Le prince Norodom Chakravuth est devenu officiellement président du mouvement monarchiste Funcinpec lors du congrès du parti qui s’est tenu mercredi dernier. Fils du prince Norodom Ranariddh et neveu de l’actuel monarque cambodgien, le prince Norodom Chakravuth aura pour tâche de relever un parti exsangue et fragilisé par des conflits internes importants.
C’était un congrès attendu par tous les militants du Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif (Funcinpec). Fondé en mars 1981 par le prince Norodom Ranariddh, le mouvement royaliste avait autant combattu les Khmers rouges qu’il avait participé aux négociations de paix mises en place par Paris. La monarchie restaurée, le Funcinpec avait progressivement perdu de sa vigueur, chassé du pouvoir en 1997 par un coup d’état orchestré par l’actuel Premier ministre Hun Sen. Face aux nombreux échecs électoraux, le mouvement avait sombré dans de multiples crises internes obscurcies par l’égocentrisme de ses dirigeants et l’ambition des princes Norodom, principale branche régnante de la maison royale du Cambodge, descendants directs du roi Norodom (1860-1904), fils du Grand-Roi Ang Duong (opposés à la branche Sisowath qui a également donné des souverains à cette ancienne colonie indochinoise).
Un parti familial mais divisé
Le 9 février dernier, un congrès de la dernière chance s’est réuni afin de mettre fin aux divergences et permettre d’achever la réunification du parti. « Le congrès donne son plein soutien au prince Chakravuth (…) afin de rassembler tous les royalistes, sihanoukistes, démocrates et patriotes qui souhaitent contribuer au développement de la nation » indique le communiqué officiel du Funcinpec qui a décidé de porter à sa présidence le fils du prince Norodom Ranariddh. Déjà désigné par intérim à la tête du mouvement, il était contesté par une partie dissidente du mouvement qui avait tenté d’imposer la princesse Norodom Arunrasmy. Fille du roi Norodom Sihanouk I, elle avait été déjà présidente du Funcinpec entre 2013 et 2015 et n’avait pas laissé derrière elle un souvenir impérissable. Agacée que son nom soit régulièrement cité, elle a d’ailleurs annoncé peu de temps avant le congrès qu’elle renonçait à toutes fonctions officielles au sein du mouvement royaliste, regrettant que des « insensés l’aient utilisé à ses dépens ».
Le prince Norodom Chakravuth appelle à l’unité
« Tous les membres du congrès ont décidé de s’unir derrière le prince. Nous sommes déterminés à ne pas être divisés et adhérerons à l’esprit d’unité nationale tel que décrété par le défunt roi-père et par les dernières volontés du prince Ranariddh » précise le communiqué. « Je vais réunir les anciens royalistes, sihanoukistes et ranariddhistes, afin que le parti puisse retrouver ses anciens niveaux de succès » a promis en retour le prince Norodom Chakravuth, 52 ans, qui va devoir redresser son parti et s’imposer sur la scène politique dont il a été longtemps absent. Un défi de taille à la veille d’élections locales prévues le 5 juin alors que le Premier ministre Hun Sen a renforcé sa mainmise sur le gouvernement et reste fortement suspecté de vouloir créer une primature héréditaire à l’instar de ce qui a été fait au Népal durant un siècle.
« Le prince est le seul successeur qualifié du prince Ranariddh car il est à la fois un intellectuel et un jeune homme exceptionnel. Au sein de la société cambodgienne, les dirigeants à tous les niveaux comprennent clairement qu’il est le seul candidat approprié » a déclaré Bun Sreu, nouveau vice-président et ancien critique du prince Norodom Chakravuth. Une élection largement couverte par la presse cambodgienne très proche de sa famille royale.
Frederic de Natal