En renversant le maréchal Antonescu en 1944, à peine âgé de 23 ans, le roi Michel Ier est devenu un véritable héros national aux yeux des roumains qui adulent ce souverain au destin chaotique. Il a restauré la démocratie mais ses compatriotes ne vont y gouter que très brièvement. Le rouleau compresseur soviétique déferle déjà sur ce pays des Balkans et va bientôt imposer ses pions aux côtés du souverain qui fait de la résistance. Trop pour Moscou qui décide de se débarrasser du monarque en le forçant à abdiquer. Il refuse une première fois mais Petru Groza, le premier ministre communiste lui indique qu’il n’hésitera pas à faire fusiller 200 étudiants monarchistes raflés la veille. Le palais royal est entouré de chars appartenant à une division prosoviétique et les lignes de téléphone ont été coupées. Le roi a même été espionné par sa propre tante, la princesse Elizabeth, très proche de Staline, et qui convoite le trône pour son propre fils. On dit que le Premier ministre a pointé un pistolet sur la tempe de sa mère, la reine Hélène. Michel Ier n’a plus le choix. Il s’exécute et n’aura qu’une semaine pour quitter un pays qui va garder secrètement des portraits de lui dans ses greniers durant un demi-siècle.
Frederic de Natal