Invité personnellement par le prince Charles de Galles, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, s’est rendu Écosse afin de le rencontrer. Au menu des discussions, l’intérêt porté par le fils de la reine Elizabeth II au palais royal de Tatoi. Une visite qui a provoqué une polémique dans le pays de Périclès et de Démosthène suivi d’une violente passe d’armes entre partis politiques au Parlement.
Dumfries House est un domaine du XVIIIe siècle situé dans l’Ayrshire écossais et qui est géré par la fondation du prince Charles de Galles. C’est ici que le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, s’est rendu le 26 avril afin de répondre à l’invitation du fils de la reine Elizabeth II. Au cours de leur échange, l’héritier au trône britannique et le chef du gouvernement grec ont discuté sur la manière de préserver l’ancien domaine royal de Tatoi, Ce n’est pas la première fois que le prince Charles de Galles, qui revendique très fièrement ses origines paternelles, porte son regard sur le palais royal occupé par le roi Constantin II. Dernier souverain de Grèce, le cousin de la reine Elizabeth II avait été contraint à l’exil en raison d’un putsch organisé par des officiers militaires en 1967.
Un palais en rénovation
Lors du bicentenaire de l’indépendance grecque, à laquelle il avait été convié en mars 2021, le prince Charles de Galles avait déjà évoqué le sort du palais royal qui a échappé de peu aux incendies qui ont ravagé le nord d’Athènes cinq mois après cette visite royale. Un palais longtemps abandonné par le gouvernement grec, objet d’un litige entre le gouvernement socialiste (PASOK) et le souverain devant la Cour européenne des droits de l’homme, et qui fait depuis quatre ans en rénovation complète. Un musée et complexe hôtelier devraient bientôt ouvrir sous peu mais dont les chantiers ont été retardés en raison de la crise de covid-19 qui a secoué le Grèce comme le reste de l’Europe. Au cours des travaux de restauration, des centaines d’objets de différentes tailles, appartenant tous à l’ancienne famille royale de Grèce, ont été trouvés dans un certain nombre de bâtiments différents sur le terrain du palais de Tatoi. Parmi les découvertes, figuraient un total de soixante-dix valises et malles, toutes supposées appartenir à la reine Frederika de Hanovre, un lot de calèches royales et une cave à vin royale remplie de boissons alcoolisées rares, jugées inestimables. Des objets personnels du roi Constantin II ont été également retrouvés, ultime témoin des dernières heures de la monarchie grecque abolie en 1973.
It was a great privilege to join HRH at Dumfries House today and deepen the cultural ties between our two countries. An inspiring visit where I saw first hand how the Prince’s foundation puts sustainability, education and training into action to transform lives. @clarencehouse pic.twitter.com/TMuwFPUgNT
— Prime Minister GR (@PrimeministerGR) April 26, 2022
Le Premier ministre grec accusé de sympathies royalistes
« Cela a été un grand privilège de rejoindre Son Altesse royale à Dumfries House et d’approfondir les liens culturels entre nos deux pays. Une visite inspirante où j’ai vu de mes propres yeux comment la Fondation du Prince est engagé dans le développement durable, l’éducation et la formation (aux méthodes de production alimentaire et de jardinage-ndlr) » a tweeté le Premier ministre grec peu de temps après cette rencontre. Selon le dirigeant de la Nouvelle Démocratie (ND), en charge des affaires de son pays depuis 2019, la gestion de Dumfries House est à prendre en compte pour celle à venir de l’ancien palais de Tatoi dont il souhaite faire un nouvel espace vert près de la capitale. Un séjour qui n’a pourtant pas été du goût de l’extrême-gauche grecque. Syriza a accusé publiquement Kyriakos Mitsotakis d’entretenir délibérément des amitiés royalistes avec la famille royale britannique et a dénoncé « une tentative de promotion de retour de la monarchie en faveur de Monsieur Glucksbourg » comme est surnommé par ses détracteurs le roi Constantin II.
Η σημερινή ηγεσία της ΝΔ επιβεβαίωσε ξανά πως το κόλλημα που έχει με τους Γλύξμπουργκ είναι διαχρονικό και αταλάντευτο
[Απάντηση του Γραφείου Τύπου του ΣΥΡΙΖΑ-Προοδευτική Συμμαχία στο Γραφείο Τύπου της ΝΔ – https://t.co/iyyiedB2Bn] pic.twitter.com/ON4hU9mByD— ΣΥΡΙΖΑ (@syriza_gr) April 26, 2022
Une visite polémique
« La direction actuelle du ND vient de confirmer le lien qu’elle entretient avec le Glücksburg semble intemporel et inébranlable. (…) Afin de réécrire les pages les plus sombres de l’histoire grecque moderne, M. Mitsotakis n’hésite pas à insulter des milliers de combattants républicains, mais aussi son propre parti. Il serait bon que M. Mitsotakis se rende compte qu’il doit agir, tant chez lui qu’à l’étranger, en tant que Premier ministre élu et non en tant qu’auxiliaire de Glücksburg » a déclaré le porte-parole de Syriza sur son site officiel. Une polémique qui s’est poursuivie au Parlement. La Nouvelle Démocratie a répondu au parti de l’ancien Premier ministre Alexis Tsipras en lui rappelant que ce dernier avait lui-même reçu le prince Charles en 2008. « On sait que le mensonge et l’hypocrisie sont parties intégrantes du corpus de SYRIZA. Lorsque M. Tsipras a reçu le prince Charles à Athènes en 2018, il n’a pas hésité à parler d’une visite marquante. Aujourd’hui, alors que le Premier ministre, a a accepté l’invitation du prince Charles, le rencontre en Ecosse, Syriza se vautre dans diverses théories du complot incompréhensibles. Et ils se demandent pourquoi personne ne les prend au sérieux » a répondu à son tour le porte-parole du parti de la droite grecque.
En octobre 2021, le mariage du prince Philippos, dernier fils du roi Constantin II, avait provoqué des manifestations inattendues de soutien à la maison royale à Athènes, provoquant l’irritation de certains médias d’opposition. Affaibli par la maladie, à 81 ans, retiré de la vie politique, il est cependant peu probable que le monarque retrouve ses regalia. Selon un sondage daté de 2007, seuls 12% des Grecs souhaitent aujourd’hui la restauration de la monarchie. Des querelles byzantines au goût phanariote bien loin des préoccupations du prince Charles qui entend désormais laisser son empreinte dans l’histoire tumultueuse de la famille de naissance du duc d’Edimbourg, son père.
Frederic de Natal