Empereur byzantin, auteur d’un célèbre édit religieux, Constant II Héraclius a été assassiné dans son bain par son serviteur. Aujourd’hui encore, les historiens n’ont toujours pas trouvé le(s) commanditaire(s) ni la raison de ce meurtre.
Constant II Héraclius a tout juste 11 ans quand il monte en 641 sur le trône byzantin secoué par une violente querelle de succession. Si la régence est dirigée par le patriarche Paul II de Constantinople, la réalité du pouvoir est exercée par le général Valentin, très ambitieux. Il marie sa fille Fausta au jeune souverain puis tente d’usurper lui-même le trône. Une décision qui provoque une révolte populaire et qui lui sera fatale (644). Affaibli, l’empire perd ses territoires nord-africains au profit des Arabes qui ravagent cette partie de l’Afrique durement conquise un siècle auparavant. Les conflits religieux se multiplient, notamment celle du monothélisme (Constant II fait embastiller et déporter en 652 le pape Martin Ier élu sans son aval), les révoltes également. Pis, en 646, l’exarque de Carthage, Grégoire le Patrice, se proclame empereur et défenseur de la foi orthodoxe. Le cousin du monarque trouve un soutien de taille chez les Berbères romanisés. Il entend préserver l’Afrique byzantine et projette même de se tailler une part du lion. Grégoire ne pourra pas mener son projet à terme. Il est arrêté un an plus tard par les Arabes. Les récits divergent sur son sort. Certaines sources affirment qu’il est mort au cours d’une bataille, d’autres qu’il a survécu et a rejoint Constantinople, pardonné par Constant II.
Un assassinat bien mystérieux
L’empereur va tenter de consolider son empire malmené dans les Balkans. Il fera d’ailleurs un passage à Rome, en 662, qu’il pille en quantité afin de payer et nourrir ses nombreuses troupes. Ce sera d’ailleurs la dernière visite d’un souverain byzantin dans l’ancienne capitale de l’Empire romain d’Occident. Six ans plus tard, l’empereur Constant II, à qui l’on doit un célèbre édit, meurt dans sa retraite occidentale de Syracuse, assassiné dans son bain par son serviteur prénommé André. Un meurtre qui reste mystérieux car, encore aujourd’hui, personne ne sait ce qui a motivé ce geste. Diverses théories ont été élaborées afin de tenter de résoudre cette énigme. On peut exclure la responsabilité du général Mezezius, proclamé empereur malgré lui par les troupes « parce qu’il était de belle prestance et dans la fleur de l’âge » nous indique l’historien Théophane, et qui payera de sa vie cette trahison (669). Les témoins de cette époque évoquent Constant II comme un souverain despotique, violent qui n’a pas hésité à faire tuer son frère jumeau Théodose, un valeureux officier dont le seul tort avait été de se convertir aux préceptes de la religion monothélite. La vengeance serait peut-être un des mobiles du meurtre. Installé en Sicile, l’empereur aurait accablé l’île d’impôts, suscitant une colère générale. Un Sicilien aurait payé l’esclave grec de l’empereur pour qu’il attente à la vie de Constant II. Une autre thèse évoque le mécontentement des Byzantins, irrités de voir leur souverain vivre hors des murs de Constantinople et qui auraient ourdi un complot . Une lettre du pape Grégoire II parle même d’une conspiration fomentée par des évêques qui considéraient l’empereur comme hérétique. Pourtant, il existe peu d’éléments crédibles à toutes ces possibilités.
Toutefois, celle qui fait consensus, parmi les historiens, reste un assassinat orchestré par son ennemi, le calife Muawiyah, qui craignait que Constant II ne reprenne pied en Afrique du Nord. Le début d’un indice pour un mystère qui reste entier.
Frederic de Natal