C’est une date importante de l’histoire de Roumanie. Jusqu’en 1947, le 10 mai était une fête importante, le symbole de l’indépendance et de l’unité de la Roumanie, indissociable de l’institution monarchique. La princesse Margareta, fille du dernier monarque, a pris le Train royal pour aller à la rencontre de ses compatriotes très attachés aux traditions. Pour ses partisans, l’occasion de renouveler leurs vœux aux politiques afin qu’ils votent pour un retour à la monarchie.

Chaque 10 mai, la Roumanie commémore une date symbolique qui a une triple signification : le début du règne du roi Carol Ier à la tête des Principautés de Valachie et de Moldavie, l’accession à l’indépendance de la Roumanie et son couronnement comme premier roi du pays, fin du XIXème siècle. Interdite sous le régime communiste, elle a été l’objet d’un vaste débat parlementaire dans la première décennie du nouveau millénaire, suivi d’un vote qui  lui a permis de redevenir officiellement le Jour de l’indépendance nationale. Les Roumains restent majoritairement attachés à cette date qui reste ancrée dans leur subconscient comme synonyme de stabilité. « La proclamation de l’indépendance nationale, sous le sceptre d’un monarque patriote et visionnaire, Carol I, représente un moment de joie et d’épanouissement qui a façonné l’évolution de la Roumanie jusqu’à nos jours », a rappelé Daniel Gheorghe, député du Parti National-Libéral (PNL) qui compte un certain nombre d’élus favorables au retour de la monarchie.

Enthousiasme des roumains à l’arrivée de la princesse Margareta @Dynastie/Fotografii de Daniel Angelescu ©Casa Majestății Sale

Un enthousiasme qui ne se dément pas 

De couleur bleu, le Train royal est une curiosité qui attire les foules. C’est depuis le quai de la gare royale de Băneasa que la princesse Margareta, son époux et la princesse Sofia, ont embarqué pour un voyage de quelques heures à la rencontre des Roumains. Direction les villes de Ploiești (dont le maire-adjoint Dan Nicodim est un partisan de la monarchie), de Buzau et de Galati, destination finale du Train royal où il a été mis momentanément à la disposition du public. Quel que soient les arrêts, l’enthousiasme a été de mise. Des milliers de personnes se sont déplacés pour accueillir les membres de la Maison royale de Roumanie qui jouit de pouvoirs protocolaires élargis faisant de ce pays des Balkans, une particularité en Europe. Pour Cătălin Șerban, cela rien d’étonnant comme il l’écrit dans le quotidien Romania Libera. « La famille royale est au service de la Roumanie depuis plus de 140 ans, (…) l’indispensable facteur d’équilibre de la vie politique roumaine et le puissant moteur de la modernisation » a rappelé le président de l’Alliance Nationale pour la Restauration de la Monarchie (ANRM), un mouvement créé en 2012 au plus fort de la contestation populaire anti-gouvernementale.

Un appel à la restauration de la monarchie

« Nous appelons les responsables politiques, nous appelons les institutions, nous appelons les leaders d’opinion à prendre conscience que la restauration de la Monarchie n’est nullement le désir utopique de quelques sentimentaux ou rêveurs, mais le besoin pragmatique et vital d’un pays qui souffre » a ajouté Cătălin Șerban. Sur sa page Facebook, l’ancien prince héritier Nicolas Medforth-Mills, père de deux enfants, a également fait part de son vœu de voir le pays ré-adopter la monarchie par le biais d’un amendement à la constitution. « La monarchie a joué un rôle crucial dans le développement de l’État roumain moderne. Au cours des 81 années de la dynastie royale roumaine, le pays s’est développé non seulement économiquement et socialement, mais aussi culturellement, militairement et de manière urbaine » a rappelé le neveu de la princesse Margareta.

Un débat qui agite la Roumanie depuis la chute du président Nicolae Ceaucescu en 1989, soumis à la bonne volonté du Parlement. Seuls 30% des Roumains souhaitent aujourd’hui le retour de la monarchie selon les derniers sondages en date sur cette question.

Frederic de Natal