C’est une journée de commémoration que ne manquerait aucun royaliste. Rassemblés à l’église de Saint-Germain l’Auxerrois, à Paris, les partisans du retour à la monarchie se sont rassemblés autour des princes de France afin de commémorer le 229ème anniversaire de la mort de Louis XVI, emporté avec sa famille par les affres de la Révolution.
« Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France ». Louis XVI, roi de France et de Navarre a laissé derrière lui un testament qui ne peut laisser indifférent les royalistes et qui raisonne encore de tout son poids alors que la France connaît une crise identitaire importante. Tôt dans la matinée, auprès du prince Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme, les membres de l’Alliance royale, un parti qui compte quelques élus, se sont rendus près de l’église de Saint-Germain l’Auxerrois afin de rendre hommage au souverain, guillotiné le 21 janvier 1793, victime de la vindicte révolutionnaire. Un rassemblement prévu place de la Concorde, le lieu même où on a décollé la tête du roi de France et de Navarre, mais qui a dû être déplacé après que la préfecture de Paris a interdit toute manifestation. Chants en latin, lecture de ses derniers mots, prière, non loin de là, les camelots du roi, membres de l’Action française vendaient le « Bien commun » ou » Insurgés », les organes du mouvement maurrassien.
Premier chapitre d’une journée dessinée de fleurs de Lys, l’insigne de la royauté qui s’affichait sur tous les plastrons des personnes présentes. L’église de Saint-Germain l’Auxerrois s’est très rapidement remplie (400 à 500 personnes) et il était difficile de trouver une place pour les retardataires. Premier arrivé, le prince Eudes d’Orléans, duc d’Angoulême et frère cadet du prétendant au trône de France. Une dizaine de minutes plus tard, le prince Jean d’Orléans, comte de Paris, accompagné de son épouse Philomena de Tornos y Steinhart ont gravi les marches du lieu saint, saluant et échangeant des mots avec le prince Charles -Emmanuel de Bourbon-Parme et sa fille, la princesse Elisabeth. Loin des querelles intestines qui divisent les monarchistes, entre partisans des Orléans et des Bourbons, les royalistes ont pu assister à une véritable communion dynastique. Parmi les personnes présentes, des partisans du prince Louis-Alphonse de Bourbon (Légitimistes), venus saluer également le comte de Paris. Titré duc d’Anjou et résidant en Espagne, l’aîné de la Maison de Bourbon n’a pu se déplacer en France, touché par le covid-19.
Les portes de l’église se sont ouvertes, l’assemblée s’est mise debout afin d’accueillir les descendants d’Henri IV, accueillis sur le parvis par le Père Luc de Bellescize. Un prélat qui a surpris l’assistance par une homélie très « royaliste » de l’avis des participants à cette messe commémorative. « Méfiez-vous d’un gouvernement qui a perdu la crainte de Dieu, il risque de tomber dans la démesure du pouvoir bien d’avantage » a déclaré le Père Luc de Bellescize, allusion certaine à la situation dans laquelle est actuellement plongée la France, orpheline d’un roi, qui savait qu’il avait « un roi plus grand que lui, ayant reçu l’onction par le Saint-Chrême, respectant le serment de Clovis afin qu’il gouverne avec force ». « Ce qui constitue le peuple de France n’est pas le pouvoir d’achat ni la sécurité des assurances folie de cette époque où nous sommes plus inquiets des variants que de rendre notre âme à Dieu (…) » a poursuivi le Père Luc de Bellescize. Précisant de toute sa voix que « l’on ne célèbre pas les cendres froides d’une nostalgie passéiste (mais) pour faire mémoire d’un homme et le porter dans l’espérance », il a rappelé que l’on ne peut « retirer à un roi sa couronne, le traîner comme un criminel, lui retirer son manteau de guérison, lever sa tête comme un trophée sanglant au-dessus de la foule, aujourd’hui comme hier, versatile et si manipulée, tour à tour silencieuse et hurlante (…) ». Une diatribe qui n’a échappé à personne face aux princes de France, impassibles, plongés dans le recueillement, parfois approuvant les paroles du prêtre d’un discret hochement de tête.
« La véritable royauté nous est intérieure, le devoir de la royauté de droit divin est de maîtriser et ordonner à la terre afin d’y faire régner la paix et la tranquillité » a renchéri le Père Luc de Bellescize, lâchant durant son homélie la célèbre phrase qui accompagne les décès des souverains de France et de Navarre : « Le roi est mort, vive le roi ! ». A la fin de la cérémonie, les princes de France se sont prêtés aux habituels jeu de photos, serrage de mains, adressant un mot à chaque personne se pressant autour d’eux avant de quitter leurs partisans, ravis de cette journée qu’aucun journaliste n’aura daigné couvrir. République oblige.
Frederic de Natal