Dotée d’une dizaine de députés fraîchement élus, la coalition Dveri–POKS a annoncé qu’elle allait déposer un projet de loi permettant à la maison royale des Karageorgévitch d’obtenir un statut spécial à l’instar de ce qui se fait dans certains pays d’Europe ou d’Afrique. Un statut très convoité par les maisons royales en exil.
A la veille de la nouvelle rentrée parlementaire, l’opposition serbe affute déjà ses premiers projets de loi. Parmi ceux qui pourraient faire l’objet d’intenses débats, celui de coalition Dveri–POKS qui entend déposer une demande de statut officiel en faveur de la maison royale des Karageorgévitch. « Un statut spécial permettrait à la famille royale d’avoir un rang protocolaire lors de diverses rencontres d’État, d’assister aux réunions de l’Assemblée nationale lors d’occasions spéciales, de participer à diverses cérémonies officielles et de les organiser » a expliqué Zika Gojkovic au quotidien Danas.
Un projet de loi favorable aux Karageorgévitch
Le député monarchiste a également précisé que ce projet de loi s’accompagnerait d’un autre qui permettrait au prince Alexandre de Serbie, l’actuel prétendant au trône, de récupérer toutes les propriétés de sa famille saisies par les communistes en 1947, deux ans après la chute de la monarchie. Revenue en 2001 en Serbie, les membres de la maison royale des Karageorgévitch avaient pu récupérer leur citoyenneté et la seule jouissance du Palais Blanc. Le prince Alexandre de Serbie tente actuellement de faire valoir ses droits sur l’ensemble du complexe de Dedinje, toujours l’objet de négociations entre lui et le gouvernement serbe. En septembre 2021, les Karageorgévitch ont également réclamé au Monténégro la restitution de certaines de leurs anciennes propriétés comme une villa (devenue un complexe hôtelier 5 étoiles), ancienne résidence royale d’été située à Budva, le château de Leskovac à Rijeka Crnojevica (47 586 mètres carrés de terrain) et la maison de Cetinje dans laquelle le roi Alexandre Ier est né, transformé depuis en musée ethnographique. « J’appelle toutes les personnes qui croient en la justice, ainsi que les responsables appropriés, à aller de l’avant, à prendre leurs responsabilités et à essayer de corriger cette injustice historique qui dure depuis plus de sept décennies » avait déclaré le fils du roi Pierre II à la presse.
Un statut très convoité par les maisons royales
Rentrée d’exil dans les années 1990, la Maison royale de Roumanie est une des rares à avoir obtenu un statut spécial âprement négocié. Reçue régulièrement au parlement où elle intervient directement, la princesse Margareta et l’ensemble de sa famille jouissent de droits protocolaires quasi similaires à ceux du Président de la République. Présidente de la Croix rouge, dotée d’un salaire par le gouvernement, résidant à l’année au Palais Elizabeth, la fille aînée du roi Michel Ier est l’invitée de diverses cérémonies et peut représenter son pays à certaines occasions. Depuis 2011, le prince Nicolas Petrovitch-Njegosh bénéficie également d’un statut au Monténégro dont il est le prétendant au trône. L’État monténégrin lui alloue une pension comparable à celle de la Présidente de la république, un logement, une somme annuelle pour les activités culturelles de sa fondation et un droit de représentation de son pays pour des cérémonies non politiques comme cela a été le cas lors des funérailles de l’archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine. En Afrique, diverses maisons anciennement régnantes bénéficient également d’un statut particulier, avec parfois des regalia, comme au Nigeria, en Côte d’Ivoire, en Ouganda ou en Afrique du Sud.
D’autres maisons royales ont tenté d’obtenir un statut similaire comme au Portugal où une pétition en ce sens a été débattue en 2017 avant d’être finalement rejetée comme l’a confirmé récemment le prince Dom Duarte de Bragance au magazine Dynastie. Dernière demande en date, celle du prince Jean d’Orléans, comte de Paris, qui a émis le souhait de voir attribuer à la maison royale de France un statut officiel. Comme il l’a expliqué conjointement au magazine Point de Vue lors d’un entretien daté de février 2019 et au journal de la Nouvelle République en mai de la même année, celui lui permettrait d’avoir un rôle de conseiller auprès des instances de la République afin de réconcilier cette institution avec la monarchie.
Frederic de Natal