C’est devenu une tradition. Chaque année désormais, l’archiduc Karl de Habsbourg-Lorraine s’adresse à ses compatriotes européens et leur délivre un discours basé sur les enjeux de l’année à venir. Prétendant au trône austro-hongrois et président de la section autrichienne de l’Union paneuropéenne, il a plaidé pour une meilleure coopération des pays-membres dans les dossiers internationaux, réclamé que le dirigeant biélorusse soit inculpé de « crimes contre l’humanité » et critiqué la désastreuse gestion de la pandémie de covid-19 par l’Union européenne qui a permis la montée inexorable des populismes.
Baptisé « Combat pour l’âme de l’Europe » (Der Kampf um die Seele Europas), en raison de la pandémie de coronavirus, l’archiduc Karl de Habsbourg-Lorraine s’est adressé à ses compatriotes européens par le biais d’une vidéo enregistrée, ce 11 Janvier 2022. Soulignant très rapidement que la liberté et l’État de droit faisaient partie des principes fondamentaux de l’Europe, il a sévèrement critiqué le manque de perspective stratégique de l’actuelle politique européenne. « J’ai la très forte impression que nous avons enterré cette idée européenne dans les chancelleries d’État d’Europe mais aussi au sein des têtes pensantes de l’Union Européenne (UE) et que nous menons à la place une politique avec des concepts idéologiques sans âme, avec des visions à court terme en attendant les prochaines élections » a déclaré le prétendant au trône austro-hongrois.
La Chine, un danger pour la construction européenne
Pointant du doigt le manque de démocratie dans certains pays européens, sans les nommer, Karl de Habsbourg-Lorraine a aussi averti sur les dangers que faisaient courir la Chine sur l’Europe. « Il est également honteux de voir combien de fois la Chine a réussi à diviser l’U. E. sur Les questions des droits de l’homme. Il ne s’agit pas de parler ce qui est généralement défini comme une ingérence dans leurs affaires intérieures, c’est-à-dire une critique directe de la politique chinoise des droits de l’homme, par exemple contre les Ouïghours, mais plutôt le fait que la Chine tente à nouveau réduire ces droits, de nous influencer dans le sens de sa propre idéologie communiste » a tempêté le fils d’Otto de Habsbourg-Lorraine.
Heute hielt unser Präsident Karl #Habsburg die « Rede zur Zukunft Europas » – mit Gedanken, Grundsätzen & Impulsen für #Europa!
Außen- & Sicherheitspolitik, Rechtsstaatlichkeit & #Freiheit müssen in Europa mehr Gewicht haben.
Europas Stärke liegt auch in seiner Seele & Identität pic.twitter.com/0M9qaNcSde
— Paneuropa Österreich (@paneuropa_at) January 11, 2022
Défendre la liberté démocratique en Biélorussie
Alors que les défis géopolitiques pour l’Europe deviennent de plus en plus importants, Karl de Habsbourg-Lorraine a exigé des pays membre de l’UE que « le principe de souveraineté européenne soit remis au centre des questions de politique étrangère et de sécurité, afin qu’elle soit clairement orientée vers les valeurs et les intérêts européens ». Afin d’illustrer ses propos, l’ancien élu européen a pris comme exemple le cas de la Biélorussie qui agite toutes les chancelleries et menace de dégénérer en conflit entre pays-membres de l’OTAN et la Russie. « Une politique étrangère européenne digne de ce nom doit durcir les sanctions afin de contraindre Moscou et Pékin de laisser tomber [le président-ndlr] Loukachenko. La liberté et la dignité humaine font partie de l’âme et de l’identité européenne. Les abandonner pour une raison quelconque dans le cas de la Biélorussie serait contraire à cette idée paneuropéenne que je revendique ici » a ajouté l’archiduc citant Robert Schuman, Jacques Delors, pères de la construction européenne, ou encore le Pape Pie IX.
L’heure des mouvements populistes
Réclamant l’ouverture de l’UE à d’autres pays de l’Est comme l’Ukraine et la Géorgie, Karl de Habsbourg-Lorraine a également critiqué la gestion de la pandémie de Covid-19, un virus dont il a été la première victime en mars 2020. « Nous avons atteint une situation où chaque citoyen de chaque état pense que celui-ci doit précisément défendre une certaine idée des libertés individuelles. Il est logique que cela conduise à un conflit qu’aucun gouvernement (et aussi aucune opposition) ne peut résoudre » constate l’archiduc. « À proprement parler, les défis auxquels nous avons été confrontés avec ce virus auraient dû renforcer l’Europe, l’Union européenne et l’unification européenne. Si l’on évalue la situation aujourd’hui, près de deux ans après le début de cette pandémie, force est de constater que malheureusement c’est le contraire, que les tendances à la division sont plus fortes aujourd’hui qu’avant » déplore le prétendant au trône austro-hongrois. « Le résultat est une perte massive de confiance dans la politique européenne par nos compatriotes. C’est désormais l’heure des populismes » confesse le prince impérial qui ne cache pas son animosité face à la résurgence nationaliste, la même qui a conduit à une guerre mondiale sur le vieux continent selon lui.
Le Mouvement paneuropéen fête son centenaire
Fondée en 1922 par Richard Coudenhove-Kalergi, le Mouvement paneuropéen fêtera son centième anniversaire cette année. Président de la section autrichienne depuis 1986, Karl de Habsbourg-Lorraine a occupé un poste de député européen entre 1996 et 1999, aux côtés de son père, Otto. Inamovible député européen durant presque trois décennies, ce dernier a également dirigé le mouvement paneuropéen de 1973 à 2004. Très engagé dans le combat européen, le nom de Karl de Habsbourg-Lorraine a été proposé en 2019 comme Président de l’Union européenne sans être retenu pour autant.
Frederic de Natal