« The Crown » est une série télévisée qui a fait ses débuts en 2016 sur Netflix et qui compte actuellement quatre saisons à son actif. Elle raconte l’histoire de la famille royale britannique depuis l’accession au trône de la reine Elizabeth II jusqu’à nos jours. Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, un héritier à la couronne d’Italie, a proposé que la vie de la dernière « Reine de mai » soit portée à l’écran. Un projet qui pourrait voir le jour sous peu.

Dans la vague de la série à succès « The Crown », qui raconte l’histoire de la famille royale des Windsor, de la montée sur le trône d’Elizabeth II à nos jours, le prince Emmanuel-Philibert de Savoie ne cache plus sa volonté de réaliser une série biographique du même acabit sur la vie de la reine Marie-José de Belgique. Dernière souveraine d’Italie, son parcours est tout aussi flamboyant que celui de la reine d’Angleterre. Un projet qui pourrait voir le jour d’ici quelques mois grâce à Yi Zhou, réalisatrice et productrice chinois, une amie intime du prince de Venise. Leur volonté commune, faire connaître l’histoire italienne aux nouvelles générations, en particulier l’histoire de la famille de Savoie, cette dynastie qui a gouverné la botte européenne de 1862 à 1946.

 

Marie-José de Belgique, enfant avec sa famille@wikicommons/Dynastie

Fille de monarque

Marie-José de Belgique est la fille du roi Albert Ier et de la reine Elizabeth en Bavière. Elle est née en 1906. Dès sa naissance, ses parents ont déjà un objectif avoué : celui de la marier avec le prince Umberto d’Italie, de deux ans son aîné. Dans sa famille, la petite princesse fait office de rebelle. Passionnée de musique, elle se dit volontiers socialiste dans un monde où le fascisme est une idéologie à la mode en Europe. L’Italie est d’ailleurs le premier pays à succomber aux sirènes du Duce Mussolini et de ses chemises noires. Marie-José a été envoyée au Collegio de la Santissima Annunziata, durant une partie de la Première Guerre mondiale, où elle a appris l’italien. Espiègle adolescente, c’est à 13 ans que son regard se porte sur le prince du Piémont lors d’une soirée organisée au château de Lispida. Une amourette qui déplaît fortement à sa grand-tante, la reine Marie-Sophie en Bavière, dernière souveraine des Deux-Siciles. Jusqu’à son dernier souffle, la sœur de « Sissi » s’opposera à cette union qu’elle vit comme une double humiliation, ressassant les jours glorieux d’une monarchie emportée par le Risorgimento qui place les Savoie sur le trône d’une Italie unie.

Marie-José, princesse du Piémont avce le roi Umberto II@wikicommons/Dynastie

Une princesse au caractère affirmé

On va d’ailleurs attendre le décès de la reine Marie-Sophie en 1925 pour préparer ce mariage qui est célébré cinq ans plus tard. Le mariage est à la hauteur des deux noms prestigieux que portent Umberto et Marie-José. La presse de l’époque n’est pas avare d’anecdotes sur cet évènement, même les plus croustillantes sur le caractère des futurs mariés. Le jour du mariage, faisant fi des superstitions, Umberto découvre que les manches de la robe de Marie-José avaient été cousues dans le mauvais sens. Il exige qu’elles soient changées mais par manque de temps, elles seront retirées et remplacées par de longs gants blancs. La présence de Mussolini indispose la princesse du Piémont. Ce dernier gesticule trop, s’arroge le droit d’italianiser le nom de la future reine sur le registre de mariage. En s’apercevant de cela, Marie-José s’empresse de le changer d’un trait de plume et remettre son nom en français, premier acte de résistance à un dictateur qu’elle déteste ouvertement. Une animosité que la propagande fasciste minimise, allant même à suggérer que le duce et la princesse vivent une romance cachée.

Marie José , reine d’Italie@Wikicommons/Dynastie

Une opposante à Mussolini

La Seconde Guerre mondiale est au centre des préoccupations du couple royal et de leurs 4 enfants. La princesse irrite Adolf Hitler qui a pris le dessus sur son alter-égo italien, désormais vassal des nazis. Elle complote contre Mussolini, tente de négocier une paix séparée avec les États-Unis derrière le dos de sa belle-famille, rencontre le futur pape Paul VI, et des intellectuels anti-fascistes. Elle prend même contact avec des opposants au régime, dont la Résistance italienne, à qui elle a fourni de l’argent et des armes. Dans une interview en 1993, Marie-José de Belgique avait reconnu la force de Mussolini : « C’était un lion. Moi aussi, je suis un lion. Et nous nous craignions tous les deux ». Lorsque les Alliés envahissent l’Italie en 1943, Marie-José de Belgique doit être exfiltrée vers la Suisse avec ses enfants. Les nombreuses tensions font craindre pour la vie de la famille royale et le futur de la monarchie.

La dernière Reine de mai

D’avenir, il en est justement question à son retour en 1945 sous l’œil des Partisans, ces résistants communistes qui menacent l’institution royale. Le roi Victor-Emmanuel III décide d’abdiquer le 9 mai 1946, laissant Umberto et Marie-José sur un trône bancal. A peine un mois de règne, un référendum truqué contraint le nouveau couple royal à prendre le chemin de l’exil. Les affres de l’Histoire ont terni leurs relations personnelles, ils apparaîtront ensemble, mais vivront chacun de leurs côtés désormais. Autorisée à revenir exceptionnellement à revenir en Italie en 1987, elle fera de fréquents et courts séjours dans ce pays qu’elle avait appris à aimer. Elle s’éteindra en 2001, inhumée à l’abbaye d’Hautecombe en Savoie. L’annonce de son décès va provoquer une vague d’émotion. La « Reine de mai » était une opposante au fascisme, les italiens s’en étaient souvenus même si elle était restée astreinte à ses devoirs.

La reine Marie-José et son petit-fils Emmanuel-Philibert de Savoie

Une série prévue pour 2023

« A travers elle, nous aurons également l’occasion de parler des deux autres souverains d’Italie que grand-mère a rencontrés : Margherita et Elena. On évoquera son enfance à la cour de Belgique, ses études à Florence, la rencontre avec le prince Umberto, son futur époux. Et puis les horreurs de la guerre, son antifascisme et son aide aux brigades partisanes. Exil, voyages autour du monde et grandes rencontres, de Mao à Castro, de Jean Cocteau à Salvador Dalì » a expliqué le prince Emmanuel-Philibert de Savoie.  « L’histoire de la reine Marie-José est absolument épique » a renchéri Yi Zhou et « on trouve dans sa vie des rebondissements dramatiques, dont beaucoup ont des significations et des ramifications historiques importantes » affirmait-elle, il y a peu, à Badtaste.

Le casting reste encore à définir pour une sortie prévue en 2023 . La série doit s’inscrire dans la même veine que celles réalisées, sur le même modèle de The Crown, traitant des vies du roi Carl XVI Gustav de Suède et du roi Juan Carlos d’Espagne.

Frederic de Natal