Après un an de querelle familiale intense, Misuzulu ka Zwelithini sera couronné aujourd’hui roi des Zoulous lors d’une cérémonie traditionnelle en Afrique du Sud qui s’annonce haute en couleur.

Bayete Nkosi ! (Salut Roi). Des milliers de personnes en tenues traditionnelles, toutes en peau de Léopard et iklwa (sagaies) comprises, sont attendues pour le couronnement du roi Misuzulu ka Zwelithini qui doit avoir lieu, ce samedi, au palais de KwaKhangelamankengane. Le monarque sera revêtu de la peau de lion inhérente aux rois des Amazoulous (fils du ciel) et devra rendre hommage ses ancêtres au sein du kraal (village) sacré avant d’être officiellement proclamé souverain. Tant devant les morts que les vivants. Le couronnement aura lieu dans un endroit secret, seulement connu des membres de la maison royale. « Aujourd’hui, le roi sera reconnu par toute la Nation zouloue » a simplement expliqué la princesse Ntandoyesizwe Zulu à l’AFP.

Un Game of Thrones africain

Âgé de 48 ans, fils de la troisième épouse et favorite de son père, Misuzulu ka Zwelithini a été au centre d’un long et féroce Game of Thrones qui a tenu en haleine toute l’Afrique du Sud durant une année. Une affaire riche en rebondissements divers. Certains membres de la famille royale affirment toujours qu’il n’était pas l’héritier légitime et que le testament du défunt roi Goodwill Zwelithini (1948-2021) a été falsifié. Divers prétendants au trône se sont opposés à Misuzulu ka Zwelithini. En vain. La justice a tranché en faveur du nouveau souverain, également neveu du roi Mswati III de l’Eswatini. Pour autant, une faction séditieuse, minoritaire, a décidé de proclamer le prince Simakade comme nouveau souverain.

Si la monarchie Zouloue n’a pas de réels pouvoirs politiques, elle demeure toutefois une force d’influence non-négligeable capable de secouer les institutions fédérales, représentant un cinquième de la population sud-africaine actuelle. Elle  bénéficie d’un budget annuel de 4 millions d’euros. 75000 euros sont également attribués  mensuellement par le gouvernement au monarque. Un souverain qui tire également des revenus sur plus de 30 000 kilomètres carrés de terre qu’il possède à titre exclusif.

L’histoire de la monarchie Zoulou débute au XIXème siècle lorsque le roi Shaka KaSenzangakhona (1787-1828) fonde un empire militaire craint par toutes les tribus d’Afrique australe. En  janvier 1879, les impis (régiments) zoulous battent les troupes britanniques à la bataille d’Isandhlwana, peu de temps après le décès du prince Louis-Napoléon, tué lors d’une escarmouche. Démantelé en 1883, ce n’est qu’un siècle plus tard que les autorités sud-africaines décident de recréer un bantoustan pour les zoulous. Toute l’histoire zoulou du XXème siècle a été marquée par la lutte entre partisans de l’Inkhata (IFP) du prince Buthelezi  et ceux de l’African national congress (ANC) de Nelson Mandela.  Depuis le fratricide dont a été victime l’empereur Shaka, 7 souverains se sont succédés sur le trône zoulou, certains assassinés, d’autres destitués au cours de complots familiaux.

Frederic de Natal