Mariages chez les Romanov et bisbilles dynastiques entre deux princes issus de Pierre le Grand. Le premier est un artiste assumé et le descendant du tsar Nicolas Ier. Le prince Rostislav a épousé religieusement Foteini Georganta, rencontrée au cours du Bal russe, un événement organisé chaque année à Londres. La cérémonie a été célébrée le 12 septembre dans la cathédrale orthodoxe Saint-Alexandre-Nevsky de Paris.
Né à Lake Forest en 1985, dans l’Illinois, Rostislav Romanov est fils aîné du prince Rostislav Rostislavovich et de sa deuxième épouse Christia Ipsen, baronne Ampthill. Il a grandi dans le souvenir lointain d’une monarchie emportée par les affres de la révolution en 1917, la nostalgie d’un pays qu’il a redécouvert quelques années après la chute de l’Union Soviétique. Pour autant, il ne croit pas que les Russes souhaitent réellement la restauration de l’institution impériale. Déjà père d’un enfant âgé de 8 ans qu’il a eu avec celle qui vient de devenir son épouse, il est un des membres de l’Association de la famille Romanov qui ne reconnaît pas les droits au trône de Russie du grand-duc Georges Romanov. Il est d’ailleurs probable qu’un jour il soit lui-même prétendant au trône de Russie, se situant sur la ligne de succession préalablement établie par cette organisation fondée en 1979.
Cependant, cela ne saurait ébranler les certitudes du grand-duc Georges, qui, de son côté, a ressuscité les pompes impériales à l’occasion de son mariage célébré à Saint-Pétersbourg en présence de princes des maisons souveraines d’Europe, de prélats de l’Église russe et de membres du gouvernement. C’est le 1er octobre que ce descendant d’Alexandre II a convolé en justes noces avec Victoria-Rebecca Bettarini, fille d’un diplomate italien. Les jeunes mariés se connaissent depuis des années. Le grand-duc Georges est né en 1981, cent ans jour pour jour après l’assassinat de son quadrisaïeul le tsar. À la tête du conseil d’administration du fonds alimentaire de bienfaisance « Rus », il se dit prêt à « servir son pays » si les Russes le souhaitent.
« Si un jour la monarchie doit être rétablie, le peuple trouvera toujours dans nos maisons quelqu’un qui a été éduqué et préparé au mieux de ses capacités pour accomplir ses devoirs. Mais dans les circonstances actuelles, nos activités sont totalement apolitiques et se concentrent sur le caritatif, afin de renforcer la paix interreligieuse et civile en Russie, la préservation de son patrimoine historique, culturel et naturel, l’éducation patriotique des jeunes et la protection de l’image de la Russie malmenée par la diplomatie internationale », a d’ailleurs rappelé au cours d’un entretien le grand-duc Georges. Un Romanov qui a été l’objet de toutes les attentions du Kremlin durant la présidence de Boris Eltsine et sur lequel le monde entier vient de braquer les yeux lors de ce mariage « impérial », le premier en Russie depuis la révolution d’Octobre. Un sondage récent n’a-t-il pas indiqué que plus d’un tiers des Russes souhaiterait la restauration de la monarchie ?
Frederic de Natal