En renonçant subitement à ses droits au trône le 28 avril dernier, le prince Pierre Karageorgévitch a suscité un vif débat sur les réseaux sociaux. Les conditions dans lesquelles se sont effectuées cette renonciation, objet de toutes les questions, a contraint la Maison royale de Serbie à clarifier la situation et à tenter d’apaiser les tensions à l’heure où le monarchisme serbe connaît une résurgence inattendue.

Le 28 avril 2022, le prince Pierre (Petar) Karageorgévitch, 42 ans, a annoncé qu’il renonçait à ses droits au trône pour lui et ses (éventuels) descendants afin de « poursuivre sa vie à Séville ». Il est « dans l’intérêt de la dynastie que le prince héritier vive avec sa famille en Serbie » a expliqué héritier au trône de Serbie dans son communiqué. Une « abdication » comme le souligne la presse serbe dans ses éditions qui s’est effectuée devant de nombreux témoins, dont le prince Filip (Philippe) son frère, désormais premier dans la ligne de succession. Très rapidement des photos de cet événement ont été relayées sur les réseaux sociaux afin de lever tout ambiguïté mais sans pour autant apporter les réponses aux nombreuses questions que cette renonciation a suscité. La Maison royale de Serbie a décidé de publier un communiqué officiel afin de clarifier la situation.

Le prince Filip (gauche) et le prince Pierre (droite) @courtoisieprinceFilip/facebook

Une renonciation qui n’est pas conforme aux règles de la maison royale de Serbie

« Concernant le retrait de mon fils aîné, le prince Pierre, de la ligne de succession, je lui souhaite tout le meilleur pour l’avenir, bonne santé et bonheur. J’apprécie son honnêteté concernant la décision difficile qu’il a prise » a déclaré le prince Alexandre de Serbie avant que le communiqué ne prenne un autre ton. « Ce problème m’a été signalé rapidement, alors que j’étais à l’étranger, en raison d’obligations antérieures. Malheureusement, une procédure aussi cruciale et importante n’a pas été suivie correctement, conformément à la tradition et aux règles de la famille royale, et (…) que tous les membres de la famille royale doivent respecter. Cet événement et cette procédure de renonciation n’ont pas eu lieu au Palais Royal, en Serbie, avec ma présence et mon autorité en tant que chef de la famille royale, avec la bénédiction de notre Sainte Église et avec la participation du Conseil de la Couronne, mais dans un pays étranger, sans qu’il n’y ait une bonne raison de procéder à cela aussi loin de notre patrie » a regretté le prince Alexandre qui prend cependant acte de la décision de son fils.

Le prince Filip et son épouse @Facebook/coutoisiePrinceFilip/Dynastie

Une décision saluée par les partisans du retour de la monarchie

Le Mouvement pour le renouveau du Royaume de Serbie (POKS), dont le président est Vojislav Mihailović, petit-fils du célèbre résistant tchetnik du même nom, a salué une décision « sage et juste » de la part du prince Pierre. « Le royaume a été violemment, illégalement, inconstitutionnellement et anti démocratiquement aboli en 1945. Le peuple n’a jamais voté pour cette décision, ni ne l’a soutenue lors du référendum, donc les monarchistes ne l’ont jamais reconnue, et ils ne le feront pas non plus. Pour nous, Alexandre II est le roi légitime de Serbie, et le futur roi après lui sera Philippe Ier, si le roi est d’accord avec cette décision, qui est nécessaire selon les règles de la Maison royale » a ajouté ce mouvement monarchiste. Une mouvance, tous partis royalistes confondus, qui a fait son grand retour au parlement lors des élections législatives du 3 avril dernier avec une vingtaine d’élus siégeant au Parlement.

Une fois sa position d’héritier actée, le prince Filip s’est rendue dans la nécropole de ses ancêtre afin de leur rendre hommage. « La famille royale de Serbie continuera de servir le peuple avec dévouement, honnêteté et loyauté, ce qui est pour nous une obligation et un devoir » a ajouté le prince Alexandre de Serbie en guise de conclusion. Un communiqué censé apaiser les controverses nées de cette renonciation, rejoint par le Conseil de la Couronne qui a rappelé que cette décision « n’aurait pas d’impact sur l’avenir tant elle était attendue ».

Frederic de Natal