La date n’a pas été choisie au hasard. Le 25 décembre 800 à Rome, Charlemagne est couronné empereur d’Occident par le Pape Léon III en présence de toute la cour carolingienne et des plus hautes autorités de l’Empire. L’évènement est à la hauteur de cette journée, une des plus importantes du calendrier chrétien.  Une fête qui marque la naissance du Christ à Bethléem et que la Cour de France des Carolingiens aux Bourbons en passant par les différentes branches des Capétiens vont mettre un point d’honneur à respecter.  La Revue Dynastie vous invite à Versailles afin de fêter Noël avec les rois de France. 

Noël à Versailles. Dynastie/châteaudeVersailles/screenshot/Youtube

 

Rois de France, Rois très Chrétiens, Vicaires du Christ sur la Terre, ondoyés durant le Sacre, tous se doivent de respecter cette fête en bon chrétien, loin de la grande messe de la consommation que l’on connait depuis le milieu du XXème siècle. On attribue au mot Noël deux origines possibles : la première hypothèse est qu’il viendrait du latin natalis dies (le jour de la naissance), et la seconde serait une racine gauloise noio (nouveau) hel (soleil) ayant trait au solstice d’hiver. La fête de la Nativité est l’une des plus anciennes de la chrétienté. Elle a conservé jusqu’au XIXème siècle un caractère essentiellement religieux. Dès le Moyen Age, Noël est précédé par le temps de l’Avent qui permet de se préparer à la venue du Christ. Ce temps est marqué par une période de jeûne qui se clôt le soir du 24 décembre par la messe de minuit. Vient ensuite le temps de fêter la naissance du Christ, paré de ses plus beaux atours en consommant les meilleures victuailles. À Versailles, à Chambord, sous l’Ancien Régime, comme dans les autres cours chrétiennes d’Occident, Noël sera entièrement consacré à la pénitence et au recueillement.

Vierge Marie. Dynastie/châteaudeVersailles/screenshot/Youtube

Noël à la Cour de France

Au XVIIème et au XVIIIème siècle, c’est un protocole strict qui encadre les fêtes de Noël à la Cour, et plus particulièrement à Versailles. La période de Noël est essentielle pour la Cour de France. En France, Fille ainée de l’Église, cette période est marquée par une grande dévotion où la religion occupe la première place. Durant le temps de l’Avent les festivités sont proscrites. Louis XIV fait même interdire les spectacles. La journée du 24 décembre est une journée ordinaire, ponctuée par des moments de recueillement, le roi se confesse, travaille et prie. La tradition veut que la vieille de Noël, le roi de France, «  Roi thaumaturge », touche les malades des écrouelles : « Le roi te touche, Dieu te guérit ». Le soir du réveillon n’en est pas plus festif. Vers 21h, le souverain prend un repas maigre dans le prolongement du jeûne de l’Avent. A cette occasion la famille royale consomme du poisson, et des crustacés. C’est de là, dit-on , que viendrait la tradition de déguster des huitres lors de la soirée du 24 décembre. Vers 22h, le monarque accompagné de la Famille royale et de toute la Cour se rend à la chapelle pour la messe de minuit. Une tradition datant du VIIème siècle faisait de la messe de Noël une succession de trois messes : la première messe s’appelait « messe des Anges », la seconde « messe des Bergers » et la troisième « messe du Verbe divin ».

Après la messe de minuit qui marque la fin du jeûne, toute la Cour est invitée à partager le Dîner de Noël. Le Champagne apparu sous Louis XIV, découvert par Dom Pérignon coule à flot et la dinde, importée d’Amérique est servie pour la première fois à la table du roi. Enfin le 25 décembre, le roi, la famille royale et la Cour assistent à la Grande Messe suivie d’un banquet qui clôt les festivités de Noel. A la Cour de France il n’est point question de grands sapins trônant au milieu de la galerie des Glaces. Ce dernier est issu d’une tradition germanique. La princesse Palatine, belle-sœur du Roi Soleil, puis la Reine Marie Leszczynska tenteront de l’importer à la Cour sans succès. Cette tradition était jugée trop païenne pour la très pieuse Cour de France. Il faudra attendre le XIXème siècle pour voir un sapin dressé aux Tuileries. C’est la princesse Hélène de Mecklembourg, épouse du duc d’Orléans, le fils ainé du roi Louis-Philippe, qui introduira enfin cette tradition en France. Tradition qui sera repris par la Bourgeoisie puis par le peuple.

Hélène de Mecklembourg. Dynastie/châteaudeVersailles/screenshot/Youtube

Noël, fête chrétienne entièrement dévolue à la religion et à la charité

Les traditions de Noël que nous connaissons se sont en réalité constituées au fil du XIXème siècle. Outre-Manche, c’est le prince Albert de Saxe-Cobourg, époux d’origine allemande de la Reine Victoria, qui introduira cette tradition à la Cour de Saint-James. Les crèches de Noël sont en revanche une tradition à la Cour de France. Plus bibliques, Louis XIV les encouragera sous l’impulsion de la pieuse Madame de Maintenon.  De même la tradition de la bûche est attestée dès le règne d’Henri IV. Elle consiste en une bûche mise au feu le soir de Noël et qui devait brûler lentement durant toute la nuit de la nativité. Le soir du réveillon de Noël, les Fils et Filles de France ne se voient pas offrir de cadeau. Noël est une fête chrétienne entièrement dévolue à la religion et à la charité. A la Cour c’est pour célébrer la nouvelle année que l’on s’offre des cadeaux : les Étrennes. Du latin Strena signifiant « présage » les Étrennes symbolisaient un heureux présage pour l’année à venir. Le Roi et les membres de la Famille Royale offraient des présents aux membres de leur Maisons : tabatière en or, bijoux … Le Roi Soleil de son côté préférait offrir une somme d’argent qu’il considérait comme plus utile.

Il faudra attendre le XIXème siècle, sous l’impulsion de la grande bourgeoisie et l’arrivée des grands magasins, pour que des cadeaux soient déposés le soir du 24 décembre au pied du sapin.

Arnaud GABARDOS