Le petit-fils du roi Siméon II, le prince Boris de Saxe-Cobourg-Gotha, portera le titre de « Gardien de la couronne » lorsqu’il succèdera un jour à son grand-père. La décision a été officialisée par le tsar Siméon II ,« après de longues discussions et réflexions », le 30 avril 2022. Interviewé par la « Voix Diocésaine », il a une nouvelle fois balayée les rumeurs qui l’accuse de comploter pour restaurer la monarchie.
Jusqu’à présent aucune décision n’avait été annoncée concernant la succession à venir du roi Siméon II, 84 ans. L’ancien monarque de Bulgarie a finalement révélé, lors d’une interview accordée au quotidien diocésain de l’église orthodoxe de Sofia, qu’il avait officialisé sa succession et le titre que porterait après lui le prochain héritier au trône. Prenant exemple sur ce qui a été fait au sein de la Maison royale de Roumanie, Siméon II a annoncé que son petit-fils, le prince Boris de Saxe-Cobourg-Gotha, serait intronisé avec le titre de « Gardien de la couronne » à son décès. Objet de rumeurs depuis des semaines, cette officialisation était attendue par la mouvance monarchiste bulgare. « Nous ne sommes pas une monarchie aujourd’hui, mon petit-fils le prince Boris portera un jour le titre de « Gardien de la couronne ». Comme c’est le cas aujourd’hui en Roumanie. Une décision que j’ai prise après de longues discussions et réflexions au sein de notre famille » a déclaré le roi Siméon II à la « Voix Diocesaine ».
Un héritier qui vit à Londres
Âgé de 24 ans, son petit-fils, le prince Boris (ou communément appelé Boris Sakskoburggotski), est assez inconnu en Bulgarie tant il accorde très peu d’interviews. Polyglotte, résidant à Londres, témoin de mariage du grand-duc Georges Romanov en 2021, c’est un artiste sculpteur qui a fait ses études au Lycée français Molière de Madrid. Il a été titré prince de Tarnovo au décès de son père en avril 2015, survenu après des années de coma, victime d’un accident de la route. Interrogé sur le fait que les membres de sa famille ne vivent pas en Bulgarie, le roi a rappelé que son pays n’étant pas une « monarchie fonctionnelle », il comprenait très bien que ses enfants et ses petits-enfants continuent de faire leur à vie à l’étranger. « Si nous étions en monarchie, il serait parfaitement normal que mes fils et petits-fils vivent et travaillent ici. Mais même après les changements de 1989 [chute du régime communiste-ndlr], d’était difficile pour eux de renoncer à tout ce qu’ils avaient déjà construit avant : travail, amis et famille. Premier ministre [2001-2005-ndlr], je leur ai même délibérément demandé de ne pas venir ici, à cause des nombreuses attaques dont je faisais l’objet, accusé de vouloir restaurer la monarchie et je ne sais quoi d’autres encore » a expliqué le roi Siméon II qui n’a toutefois pas révélé qu’elle serait la mission exacte du prince Boris, une fois celui-ci prétendant au trône.
L’idée monarchique devenue minoritaire en Bulgarie
Encore aujourd’hui le dernier tsar de Bulgarie, déchu par les communistes en 1946 alors qu’il n’avait que 6 ans, se défend de vouloir remonter sur le trône. « Tenter de remettre en place la constitution de Tarnovo conduirait à des bouleversements et à une grande division de la société. Cela je m’y refuse » a déclaré Siméon II, balayant toutes les spéculations sur ce sujet. Depuis des années, notamment lors de chaque élection, la presse évoque la possibilité d’un retour de la monarchie ou celle de Siméon II d’accéder au poste honorifique de Président de la République. « Soyons réalistes. Regardez autour de vous. La monarchie a-t-elle été rétablie en Grèce, en Italie, en Roumanie, en Serbie, au Monténégro ? Il y’a naturellement un avenir pour le retour de la monarchie – bien sûr- mais c’est une question philosophique sérieuse, à laquelle je ne m’engage pas à répondre maintenant. Je laisse cela entre les mains de Dieu » a renchéri l’ancien monarque qui semble enterrer de son vivant toute perspective de ce type.
Retiré officiellement de la vie politique en 2009, européen convaincu, Siméon II reste encore pour beaucoup de ses compatriotes une alternative crédible et une voix d’opposition écoutée, courtisée par de nombreux partis politiques. Bien que le fils du roi Boris III, doté d’un destin hors du commun, continue de porter l’idée monarchique, il est cependant à craindre qu’elle puisse disparaître du paysage politique bulgare après lui. N’arrivant plus à percer lors de scrutins électoraux elle est, devenue largement minoritaire aujourd’hui et plus qu’une source de nostalgie permanente pour une partie de la population.
Frederic de Natal