Député fédéral depuis 2017 sous les couleurs du président Jair Bolsonaro, le prince Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance a remis le nom de la famille impériale au centre du débat politique brésilien. A la veille de la commémoration du Bicentenaire de l’indépendance du Brésil, il a officiellement demandé au gouvernement et au parlement que les rues des villes du pays soient pavoisées de l’ancien drapeau de la monarchie défunte.
Il porte un nom en héritage, celui d’une famille qui a fait l’histoire du Portugal, de la France, du Brésil et dont les racines généalogiques se mélangent avec celle de l’arbre Capétien. Surprise des élections législatives de 2017, Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance a été élu sous les couleurs du Président Jair Bolsonaro. Très présent sur les réseaux sociaux, ce prince non-dynaste de la maison impériale, qui dirigé le Brésil de 1822 à 1889, ne cache pas ses points de vue très conservateurs et fait figure de successeur potentiel au dirigeant actuel de cet Etat de l’Amérique du Sud. A la tête d’une commission chargée de réviser la constitution (« Projet Constitution libératrice »), Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance est aussi un monarchiste convaincu comme il l’expliquait en en 2019, espérant que le dirigeant brésilien serait « le dernier président de la République ».
La question monarchique agite toujours le débat politique brésilien
A la veille des célébration officielles du Bicentenaire de l’indépendance, prévues le 7 septembre prochain, les membres de la maison impériale sont sur le terrain afin promouvoir l’image de la dynastie qui a permis à cette ancienne colonie portugaise de prendre son indépendance. Avec deux empereurs (Dom Pedro I et Dom Pedro II), l’Histoire a principalement retenu que le dernier souverain a aboli l’esclavage, prétexte à la chute de l’institution royale. Depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, le débat concernant question d’un éventuel retour à la monarchie bat son plein dans le pays. Elle a d’ailleurs été déjà soumise au vote des Brésiliens en 1993 et avait recueilli 13% des suffrages exprimés. En 2017, une pétition proposant un nouveau référendum sur le sujet avait été de nouveau soumise au Sénat mais la Chambre haute avait rejeté toute étude au parlement où siège également un bloc de députés ouvertement monarchistes. Le gouvernement comptant également divers ministres proches de l’idée monarchiste.
Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance a déposé une proposition au parlement afin que le drapeau de la monarchie soit hissé aux côtés de celui de la République fédérale. Il a également demandé que l’hymne de l’indépendance soit joué en conjonction avec l’hymne national. « Cette initiative contribuera grandement à démontrer la pertinence des célébrations du Bicentenaire, car la présence du drapeau impérial et celle de l’hymne de l’Indépendance représentent les sceaux de l’État qui se sont perpétués dans le temps » a déclaré celui qui est également le directeur financier de DWAC, la société financière qui gère le réseau social de l’ancien Président américain Donald Trump.
Le drapeau impérial, pérennité de l’État
L’ancien drapeau impérial portait les armoiries de la maison d’Orléans et de Bragance, la croix de l’Ordre du Christ, la sphère armillaire, la couronne impériale, le tout ornés de branches de feuilles de tabac et de caféier. Lors du coup d’état de novembre 1889, le Maréchal Deodoro da Fonseca avait décidé de conserver les couleurs nationales du drapeau, or (des Habsbourg) et verte (des Bragance), et d’y ajouter un globe bleu avec en son centre la bannière « Ordem e Progresso » (Ordres et Progrès). Une devise positiviste créée par le philosophe Auguste Comte. Ce dernier estimant que l’avenir ne résidait plus dans les « grandes plantations, mais dans l’industrie et l’exploitation des ressources naturelles ».
Restauré officiellement dans l’État de Rondonia qui l’impose désormais dans tous les établissements scolaires (loi dite n° 758/2017), le drapeau de l’empire est l’incarnation du « patriotisme et la force de l’idéal monarchiste » pour les Orléans-Bragance. Un retour qui dessine une revanche de l’histoire pour le prince député et un symbole l’on voit régulièrement arboré dans les manifestations de soutien au président Bolsonaro.
Frederic de Natal