Peu connu de l’histoire des Habsbourg-Lorraine, l’archiduc Joseph-Auguste reste pourtant un personnage central de l’entre-deux-guerres. Militaire de carrière, nommé régent en 1919, il sera poussé à la démission en faveur de Miklós Horthy de Nagybánya. Son arrière-petit-fils, comte palatin, l’archiduc Joseph Charles, lui a rendu hommage le 20 août dernier.
C’est une année riche en commémorations pour les Habsbourg-Lorraine. Après avoir rendu un hommage au dernier souverain austro-hongrois à Madère, le Bienheureux Charles Ier, décédé il y a cent ans, la branche hongroise de la maison impériale s’est rendue à la crypte du Palais royal de Buda où repose l’archiduc Joseph-Auguste de Habsbourg-Lorraine (1872-1962), régent de Hongrie. Le 19 août dernier, une messe a été célébrée en présence de l’archiduc Joseph-Charles, actuel chef de la lignée palatine depuis 2017 et la duchesse Elika d’Oldenbourg, épouse de l’ambassadeur Georg de Habsbourg-Lorraine.
C’est une charge héréditaire et indissociable de l’histoire hongroise. Comte Palatin, l’archiduc Joseph-Auguste fait une longue carrière militaire où il se distingue lors de la Première Guerre mondiale. Notamment sur le front italien. Au décès de l’Empereur François-Joseph Ier en 1916, la question du palatinat est abordée entre le Premier ministre István Tisza de Borosjenő et Szeged et le nouveau souverain-roi Charles Ier (IV). Les relations entre l’austère Tisza et l’archiduc sont déplorables. Leurs origines sont à la fois religieuses et politiques. Le premier est aussi protestant que le second est catholique. Comme Palatin, l’archiduc a toute sa place pour les cérémonies du couronnement. Tisza va habilement manœuvrer pour l’en écarter. Avec la fin de la Première Guerre mondiale, l’archiduc va devenir incontournable. Nommé maréchal afin de contenter les hongrois, Joseph-Auguste a du mal à se faire entendre des régiments qui se révoltent tous. Il doit gérer une situation à laquelle il est mal préparé et se voit obligé de nommer le comte Mihály Károlyi à former un gouvernement en octobre 1918. C’est la fin de la monarchie. Retiré dans ses terres, il rejoue un rôle politique après la chute de la République des Conseils en août 1919. Nommé Régent entre le 7 et 23 août, il est à nouveau victime d’un complot. Une partie de la classe hongroise craint le retour des Habsbourg au pouvoir tout comme les Alliés qui vont privilégier l’amiral Miklós Horthy de Nagybánya, vainqueur des communistes.
« Un exemple à suivre pour la génération d’aujourd’hui »
Élu au parlement, il ne se fait guère d’illusions bien que de nombreux documents d’époque évoquent sa volonté de monter sur un trône hongrois dissocié de l’Autriche. Il est de notoriété que l’archiduc était en conflit ouvert avec l’impératrice Zita de Bourbon-Parme. S’il reste éloigné des affaires publiques durant la Seconde Guerre mondiale, son attitude à la fin de la guerre reste controversée. Il est encore aujourd’hui difficile de dire, s’il a tenté de reprendre la main avec le mouvement fasciste des Croix Fléchées en 1944. Un épisode dont il évite d’ailleurs de parler dans ses mémoires. Avec l’invasion soviétique, il part en exil avec sa famille, d’abord aux États-Unis, ensuite en Allemagne.
Dans son discours, le Dr Imre Vejkey, député et président de la commission judiciaire du Parlement, a rappelé que l’archiduc Joseph avait « non seulement prouvé sa valeur en tant que soldat, mais avait également joué plus tard un rôle décisif dans la vie publique hongroise et sur le terrain de la culture, restant un exemple à suivre pour la génération d’aujourd’hui ». Son arrière-petit-fils, Joseph-Charles, a déposé une gerbe devant son tombeau.
Frederic de Natal