Témoin des grandes heures de l’Histoire de France, le domaine de La Sablière surplombe les hauteurs de Caluire. Il a changé plusieurs fois de mains au cours des siècles. Aujourd’hui, La Sablière est la propriété d’une dynastie, depuis sept générations, qui entretient fidèlement sa mémoire. C’est devenue la maison incontournable à visiter lors des journées du Patrimoine. Fin d’une saga inédite en trois épisodes.
À la suite de l’expropriation de Didier Petit, le médecin Antoine Bouchacourt fait l’acquisition du sixième lot qui comprenait la maison bourgeoise construite par Didier Petit et les jardins en terrasse et en balmes. Antoine Jean Emmanuel Bouchacourt (1812-1898) était un chirurgien interne de l’Antiquaille, le premier professeur d’obstétrique en France et le président de l’association des médecins du Rhône. Il était aussi un ami intime d’Ozanam avec lequel il avait fait le collège royal de Lyon. Ayant racheté la Sablière avec les dettes de Didier Petit qu’il ne put finalement rembourser, il revendit un an après la Sablière le 19 octobre 1849 au soyeux Jean-Barthélémy Chazottier (1804-1891).
Les Chazottier, nouveaux propriétaires de la Sablière
Fils cadet d’une famille de cultivateurs de Brindas, dans la banlieue Sud-Ouest de Lyon, ne trouvant probablement que peu d’avenir dans l’exploitation agricole de son père, Jean-Barthélémy Chazottier partit travailler en ville au début des années 1820 comme apprenti tisseur veloutier avant de créer son propre atelier de tissage. Employant des ouvriers compagnons, il s’associa avec son oncle maternel, Antoine Creyton, pour monter un commerce de velours noirs et de couleurs. Alors qu’il était détenteur d’une petite fortune, il se maria avec Anne-Thérèse Charbin en 1828, fille d’un soldat vétéran fervent républicain qui suivit Bonaparte en Égypte et en Syrie où il fut blessé à Saint-Jean d’Acre, avant de devenir « pileur de drogues », et d’une mère « grueuse d’orge ». Mme Chazottier fut pleinement engagée dans les affaires de la fabrique de son mari ainsi que dans l’entretien moral des ménages des ouvriers qui mangeaient à sa table. Les affaires prospérant, Chazottier déménage son commerce au 4 rue de Lorette à Lyon et finit par détenir un capital conséquent de 200 000 Francs qui lui permit d’acquérir la Sablière pour la somme de 23 600 Francs.
Le domaine est rénové, la ruine n’est pas loin
À partir de 1852, il projeta d’agrandir sa propriété côté Sud : il profita de la vente de parcelles du clos voisin pour faire l’acquisition d’une bande de terrain en pente et y faire construire à son sommet une maison pour ses enfants et leurs ménages surmontée dès 1866 d’un atelier de peinture orienté au Nord pour son gendre Micol. Dans ce même immeuble, il agrandit la remise existante pour y aménager des écuries, un fenil et un logement de cocher car Chazottier possédait une berline, un coupé et une victoria à deux chevaux. De même, il fit construire au bas de ce terrain, un immeuble à cinq étages après avoir fortifié les pentes d’un mur de soutènement de 40 mètres de hauteur et de 7 mètres à la base. Malgré ces dispositions, des pluies intenses inondèrent ses voisins du cours d’Herbouville et il dut faire construire des réservoirs d’eau circulaires profonds pour contrôler l’acheminement des eaux s’écoulant de son jardin aux maisons victimes des inondations sur le quai. Les rapports avec ses autres voisins n’étaient guère meilleurs et on note de nombreux procès pour régler les litiges liés aux eaux, aux droits de passage, à l’entretien des abords de propriétés, … Ces litiges successifs occasionnant à chaque reprise des dépenses considérables, la ruine n’était pas loin et on commençait à s’en inquiéter.
La Sablière, splendeur du Second Empire à Caluire
Outre les agrandissements de son domaine, Chazottier réaménage de manière importante la maison et les anciens jardins de Didier Petit, et fait appel aux architectes Farfouillon puis Girard. Il fait construire dans le jardin une tonnelle longue d’une centaine de mètres longeant le mur de clôture coté rue pour créer une symétrie avec l’ancienne tonnelle Didier Petit et créer ainsi un passage à l’ombre menant de la maison de maître aux écuries. Parmi les autres aménagements notables : un pavillon en 1856 dans le bas du jardin après avoir fait remplacer la clôture en planches par un mur en pisé, une magnifique serre vers 1857 avec ses rangées de plantes et sa mezzanine en contrebas du jeu de boules dont l’ensemble remarquable nous est parvenu intacte, une orangerie en 1855 au pied du mur de la terrasse, une volière en 1872 contre la galerie de la maison et il ferma la galerie par des baies vitrées, l’agrandissement de la maison annexe à la maison bourgeoise pour y établir un réservoir d’eau, une pompe pour puiser l’eau à 30 mètres de profondeur et il traça quelques allées supplémentaires. Passionné de botanique, il fait planter sur l’allée menant au perron des mûriers ainsi que des cyprès puis fait restaurer les jardins potagers sur la terrasse, aménageant en complément des châssis pour faire pousser les légumes. En 1857, il fit construire un bassin devant sa maison alimenté par les eaux de la citerne lequel sera démantelé par sa fille dans les années 1890. Il remanie aussi les intérieurs de la maison datant de Didier Petit. Les plus remarquables travaux furent la construction de canaux, de réservoirs d’eaux et de murs de soutènement considérables afin de contenir les eaux pluviales qui faisaient ébouler la balme sablonneuse lors de grandes pluies. Le trop-plein de la citerne alimentée par les toits voisins permettait aussi, via un important réseau de canalisations, d’arroser l’ensemble du jardin.
Une alliance au profit de La Sablière
Les travaux de la maison achevés, Chazottier ne s’installa à la Sablière qu’en 1854. Malgré les dépenses considérables qu’engendraient l’ensemble de ces travaux, son commerce de velours de soieries s’en portait toujours aussi bien et il s’associa avec un sieur Triquet et un sieur Micol qui n’était autre que son gendre. Il avait marié civilement le même jour, en octobre 1852, ses deux filles en la mairie du premier arrondissement de Lyon puis la cérémonie religieuse en l’église Saint Polycarpe sur les pentes de la Croix-Rousse, béni par l’abbé Chiron. Ce double mariage fut accompagné d’un cortège de quarante fiacres. La jeune Marie-Thérèse Chazottier épousait Joseph Patin, fabricant de taffetas pour parapluies qui acheta plus tard le domaine voisin de l’Oratoire à Caluire. Tandis qu’Elisabeth Chazottier épousa Jean dit Jules Micol (1822-1900), peintre de l’École des Beaux-Arts de Lyon ayant suivi la classe de portrait, de figure puis la classe de fleurs donnée par le peintre Thierriat. Micol fut mis en contact avec la famille Chazottier grâce à l’abbé Chiron qui célébra le mariage puis travailla pour le compte de son beau-père en tant que dessinateur sur tissus. Son cadeau de mariage fut un portrait de sa jeune épouse qu’il envoya au Salon de Lyon de 1854-55, des salons auxquels il participa régulièrement, exposant aussi bien des paysages et des natures mortes que des portraits. Il reçut pour l’un d’eux une médaille du duc d’Aumale. Proche du paysagiste néoclassique Ponthus-Cinier, ses paysages prennent aussi leur inspiration chez un autre artiste lyonnais : Antoine Duclaux. Tandis que ses portraits trouvent nettement leurs références chez Janmot et Flandrin. Micol fit aussi une série de photographies de la Sablière prises dans les années 1850-1860 illustrant remarquablement les aménagements successifs de la propriété opérés par son beau-père mais il prit également diverses vues de Lyon et du parc de la Tête d’Or naissant depuis la terrasse de la Sablière ainsi que des photographies d’Ardèche. Il ne négligea point sa famille dont il fit plusieurs portraits photographiques. Père de 4 enfants, il peint vers 1860, à la Sablière, un portrait aux dimensions importantes de sa petite famille placée dans un décor embelli dont le fond représente le lac du parc de la Tête d’Or au-devant d’un paysage d’Ardèche ou du Bugey. Le jardin de la Sablière était pour le peintre une source d’inspiration. Grâce à la photographie, un principe encore nouveau, il prenait des plantes du jardin ou des bouquets avant de les peindre en atelier, réduisant ainsi les temps de pose.
Des transformations importantes au nom de la pérennité
Forte d’un capital patiemment constitué, la firme Chazottier Micol Triquet déplaça son commerce au 10 rue Lafond[1] voisine de l’Hôtel de Ville de Lyon. Chazottier céda ses affaires à ses deux associés et acquit deux immeubles à Lyon[2] qu’il loua en partie. Devenu rentier, il occupa ses derniers jours à son jardin et à ses petits-enfants. Son visage aux traits serrés provenait de ses origines paysannes, et bien qu’il fut pince sans rire, il se rachetait pas ses qualités morales et améliora son niveau de culture par la force des choses et les obligations liées à ses activités de négociant. Parcimonieux sans être avare, il répétait souvent « Il n’est pas facile de gagner de l’argent, et il est presque aussi difficile de le conserver ». Ayant pris froid, Jean-Barthélémy Chazottier meurt à la Sablière le 29 octobre 1891, à l’âge de 87 ans. Sa fille Marie-Thérèse (1830-1909) mariée à Joseph Patin, devenu millionnaire et propriétaire du domaine voisin de l’Oratoire d’une superficie de 3 hectares, hérita de la Sablière et procéda à son tour à d’importants travaux sous la direction de l’architecte Girard. La maison qui comprenait l’atelier du peintre devint le logis du jardinier. Le grand salon de la maison principale fut agrandi pour lui donner son caractère actuel dans le style Louis XVI-Directoire et la salle à manger située à l’emplacement du hall d’entrée fut déplacée au premier étage, à la place de l’ancienne salle de billard. Avec le déplacement de la salle à manger, la cuisine monta d’un niveau, dans la pièce voisine. Les claustras ornant la balustrade de la galerie autrefois en tuiles arrondies furent changés par des tuiles hexagonales, les toits en ardoises furent restaurés par l’ajout de nouvelles cheminées style Louis XIII et d’une élégante marquise sur toute sa longueur. Les lucarnes datant de Didier Petit furent conservées, en revanche, elle supprima le bassin central, les petites allées et leurs parterres qui l’entouraient, par sécurité pour ses petits-neveux. Veuve depuis 1895, marquée par la disparition de son époux qu’elle avait aimée sincèrement, elle poursuivait davantage ses œuvres de charité. Depuis la vente de l’Oratoire en 1885, le couple Patin continuait de percevoir une rente viagère dont elle en réduisait la somme et organisait déjà bien avant un service religieux permanent pour les habitants du quartier. Victime d’une pneumonie, elle s’alita et mourut le 13 septembre 1909 à la Sablière.
Les Micol, une dynastie est née
Avant son décès, elle légua par testament olographe à ses neveux tous ses biens : plusieurs immeubles à Lyon ainsi que la Sablière qui passa entre les mains d’Anna Martin née Micol (1853-1944), la fille aînée du peintre. Cette dernière avait épousé en 1873 grâce aux contacts de sa tante Patin, Louis-Émile Martin (1845-1916) titulaire de trois baccalauréats signés par le ministre Victor Duruy et d’une licence en droit. Il devint successivement avocat, conseiller de préfecture de l’Ain, de la Savoie puis du Rhône, vice-président au sein de ce dernier conseil puis finit directeur du Mont de Piété de Lyon. Son parcours politique et administratif fut remarqué tout au long de sa carrière. Pour ses travaux sur la loi du 10 août 1871 relatifs aux conseils généraux et à leurs attributions, il est reçu, en 1877, membre correspondant de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie. Idem pour ses travaux sur « les conseils provinciaux en Italie comparés aux conseils généraux de France » on le nomma membre de la Société de Législation Comparée puis il reçut la médaille d’honneur de première classe avec une place de membre collaborateur de la Revue Universelle des Sciences, Lettres et Industries. En 1887, sur proposition du ministre des affaires étrangères, il est décoré officier (en 3è classe) de l’ordre du Nicham Iftikhar par le bey de Tunis Ali III Bey, puis officier d’Académie par Léopold Faye ministre de l’Instruction Publique. Louis-Émile Martin ne prit jamais sa retraite et mourut en 1916, affecté par la disparition de son plus jeune fils Jean mort en Champagne à l’âge de 27 ans lors d’un assaut vers les tranchées allemandes le premier jour de la Seconde Bataille de Champagne. Son frère aîné René le suivra dans la tombe en 1918, mort des suites de ses blessures à la cuisse dans un lazaret allemand.
La Sablière , victime d’une catastrophe naturelle
Sous la pression de l’un de ses frères, Anna Micol fut tentée de vendre la Sablière. Avec l’appui du notaire, ils organisèrent des visites régulières mais ne trouvant point d’acheteur et restée très attachée à la maison familiale, elle s’en porta propriétaire et fit les derniers grands aménagements connus de la maison entre 1910 et 1912, sous la direction de l’architecte Chevalet. On lui doit notamment le hall d’entrée actuel dans le style directoire avec son escalier en bois dont elle en inversa le sens, modifiant ainsi complètement la distribution des pièces du premier étage. À la place de l’ancienne cuisine qui se trouvait au rez-de-chaussée, Louis-Émile Martin y aménagea un bureau. Le couple planta le long du mur sur la terrasse, sous la tonnelle Chazottier, une série de charmes. Le 8 mai 1932, deux ans après la catastrophe de Fourvière qui avait marqué les esprits, un éboulement impactant le fonds du jardin de la Sablière fit 27 morts. Cette catastrophe connue sous le nom de catastrophe du cours d’Herbouville avait été causée par un puits perdu voisin qui s’était rempli jusqu’à ce que la force des eaux le fassent s’écrouler. Les propriétaires furent contraints de vendre une partie du bas du jardin à la Mairie de Caluire.
Le domaine, capitale de la poésie
La propriété fut morcelée en deux parts égales pendant le partage anticipé du patrimoine d’Anna Micol. À sa mort en 1944, sa fille Anne-Marie Martin (1890-1986) hérita d’une moitié de la Sablière comprenant la maison de maître et la moitié du jardin avec la serre et le pavillon. Cette dernière avait épousé en 1925 Marcel Grognot, écrivain et historien lyonnais spécialiste de Clément Marot dont on lui doit une biographie, bibliophile collectionneur qui se constitua une bibliothèque importante de livres rares dans lesquels il apposait ses ex-libris. Il était membre d’un groupe d’artistes fondé en 1920 formé autour du poète ardéchois Charles Forot. Ce groupe portait le nom des « Amis du Pigeonnier » du nom de la maison de Forot à St Félicien en Ardèche où ils se réunissaient tous. Parmi les plus célèbres : Paul Valéry, Marcel Gimond, Vincent d’Indy, Guy de Lioncourt, Philippe Burnot, Jean Chièze et tant d’autres. Le Pigeonnier ne devint pas seulement un lieu de rencontres, on y jouait des pièces de théâtre écrites par ses membres et on y créa même une maison d’éditions : les éditions « du Pigeonnier » qui publièrent plus de 300 titres sur beau papier célébrant essentiellement le régionalisme, tous écrits par les membres du cercle. À Jean Chièze et Philippe Burnot, Forot confia l’illustration des textes ou les maquettes pour les poteries. À Vincent d’Indy ou de Lioncourt, la musique. À Gimond, la statuaire. À Louis Pize, Jacques Reynaud, Henri Ghéon, Marcel Grognot et tant d’autres, les textes. Les représentations théâtrales eurent lieu dans son jardin du Pigeonnier les étés, chacun ayant un rôle défini pour la création et l’organisation des pièces. Jean Chièze dessinait les costumes et Guy de Lioncourt les décors. En juin 1938, Forot accueillit en sa maison de Saint-Félicien les propriétaires de la Sablière pendant 15 jours. Puis en juin 1940, ils y passèrent un mois avant de renouveler régulièrement les séjours. La Sablière était aussi un lieu privilégié par les Amis du Pigeonnier. Parmi les hôtes les plus réguliers : Charles Forot, l’écrivain Louis Pize, le graveur sur bois Jean Chièze, Marcel Gimond devenu le sculpteur officiel du président Vincent Oriol.
Louis Grognot, un passionné, un « Le Nôtre lyonnais»
Bien plus tard, en 1986, Louis Grognot, né à la Sablière en 1929, deuxième enfant du couple Grognot hérite du domaine. Ingénieur chimiste de profession, il avait monté avec plusieurs autres ingénieurs associés, pour le compte de Rhodiaceta, la première usine de Nylon au Brésil vers São Paulo où il rencontra son épouse Maria Posso-Perez puis poursuivit sa carrière à Porto-Rico, aux États-Unis et en France. Passionné depuis sa jeunesse par la botanique, chaque année, Louis Grognot faisait le tour d’un pays du monde d’où il ramenait des variétés de plantes exotiques qu’il plaçait dans son jardin. Dès les années 70, il transforma l’ancien jardin anglais de la Sablière en un jardin luxuriant dans lequel se côtoient des arbres et arbustes du monde entier, de toutes les couleurs, de toutes les tailles et de toutes les odeurs. On y trouve donc : plusieurs variétés de bambous, des lagerstroemias (dit aussi lilas des Indes), des bananiers, différentes espèces de pins, de cèdres, de fougères, et tant d’autres, rappelant à chaque fois, via des étiquettes, les noms latins de chacun d’eux. La serre prenait des allures de forêt tropicale chaude et humide où les plantes de toutes tailles et de toutes origines occupaient l’espace et les bancs. Une nouvelle allée fut créée, le jeu de boules fut transformé en une palmeraie, il construisit lui-même un long escalier en pierres dorées reliant la serre au pavillon bordé par une série de treize bacs de la même pierre pour ses plantes. Il agrémenta le jardin d’autres petits bacs en pierre dorées et de petits escaliers pour relier une promenade à une autre tout en enrichissant chaque année par ses voyages et ses recherches internet des arbres et arbustes choisis pour leurs raretés, leurs aspects esthétiques, ou leurs odeurs. La tempête de 1999 fit tomber l’un des quatre cyprès des années 1860 et Louis Grognot dut également ôter deux platanes sur les trois qui étaient placés devant la maison depuis les années 1840 car ravagés par la maladie du Tigre. Il entretenait des liens avec le jardin botanique du Parc de la Tête d’Or, en particulier avec le directeur qui venait ponctuellement visiter le jardin de la Sablière et ils procédaient souvent à des échanges de plantes. L’histoire, les quelques similitudes ainsi que la position des jardins, faisant face au Parc de la Tête d’Or leur ont donné légitimement le surnom de « Petit parc de la Tête d’Or ». Le propriétaire ne s’en tint pas seulement qu’aux jardins, il fit restaurer la maison pour retrouver cette atmosphère qui régnait du temps de sa jeunesse. Les boiseries, les tapisseries, les parquets retrouvèrent une seconde vie magnifiée par le mobilier et les tableaux de ses ancêtres intrinsèques au lieu où il sont conservés depuis toujours. Pour le grand salon, Louis Grognot fit appel à un restaurateur de châteaux pour recréer à l’identique les anciens rideaux en velours déchirées et il choisit les tapisseries qui se rapprochaient au mieux des anciennes.
Un nom en héritage
Le travail d’entretien est aujourd’hui assuré par sa fille Michelle Dehan-Grognot (née à Lyon 6ème en 1962), passionnée de botanique poursuivant l’œuvre de son père. La relève est assurée. Son petit-fils, Maxime Dehan (né en 1990 à Villeurbanne), a rédigé l’Histoire de la Sablière par de patientes recherches aux archives ou en se plongeant dans les archives de la Sablière restées sur place depuis la Révolution ! Ce dernier, ingénieur en informatique de profession et historien par passion, a aujourd’hui le souci de protéger et de restituer à ce lieu toute son Histoire par des acquisitions d’archives, de meubles, de tableaux liés à l’Histoire des différents propriétaires. Il a notamment racheté une grande partie des archives des descendants de Didier Petit ainsi que des tableaux. La Sablière fit l’objet de reportages à la télévision lors de la première ouverture en 2020 lors des « Journées Européennes du Patrimoine »[3]. De même, la propriété est ouverte au public sur inscription pour les « Rendez-Vous aux jardins » organisés par la DRAC. La Sablière n’est pas seulement un musée, il s’agit avant tout d’une habitation où chaque propriétaire a su apporter avec respect sa pierre à l’édifice, dans la continuité de l’existant, magnifiant à chaque fois une propriété à l’Histoire et au patrimoine remarquables. Cet ensemble unique mais pourtant très fragile au regard des velléités humaines, doit être protégé et des actions commencent à être menées pour honorer cet ambitieux projet. Ambitieux mais si important dans une ville qui a perdu, en moins 75 ans, 80 % de son patrimoine sous les coups des pelleteuses. Mais est-ce si étonnant aujourd’hui à l’heure d’une spéculation immobilière sans limite où la valeur pécuniaire vaut davantage que la valeur mémorielle.
M.D.
[1] Cette rue correspond à la rue Joséphin Soulary actuelle.
[2] Ces deux immeubles étaient situés rue des Archers, acquis pour 135 000 Francs et rue Dubois, acquis pour 120 000 Francs de l’époque.
[3] Liens vers les reportages :
BFM Lyon : https://www.bfmtv.com/lyon/videos/journees-du-patrimoine-a-la-decouverte-de-la-sabliere-acaluire-et-cuire_VN-202009140196.html
France 3 : https://www.facebook.com/watch/?v=756417291589510
Article rédigé par France 3 : https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/caluire-maison-sabliere-ouvre-ses-portes-journees-du-patrimoine-1874858.html