Ce week-end, un parti maori de centre-gauche a créé la surprise en déclarant publiquement que la question de la sécession de la Nouvelle-Zélande devrait être posée au décès de la reine Elizabeth II. Une demande de « divorce » pourtant rejetée par la Première ministre républicaine Jacinda Arden et l’ensemble des kiwis.

Si les hommages ont été nombreux pour l’anniversaire des 70 ans de règne de la reine Elizabeth II, le député maori Rawiri Waititi a profité de cet évènement pour se rappeler au bon souvenir de la couronne britannique. Seul élu de son mouvement au parlement Kiwi, « Il est temps de couper les ponts » avec le Royaume-Uni au décès de la souveraine, chef d’état de la Nouvelle-Zélande, a déclaré le député à la presse locale. Selon lui, « si on considère le pacte fondateur comme un mariage entre tangata whenua [peuple autochtone] et la couronne, alors [le traité de] Te Tiriti est l’enfant de ce mariage » et cela nécessite de prendre son indépendance.  Une déclaration qui est loin d’être anodine puisque le 6 février est aussi une date anniversaire dans cette île du Pacifique. En effet, elle correspond également à celle du Traité de Waitangi, signé il y a 182 ans entre les britanniques et les chef tribaux maoris après des décennies de guerre. Un accord de paix qui reste toujours très controversé en raison d’une traduction en maori qui diffère de celle rédigée initialement en anglais.

Rawiri Waititi (gauche) et Jacinda Arden (droite) @Dynastie

Un traité controversé

Selon la version anglaise, celle-ci affirme que « les Maoris cèdent la souveraineté de la Nouvelle-Zélande à la Grande-Bretagne, donnent à la Couronne un droit exclusif d’acheter les terres qu’ils souhaitent vendre et, en retour, se voient garantir les pleins droits de propriété sur leurs terres, forêts, pêcheries et autres possessions et reçoivent les droits et privilèges des sujets britanniques » alors que dans la version maori,  le mot « souveraineté » a été traduit par « kawanatanga » (gouvernance), laissant sous-entendre que l’île est seulement sous la gestion de la couronne sans qu’elle n’en ait un droit de propriété. Et c’est sur cet argument que le Parti maori exige désormais la rupture des relations entre Wellington et Londres.

Tūheitia Pōtatau Te Wherowhero VII (gauche) et Elizabeth II (droite) @Dynastie

60% des Kiwis soutiennent la monarchie

Malgré tout, l’élu semble disposer de peu de soutiens. Selon un sondage publié en juin 2021, 60% des néo-zélandais ne souhaitent pas abolir la monarchie au décès de la reine et contrairement à leurs alter égos anglais, les jeunes Kiwis de 18-30 ans plébiscitent même l’institution royale avec plus de 40% . Un chiffre qui ne cesse de monter au fur et à mesure des tranches d’âge. Même la Première ministre Jacinda Arden, pourtant connue pour ses convictions républicaines, a déclaré en mars 2021 qu’il « n’y avait pas lieu d’évoquer un changement constitutionnel en Nouvelle-Zélande aujourd’hui ou demain ». Si tant est que l’île prenne son indépendance, il n’est pas certain que ce soit la République qui soit privilégiée. Car si Elizabeth II est le monarque de l’île, il en est un autre plus respectueux qui attend patiemment son heure afin de prendre sa revanche sur l’Histoire.

Un roi qui attend son heure

Roi des maoris depuis 2006, Tūheitia Pōtatau Te Wherowhero VII est un souverain constitutionnel incontournable. Il a derrière lui le Kīngitanga (parlement traditionnel), le mouvement du roi Maori, un des plus vieux partis politiques de la Nouvelle-Zélande, qui ont fait plier, tous deux,  plus d’une fois la couronne britannique comme les opposant à la famille royale. De quoi doucher les espoirs de divorce du député Rawiri Waititi qui a marqué les esprits pour avoir exécuté un Haka traditionnel en pleine séance parlementaire, il y a 9 mois et qui a été promptement exclu de l’assemblée. Des soubresauts qui n’ont pas empêché le prince William et son épouse Catherine (Kate), duc et duchesse de Cambridge, de souhaiter un bon Waitangi day , en maori et en anglais, à tous les sujets de sa Gracieuse Majesté vivant en Nouvelle-Zélande.

Frederic de Natal