« Stop au massacre du paysage », « Non aux éoliennes », « Vent debout contre les éoliennes » … Les slogans anti-éoliennes se multiplient en France depuis quelques années. Pour y répondre, le ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a présenté début octobre une série de mesures dont la création d’un « médiateur de l’éolien », chargé de traiter les dossiers les plus polémiques. Il se murmure même que le sujet de l’éolien pourrait être un des débats de la présidentielle. Pourtant, la transformation de l’énergie éolienne est quasiment millénaire !

Vieille éolienne

C’est au cours du  Xe siècle que des constructions gigantesques  vont permettre de transformer la force du vent en énergie mécanique : les moulins à vent. Apparu en Perse, le moulin à vent se généralise en Europe à partir du XIIe siècle. Son apparition progressive entraîne avec lui une véritable révolution de l’énergie, débutée avec les moulins à eau : la matière première de l’énergie n’est plus la force de l’homme ou de l’animal mais provient d’une matière naturelle brute. Au Moyen-Age, le moulin tenait une place importante dans les activités des villes et des villages permettant de moudre les différentes céréales récoltées. Propriété seigneuriale, les paysans devaient payer les droits de banalités pour utiliser cette sorte de service public d’avant-garde. Dans le subconscient national, l’image du moulin à vent reste très positive, nous faisant voyager à travers les toiles des peintres flamands ou dans l’Espagne de Don Quichotte. Les moulins à vent de Kinderdjik (Pays-Bas) sont même inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1997.

Alors pourquoi aujourd’hui, les éoliennes n’ont pas le vent en poupe ?

Parc éolien en mer (Belgique). © Hans Hillewaert

Au-delà de la différence de taille (en moyenne 20 mètres pour un moulin à vent contre 150 mètres pour une éolienne), la différence essentielle réside dans l’utilité ressentie par les habitants des environs du moulin ou de l’éolienne. Alors que le moulin est un outil indispensable dans la société locale du Moyen-Âge, les éoliennes produisent une électricité distribuée à grande échelle. Autrefois, sans moulin à vent, les paysans devaient moudre leur grain avec une meule tractée par un animal, voire à la main. Aujourd’hui, l’absence d’éolienne sur un territoire n’implique pas un manque d’électricité.  Sans entrer dans les polémiques habituelles sur l’opportunité d’installer des éoliennes, les éoliennes ne devront leur salut qu’à la restauration d’un lien intrinsèque avec la production d’énergie électrique. Par exemple en réorganisant le réseau de distribution d’électricité, pour former de multiples ilots indépendants plutôt qu’un grand réseau national centralisé.

Enfin, les éoliennes ne pouvant fournir de l’énergie électrique en permanence, les Français seraient amenés à modifier leur mode de consommation d’énergie. A moins de s’appuyer sur des innovations actuelles, comme le nucléaire.

Jean-Benoît Harel