Depuis 1973, la monarchie danoise et la monarchie canadienne se livraient un conflit à coups de bouteilles de whiskey pour la possession de l’île de Hans. Cadeau de jubilé, les gouvernements de la reine Margrethe II et de la reine Elizabeth II viennent de signer un accord mettant fin à cette guéguerre éthylique digne des meilleurs mèmes que l’on trouve sur Internet.

Mardi 14 juin, le Danemark et le Canada se sont retrouvés afin de signer un accord traçant une nouvelle frontière maritime et terrestre, objet d’un litige larvé depuis décennies. Depuis 1973, les deux monarchies se disputaient un caillou de quelques kilomètres à peine, l’île de Hans, inhabitée, située dans le détroit de Nares (Arctique) au large du nord-ouest du Groenland. Si un statut quo a longtemps prévalu entre Ottawa et Copenhague, la situation s’était brusquement tendue en 1984 lorsque des soldats canadiens avaient « provoqué » le Danemark en plantant leur drapeau sur l’île et laissé derrière eux une bouteille vide de whisky canadien. En réponse à cet « acte de guerre », le ministre danois des Affaires groenlandaises était venu en personne sur l’île la même année avec le drapeau danois, une bouteille de cognac et une lettre indiquant « Bienvenue sur notre île danoise » (Velkommen til den danske ø).

Margrethe II et Elizabeth II @Dynastie:

Le plus amical des conflits

C’est très sérieusement que les deux pays ont ensuite planté à tour de rôle leurs drapeaux sur l’île et échangé des boissons alcoolisées dans ce que les médias ont surnommé avec amusement « la guerre du whiskey ».  Aucun blessé n’a été dénombré durant les nombreuses pseudo-confrontations qui ont eu lieu entre les soldats de leurs Majestés, quelques comas éthyliques tout au plus et un boycott suivi des pâtisseries danoises par les canadiens. En 2005, cependant les deux monarchies ont convenu d’entamer un processus de paix. Car au-delà de l’ironie de la situation, le détroit de Nares est un fort enjeu économique, regorgeant de gaz et autres hydrocarbures.

Le gouvernement de la reine Margrethe II a déclaré que la résolution de ce conflit intervenait à un moment où « l’ordre international fondé sur le droit se trouve sous pression», et que les valeurs démocratiques sont «attaquées», allusion aux combats réguliers  entre russes et ukrainiens depuis plusieurs mois. L’accord signé a donc permis de mettre fin « au plus amical des conflits », de confirmer le partager de l’île en deux et de démontrer que deux pays membres de l’OTAN peuvent se faire la guerre sans tirer un seul coup de canon.  L’histoire ne dit cependant pas si la signature du traité de paix a été arrosée de whiskey.

Frederic de Natal