Profondément divisés par une querelle dynastique qui perdure depuis plus d’un siècle, c’est en ordre dispersé que les différents membres de la maison impériale des Orléans-Bragance ont célébré le bicentenaire de l’indépendance, avec un invité de marque : le duc Dom Duarte de Bragance, prétendant à la couronne du Portugal.

Depuis le mariage du prince Dom Pedro d’Alcantara avec Elisabeth Dobrzensky von Dobrzenicz en 1908, sa renonciation au trône du Brésil pour mariage inégal, des tensions persistent entre les deux branches de la maison impériale du Brésil, les Petrópolis (aînés) et les Vassouras (cadets). Toutes deux revendiquent actuellement le trône impérial du Brésil. C’est en ordre dispersé, en fonction de leurs affinités idéologiques, qu’elles ont participé aux commémorations du bicentenaire de l’indépendance du Brésil organisées par le gouvernement.

Dom Joao d Orléans et Bragance au Musée d’Ipiranga @Dynastie

Des festivités trop politiques pour les Petrópolis 

C’est Dom Joao d’Orléans-Bragance, représentant les Petrópolis, venu avec ses petits-enfants, qui a ouvert le bal des festivités du bicentenaire de l’indépendance. Invité à la cérémonie de réouverture du Musée d’Ipiranga de Sao Paulo, après dix ans de fermeture et d’intenses travaux, le descendant de l’empereur Dom Pedro Ier, premier souverain du Brésil, a publiquement critiqué la tournure électoraliste que prennent les commémorations et profité de cet instant pour dénoncer les inégalités qui persistent au Brésil. « Du temps de l’Empire, il y avait des hommes d’État qui avaient le souci du bien commun. Dom Pedro 1er, par exemple, a été élevé dans l’absolutisme, mais est devenu libéral » a déclaré le prince impérial, pointant du doigt les manœuvres du président Jair Bolsonaro qui « a utilisé le cœur [de l’Empereur-ndlr] à ses propres fins et non pas comme un acte civique » selon lui.

Dans son discours d’inauguration, gouverneur de Sao Paulo, a rappelé que la réouverture du musée d’Ipiranga, qui porte le nom du lieu où Dom Pedro a proclamé l’indépendance du Brésil en 1822, était un symbole de réconciliation. « La réouverture du Musée d’Ipiranga est un vaccin contre l’obscurantisme, la haine et le séparatisme qui gangrènent notre pays. Le Brésil réclame la paix, l’harmonie, l’éducation. Il demande que le pays s’unisse dans le respect d’une cause unique » a déclaré João Doria dans des propos rapportés par le périodique Aventuras na História. « Nous sommes en démocratie depuis plus de 30 ans, mais il y a beaucoup à améliorer. Les inégalités sociales sont très élevées et il y a toujours du racisme, c’est dommage » a surenchéri le prince Dom Joao d’Orléans-Bragance au quotidien Folha de Sao Paulo.

L’occasion de demander le retour de la monarchie pour les Vassouras

De son côté, le prince Dom Bertrand d’Orléans-Bragance, représentant les Vassouras, était l’invité d’honneur du président Jair Bolsonaro, à Brasilia, capitale du Brésil. Il a assisté depuis la tribune officielle au défilé militaire organisé pour ces festivités. Quelques heures auparavant, il avait publié, sur sa chaîne officielle You Tube, un message à l’attention des brésiliens et ses partisans rappelant son statut de chef de la maison impériale, « une charge qu’il a accepté de prendre afin de poursuivre à la mission historique de sa famille ».  Citant en exemple la « figure catholique » de son frère aîné, Luiz d’Orléans-Bragance, décédé le 15 juillet 2022, évoquant les « circonstances dramatiques que traversent le Brésil, sociales, politiques, économiques et religieuses », Dom Bertrand d’Orléans-Bragance a dénoncé les « tentatives de domination étrangère » qui pèsent sur la nation. Il a appelé au retour des traditions catholiques du pays, renvoyant ses compatriotes aux actions menées par Dom Pedro Ier au moment de l’indépendance. Selon le prince impérial, seul le retour de la monarchie permettra d’assurer « la stabilité et la prospérité » du Brésil tel qu’il l’a connu durant des décennies de monarchie.

Parmi les invités, se trouvaient également le prince Dom Duarte de Bragance, chef de la maison royale de Bragance. Ironie de l’histoire, il descend de Dom Miguel Ier, le frère de Dom Pedro Ier qui a ravi le trône à sa nièce et épouse Maria Ière entre 1828 et 1834. Dom Pedro Ier était alors intervenu pour restaurer sa fille dans ses droits avant de décéder. La branche miguéliste avait été bannie du Portugal par la suite avant de récupérer ses droits à la couronne au décès du dernier roi du Portugal, Dom Manuel II, en 1932. Peu avant le départ du cœur de Dom Pedro, prêté au Brésil, Dom Duarte de Bragance a fait célébrer un requiem dans l’église de Nossa Senhora da Conceição Velha de Lisbonne. 

Frederic de Natal