C’est la fête qui rassemble tout le monde autour d’une bonne galette de frangipane. L’Épiphanie (appelée aussi « Théophanie » chez les orthodoxes) est une fête chrétienne célébrée tous les 6 janvier.  Instaurée sous le pontificat de Pie VII, elle marque l’arrivée à Bethléem de Gaspard, Melchior et Balthazar, les Rois mages venus rendre visite et hommage à l’Enfant Jésus.

Déjà présente du temps de l’Antiquité, elle était appelée « Fête des Lumières », traduction simplifiée de son étymologie grecque. Elle s’inscrivait dans le calendrier païen, liée aux célébrations du solstice d’Hiver et correspondant avec la renaissance de la lumière. Une fête que l’on retrouve même au sein de la religion grecque puisque les « Épiphanes » correspondent aux douze divinités de l’Olympe apparues aux hommes. Phagocytées par les romains, elles deviennent les « saturnales », étalées sur sept jours où il est autorisé de critiquer, parodier tout ce qui fait la société de Rome. Les barrières sociales sont abolies, parfois les rôles inversés dans de gigantesques beuveries.

L’Adoration des mages peint par Matthias Stom (vers 1600-1650).

Fête chrétienne par excellence jusqu’au IVème siècle, relatée dans l’Évangile (selon Saint Matthieu, verset 1 à 12), elle célèbre la venue des rois mages, guidés par une étoile. Sans préciser pour autant le nombre de personnes,  Saint Matthieu évoque des « savants venus d’Orient » apportant au « roi des juifs », myrrhe (dimension prophétique), encens (dimension sacerdotale) et or (ou de l’ambre jaune, royauté de Jésus). Toutefois la tradition a retenu les noms de Gaspard (roi en Inde), Melchior (Roi en Perse) et Balthazar (Roi des arabes à qui on donne une allure de prince africain), dont les initiales reprennent celle de la bénédiction, « que le Christ bénisse la demeure » (Christus Mansionem Benedicat ). A noter que dans le plus ancien apocryphe, celui du Protévangile de Jacques, ils ne sont pas cités en tant que tels. Repartis dans leurs pays par un autre chemin, leur visite précédera aussi le « Massacre des Innocents » ordonné par le roi Hérode craignant l’avènement d’un roi des Juifs qui lui avait été annoncé par ses propres devins.

Depuis le XVème siècle, il est de tradition de consommer une « galette des rois » que l’on partage avec le nombre de convives présents. Excepté une part réservée au premier pauvre qui taperait à la porte de la maison, appelée « part de la Vierge ou part du Bon Dieu ». Une fève (parfois un santon) est glissée à l’intérieur et celui qui la trouve est sacré symboliquement «  roi ou reine ». Une tradition hautement respectée puisque selon différents sondages, plus de 80% des français avouent « tirer les rois » chaque année.

Châsse des Rois mages, atelier de Nicolas de Verdun, XIIe siècle, cathédrale de Cologne. @Amali/Dynastie

Les restes des rois mages sont exposés dans le chœur de la cathédrale de Cologne en Allemagne, rassemblés au sein de la « Châsse des Rois mages ». L’histoire affirme qu’ils ont été retrouvés par Sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin Ier vers 330. Le monastère du Mont Athos revendique également un reliquaire renfermant les présents offerts par les Rois mages à Jésus, donnés par la princesse serbe Mara Brankoviç, veuve du sultan Mahmoud II.

Frederic de Natal