C’est une polémique qui agite les réseaux sociaux brésiliens depuis plusieurs heures et qui a contraint la maison impériale des Orléans-Bragance à se justifier une nouvelle fois. A l’initiative d’un député du parti socialiste brésilien (PSB), un projet de loi a été déposé afin d’abolir sur le laudêmio, cette taxe qui permet aux descendants de l’empereur Dom Pedro II de toucher des revenus substantiels sur toute vente immobilière conclue dans le centre de Petrópolis. Pour Marcelo Freixo, il est désormais temps de mettre fin à ce privilège qui perdure depuis 1847 à l’heure où la ville a été la victime d’une tragédie.
Frappée par de fortes pluies, la ville de Petrópolis a été ravagée par un important glissement de terrain qui a coûté la vie à des centaines de personnes. Les membres de la maison impériale du Brésil se sont immédiatement portés au chevet de l’ancienne ville impériale dont le nom et l’histoire sont indissociables des Orléans-Bragance. Le communiqué rassurant de Dom Bertrand d’Orléans-Bragance, qui a adressé son soutien et ses prières aux victimes de cette catastrophe, a déclenché une vaste polémique sur les réseaux sociaux à laquelle le principal concerné ne s’attendait pas. Certains brésiliens ont ironisé sur le côté mystique du prince et réclamé qu’il verse aux familles des défunts tous les revenus provenant du laudêmio.
Meu saudoso pai, o Príncipe Dom Pedro Henrique de Orleans e Bragança, Chefe da Casa Imperial do Brasil entre 1921 e 1981, vendeu todas as suas ações da dita Companhia Imobiliária ainda na década de 1940.
— Dom Bertrand de Orleans e Bragança (@SAIRDomBertrand) February 18, 2022
Un projet de loi contre le laudêmio
Communément appelé « impôt du prince », le laudêmio n’est pas un impôt sur les revenus, mais un impôt privé lié à la vente des propriétés du centre-ville et divers quartiers qui appartiennent toujours aux héritiers de la famille impériale depuis 1847. C’est au cours de son règne que Dom Pedro I (puis Dom Pedro II) a eu l’idée de subdiviser Petrópolis en divers quartiers et de les céder à des tiers afin que ceux-ci développent la ville en échange d’un versement. Un montant de 2,5% fixé au prix du marché local si les propriétés devaient changer de mains. Un impôt qui n’a jamais été aboli malgré la fin de la monarchie en 1889, qui a permis tant aux Orléans-Bragance qu’à l’église de toucher des subsides qui doivent être versés à la Companhia Imobiliária de Petrópolis, une entité gérée par les descendants du dernier empereur brésilien. Pour le Parti socialiste brésilien (PSB), il est inacceptable que ce privilège perdure et il doit être aboli. Le 18 février, le député Marcelo Freixo a déposé un projet de loi en ce sens afin que l’argent soit transféré à la mairie de Petrópolis et puisse être investi dans des politiques publiques de prévention et de lutte contre les catastrophes environnementales.
Apresentei agora um projeto de lei para que o laudêmio, conhecido como « imposto do príncipe », seja destinado à prefeitura de Petrópolis para financiar políticas públicas de prevenção a desastres e para socorrer a população. https://t.co/7I0RmPpy7H
— Marcelo Freixo (@MarceloFreixo) February 18, 2022
Les Orléans-Bragance montent au créneau
Irrité par toutes ces accusations, les deux branches de la maison impériale, Petrópolis comme Vassouras, ont décidé de réagir. Rappelant que la Companhia Imobiliária de Petrópolis était une société qui appartenait à la famille des Orléans-Bragance et non pas à l’état, le Vassouras Dom Bertrand a toutefois rappelé que son père avait vendu toutes ses actions de la Companhia Imobiliária de Petrópolis durant la Seconde guerre mondiale. Selon le prince Dom Bertrand d’Orléans-Bragance, ni lui, ni ses neveux ne toucheraient le moindre Real du laudêmio. De son côté, l’héritier des Petrópolis, Dom Pedro-Tiago d’Orléans-Bragance a reconnu que la société incriminée appartenait à son père et ses oncles, qu’il hériterait bien de cette charge, mais qu’à l’heure actuelle, il ne touchait pas le moindre centime des recettes des ventes immobilières. Également agacé par ces attaques virales, le prince a demandé que cesse cette « surenchère politique organisée par ceux qui apprécient le chaos ».
Fake News digna de Fake Jornalismo. O ramo de Vassouras, do qual eu e meu tio pertencemos, não recebe nem nunca recebeu laudêmio. Bastava pesquisar ou perguntar, mas a tentação de aproveitar uma tragédia para tentar desmoralizar foi maior. pic.twitter.com/ctF4Fa3Sa1
— Luiz P. O. Bragança (@lpbragancabr) February 18, 2022
Interrogé par la presse à propos du projet de loi, le prince député Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance a confirmé qu’il avait été remis à la chambre pour enregistrement mais que ce n’était pas encore approuvé par la commission compétente, rappelant au passage les vertus du laudêmio. « Une taxe qui ne concerne pas les habitants des favelas mais qui pourrait l’être » si la maison impériale en perdait sa gestion a prévenu l’élu. Selon la presse brésilienne, la maison impériale aurait touché 2 millions de dollars depuis 2014 grâce au laudêmio. Le prince Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance a dénoncé une campagne orchestrée contre sa famille, jugée proche du président Bolsonaro, fondée sur de fausses informations .
Frederic de Natal