C’est une énigme millénaire, loin des tribulations d’Indiana Jones, cet archéologue-aventurier incarné sur grand écran par l’acteur Harrison Ford. Où est donc passée l’Arche d’alliance qui contiendrait les Tables de la Loi, les fameux Dix commandements donnés par Dieu à Moïse en haut du mont Sinaï ?  Cité pas moins de 200 fois dans 174 versets de l’Ancien testament, ce coffret en acacia recouvert d’or en extérieur comme à l’intérieur, orné de deux chérubins en or répartis à chaque extrémité du couvercle, ailes déployées vers le haut et se faisant face, représente le saint-graal pour tous croyants. Pourtant, beaucoup d’incertitudes demeurent autour de l’Arche d’alliance, que ce soit concernant son emplacement actuel ou de sa réelle existence.

Le Livre des Rois est le dernier à évoquer ce trésor mystique et mythique de la chrétienté qui aurait reposé, selon la Bible, dans le Temple de Salomon, en plein cœur de Jérusalem. A-t-elle été emportée par les babyloniens du roi Nabuchodonosor lors du pillage de la ville en 586 avant Jésus-Christ ? Il n’existe aucun document historique faisant foi de son existence autrement qu’un texte apocryphe daté cinq siècles plus tard qui affirme qu’elle aurait fait partie du butin de ce roi. A-t-elle été détruite, considérée comme une idole par les babyloniens ? Le prophète Jérémie, qui précise que l’Arche d’alliance ne doit pas être reconstruite, l’aurait emporté et enterré dans une grotte inconnue.  A-t-elle été cachée en Ethiopie comme on peut le lire dans le Kebra Nagast, ce livre qui raconte (entre autres) les amours de la reine de Saba et de Salomon ? Fruit de cette relation, leur fils Ménélik Ier aurait volé la relique qui « symbolise un pacte, une promesse, une alliance entre Dieu et l’humanité », pour mieux l’enfermer dans une église d’Abyssinie. La légende prétend même qu’elle serait aujourd’hui sous la garde d’un prêtre copte dans l’église Sainte-Marie-de-Sion, le Reims des négus d’Ethiopie et interdite au commun des mortels tant elle « est insupportablement radieuse et qu’elle peut tuer ». Jusqu’à présent, nul n’a pu vérifier si l’église conservait bien cette Arche, dont il ne doit plus rien rester de nos jours, sa chambre de conservation restant inaccessible. D’ailleurs lors de fêtes religieuses, ce sont des répliques de cette arche qui sont sorties.

Moïse et Josué s’inclinant devant l’Arche (peinture de James Tissot, vers 1900)

Coup de théâtre et rebondissement en 1981. Archéologue amateur, Tom Crotser, affirmera avoir retrouvé la relique au fond d’un tunnel sous le mont Pisga. Suivant les indications d’un de ses prédécesseurs, Antonia Futterer, qui n’avait pu aller au terme de son exploration au même endroit dans les années trente, Crotser aurait pénétré dans une chambre murée et d’y trouver une caisse en or ressemblant à l’Arche. Toutefois, pour des raisons inexpliquées, il ne peut obtenir un permis de recherche de la part des autorités jordaniennes concernées. Afin de faire valoir sa sainte trouvaille, il demande à un autre archéologue allemand réputé, Siegfried Horn, d’authentifier les clichés pris sur le vif. Le résultat sera sans appels. Ce n’était pas l’Arche mais possiblement une belle arnaque moderne. En janvier 1982, un évangéliste du nom de Ron Wyatt (décédé en 1999) affirma, quant à lui, avoir retrouvé la cavité supposée abritant le coffre sanctifié. Y compris du sang de Jésus sans jamais avoir pu fournir la moindre preuve à qui que ce soit. L’association Wyatt Archeological Research (WAR), qu’il a fondé, a fini par émettre des doutes sur son récit en 2007 et progressivement mis fin à ses recherches intensives sur le sujet en dépit de quelques objets retrouvés.  En 2019, c’est une équipe israélienne qui a annoncé avoir retrouvé des traces de ce qui serait un temple avec une table ressemblant à celle décrite dans la Bible. Mais rien n’est venu étayer cette découverte permettant de le confirmer.

A moins d’avoir été enlevée par des martiens ou une société secrète, emportée par Indiana Jones, il est plus probable que l’Arche ait succombé aux affres du temps. Si tant est qu’elle ait eu une existence réelle. La vérité est parfois ailleurs.

Frederic de Natal