Chaque année les « Journées royales » sont l’occasion pour les Russes de se réconcilier avec leur histoire en effectuant un pèlerinage de plusieurs jours qui doit les conduire vers l’Église de Tous-les-Saints d’Ekaterinbourg. C’est ici que des dizaines de milliers de personnes ont récemment convergé, uni par une même foi, afin de prier pour le repos du tsar Nicolas II et toute sa famille, leurs compagnons d’infortune, exécutés dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 par les bolchéviques.

Après deux ans de pandémie de covid-19 et de restrictions sanitaires, la ville d’Ekaterinbourg a retrouvé son lot de pèlerins, tous rassemblés sur l’esplanade de l’Église de Tous-les-Saints d’Ekaterinbourg. Drapeaux de l’ancienne monarchie flottant au vent dans la nuit, icônes du tsar Nicolas II à la main, plus de 46 000 personnes ont participé à la commémoration du 104ème anniversaire du massacre des membres de la famille impériale de Russie par les bolchéviques. C’est ici, dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, dans le sous-sol de la maison Ipatiev qu’ils ont tous été froidement exécutés par un peloton sur ordre de Lénine. Leurs restes ont été découverts et authentifiés (bien que le débat divise autant les Romanov que les Russes eux-mêmes) grâce des analyses ADN effectuées sur leurs descendants, parmi lesquels, Philip Mountbatten, duc d’Édimbourg. Largement réhabilités depuis la chute de l’Union soviétique en 1991, Nicolas II et sa famille ont été depuis canonisés par l’Église orthodoxe.

Les Journées royales@Dynastie/ScreenshotTsargrad

 

Une page tragique de l’histoire russe 

La cérémonie a été retransmise en direct sur Tsargrad, une chaîne de télévision privée dirigée par Konstantin Malofeev, organisateur et financier principal de ce rassemblement annuel. Interviewé, l’homme d’affaires a rappelé « la nécessité de restaurer la mémoire historique russe » et préconise le retour de la monarchie comme alternative politique à la fin du mandat du président Vladimir Poutine. Une idée soutenue par un tiers des Russes selon un sondage daté de mars 2017, réalisé pour l’anniversaire du centenaire de la Révolution russe. Pour l’occasion, la ville a été fermée à toute circulation afin de laisser passer l’impressionnant cortège conduit par les autorités épiscopales de la ville, métropolite Eugène en tête. Interrogé par 66.RU, le gouverneur de la région de Sverdlovsk, Yevgeny Kuyvashev a déclaré sur son compte Telegram qu’il considérait « l’histoire du meurtre de la famille de l’empereur Nicolas II comme une partie importante de l’histoire de l’Oural ». « Cette page tragique restera à jamais avec nous, de nombreuses générations futures devront s’en souvenir et se repentir de ce péché » a ajouté le Haut-fonctionnaire. Un sentiment partagé par les participants.« Le tsar Nicolas a souffert comme le Christ à cause de son martyr. Il a pris sur lui les péchés de tout le peuple, tout comme le Christ a pris sur lui les péchés du monde entier, et nous honorons sa mémoire (…) » a expliqué un des pèlerins au micro de 66.RU.

Les Journées royales@Dynastie/ScreenshotTsargrad

Un tiers des Russes souhaitent le retour de la la monarchie

 Le commandant de l’expédition de la Station spatiale internationale, Oleg Artemiev, a également rendu hommage aux martyrs royaux en délivrant un message enregistré et filmé, rappelant qu’il avait lui-même effectué un pèlerinage à Ekaterinbourg.  Tout un symbole. Mués par la foi, simples inconnus comme membres de la famille impériale russe, présents à cette occasion selon FederalPress, ont alors suivi la cérémonie religieuse nocturne avant de se diriger à 6 heures du matin vers le lieu où ont été découverts les restes du tsar et de sa famille.  Plus de 1000 lys ont été plantés le long du chemin afin d’honorer la tsarine Alexandra dont c’était la fleur favorite. De nombreuses conférences, expositions et rencontres ont ponctué cette célébration, la trentième depuis qu’elle a été mise en place et autorisée en 1992 par le président Boris Eltsine.

Ironie de l’histoire, c’est ce dirigeant russe qui avait ordonné la destruction de la maison Ipatiev en 1977 alors qu’il était, à cette époque, le jeune Premier secrétaire du Parti communiste de Sverdlovsk. L’ancien nom donné par les Soviétiques à Ekaterinbourg,  en hommage à celui qui avait contresigné l’ordre d’exécution des Romanov.

Frederic de Natal