brésil à son ancien statut de colonie du Portugal. Il est bon de rappeler que l’une des délibérations importantes du Congrès de Vienne, auquel a participé le royaume du Portugal, en 1815, portait sur le statut du Brésil. Les Brésiliens n’étaient pas disposés à ce revers politique et économique. Très naturellement, le prince Dom Pedro a pris le parti des Brésiliens et a refusé de donner suite à l’ordre reçu de quitter le pays et de revenir au Portugal. C’est la raison pour laquelle,  sur les rives du Riacho Ipiranga, le 7 septembre 1822,  il a déclaré l’indépendance, consolidé militairement seulement le 2 juillet 1823 suivant, dans l’ancienne province de Bahia.

Cri d’ipiranga@wikicommons

 « L’Empereur Dom Pedro I était une personne extraordinaire, une personnalité complexe, extravertie et passionnée. »

Revue Dynastie :  Que peut-on retenir du règne de Dom Pedro Ier ?

Dom Pedro Tiago d’Orléans-Bragance :   La leçon qui est à retenir de ce moment, c’est qu’un seul homme, en l’occurrence mon arrière-arrière…grand-père, peut faire toute la différence dans l’histoire d’un peuple et de toute une nation. C’est l’empereur Dom Pedro qui a garanti l’unité territoriale du Brésil, l’empêchant d’être fragmentée en plusieurs républiques, comme cela s’est produit avec l’Empire espagnol en Amérique du Sud. Nous lui devons beaucoup.

Revue Dynastie :  Prince du Portugal, Empereur du Brésil, c’est une figure très appréciée des deux côtés de l’Atlantique. Mais à quelle nation appartient vraiment Dom Pedro Ier ?

Dom Pedro Tiago d’Orléans-Bragance :  Selon moi, il est indubitable que Dom Pedro appartient au Brésil tant il était plus Brésilien que Portugais. Mais au-delà de ceci, je dirais que le cœur de mon ancêtre appartient à tous ceux qui sont en faveur de la liberté et de l’autodétermination des peuples.

Revue Dynastie :  Le cœur de Dom Pedro est revenu au Brésil pour les festivités du bicentenaire de l’indépendance. Quel a été votre sentiment en le voyant reçu comme un chef d’État ?

Dom Pedro Tiago d’Orléans-Bragance : Le retour au Brésil de la relique du cœur de mon ancêtre est un hommage rendu par la République au premier chef d’État et fondateur de l’Empire du Brésil. Malgré elle. J’ai toujours pensé que l’Histoire ne devrait pas être manipulée mais plutôt valorisée quel que soit le régime politique.

Dom Pedro Ier du Brésil @wikicommons

« L’Histoire ne doit pas être manipulée mais plutôt valorisée. »

Revue Dynastie :  Pourquoi est-ce important pour vous que le Brésil fête le bicentenaire de son indépendance ?

Dom Pedro Tiago d’Orléans-Bragance :  Le Bicentenaire de l’Indépendance du Brésil est un moment de commémoration, mais aussi un moment pour nous de réfléchir sur ce que nous avons achevé toutes ces années, nos succès comme nos erreurs, de ce que nous souhaitons pour l’avenir de notre pays. Il ne fait aucun doute que la période la plus prospère de la nation a été pendant l’Empire, qui, j’espère sera un jour restauré pour le bien des Brésiliens avec l’aide de Dieu.

Revue Dynastie :  Plusieurs princes de la Maison impériale du Brésil sont invités aux festivités du Bicentenaire. Serez-vous également aux côtés du président Bolsonaro ? Comment allez-vous célébrer cette commémoration ?

Dom Pedro Tiago d’Orléans-Bragance : Non.  Je commémorerais cet événement dans la ville impériale de Petrópolis, ainsi qu’à Rio de Janeiro, l’ancienne capitale de l’Empire, aux côtés des brésiliens.

Dom Pedro Tiago d’Orléans-Bragance

« Je me sens prêt à assumer la couronne et le trône du Brésil.« 

Revue Dynastie : Le Brésil traverse une crise politique, sociale, économique depuis des années. Ces festivités sont-elles l’occasion pour les brésiliens de se souvenir ce que la monarchie leur a apporté ?

Dom Pedro Tiago d’Orléans-Bragance : Certainement. En ce qui me concerne, j’estime que la monarchie est supérieure au régime républicain, principalement en raison de la stabilité et du rôle impartial et d’arbitre exercés par le souverain. Je rappelle d’ailleurs que les nations qui ont un  indice de développement humain (IDH) restent les monarchies. Les faits parlent d’eux-mêmes.

Revue Dynastie : Vous êtes l’héritier au trône du Brésil pour la branche Petrópolis. Si les Brésiliens réclamaient le retour de la monarchie, seriez-vous prêt à monter sur le trône et suivre les pas de Dom Pedro Ier ?

Dom Pedro Tiago d’Orléans-Bragance : La couronne et le trône brésilien appartiennent avant tout à la nation et ne sont pas une exclusivité des princes d’Orléans-Bragance. N’oublions pas l’empereur Dom Pedro I était un libéral et un constitutionnaliste et non un despote. Contrairement à mon père [Dom Pedro Carlos-ndlr], traçant mes pas dans ceux de mon grand-père, le prince Dom Pedro Gastão, je suis et me sens prêt à assumer la couronne et le trône du Brésil, si Dieu et le peuple le veulent.

Frederic de Natal