Le 7 décembre prochain, elle aura 18 ans. A l’occasion de cet anniversaire vient de paraitre au Pays-Bas, un livre intitulé « Amalia », du prénom de la princesse Catharina-Amalia, d’Orange, fille et héritière du roi des Pays Bas. La biographie de la princesse écrite par la comédienne et chanteuse néerlandaise Claudia de Breij, est basée sur une série d’entretiens réalisés en personne, d’e-mails et d’échanges WhatsApp. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur cette jeune princesse, souriante et espiègle, tant appréciée par ses concitoyens mais en proie à de terribles doutes.
Princesse néerlandaise
Catharina-Amalia des Pays-Bas, princesse d’Orange-Nassau, est née à La Haye le 7 décembre 2003. Elle est la fille ainée du roi Willem Alexander des Pays-Bas et de son épouse la reine Maxima. A travers son sang, coule l’histoire des bataves, des argentins et celle des allemands. Des origines hétéroclites qui la place au cœur de l’Europe dynastique. Tout n’était pourtant pas gagné pour ses parents qui se sont rencontrés en 1999 à Séville. Willem-Alexander cachera même pendant plusieurs semaines son statut royal à Maxima. L’annonce de l’idylle entre celui qui n’est encore que prince héritier et la pétillante argentine va rapidement susciter une forte réprobation de la part des néerlandais. En effet le père de la fiancée, ancien ministre, est soupçonné d’avoir participé à la guerre civile argentine et ordonné certaines exécutions. Une commission chargée d’enquêter sur ce sujet a rendu un rapport disculpant Monsieur Zorreguieta. Le mariage sera finalement célébré en 2002.
Baptisée, avec l’eau du Jourdain, dans la foi protestante comme tous les membres de la famille royale, Catharina-Amalia fut longtemps préservée par ses parents de la vie publique. Le roi et la reine ont d’ailleurs très tôt demandé aux journalistes de ne pas photographier la princesse d’Orange et ses sœurs (Alexia née en 2005 et Ariane en 2007.) dans leur cadre scolaire. Jusqu’à présent, toutes ses apparitions publiques se faisaient en famille. Notamment lors du « jour du roi » (Koningsdag), ou encore pour la journée du bénévolat où la famille royale est très investie.
Héritière d’une dynastie européenne
Le 30 avril 2013, la reine Béatrix des Pays-Bas prend une décision qui s’inscrit dans une tradition familiale. En abdiquant au profit de son fils devenu le roi Willem-Alexander, ce dernier est aussi le premier homme à accéder au trône des Pays-Bas depuis près d’un siècle. La dynastie de Nassau descend du comte Guillaume Ier de Nassau qui va marquer de son empreinte l’histoire européenne de la Renaissance. A la fin du XVIème siècle, les Provinces des Pays-Bas espagnols se révoltent contre le pouvoir de Madrid alors représenté par la régente Marguerite de Parme. Le prince d’Orange, puissant noble au service du roi d’Espagne, prend la tête de la rébellion. En mai 1581, les états généraux des Provinces-Unies du nord proclament la déchéance du roi Philippe II d’Espagne. Guillaume d’Orange est proclamé stadhouder de Hollande, Zélande et Frise. Equivalant au titre de Protecteur. Le destin d’une nation vient de basculer. Ce n’est qu’en 1813 que les princes d’Orange accèdent à la dignité royale avec la proclamation de Guillaume Ier comme Roi des Pays-Bas. Son arrière-petite-fille Wilhelmine deviendra en 1890 la première souveraine des Pays-Bas, un royaume déjà ouvert sur un siècle de modernités en tout genre. Catharina-Amalia est le fruit de cette histoire, l’héritière de cette dynastie née dans la révolte, pour l’indépendance. Ses parents, comme sa grand-mère Béatrix dont elle est très proche, lui ont enseigné l’histoire de sa famille et expliqué quelles seraient ses obligations tout en la préservant au maximum du poids de sa charge et de l’exposition médiatique.
Princesse d’Orange
Lors de l’intronisation de son père, le 30 avril 2013 Catharina-Amalia est devenue Princesse d’Orange. C’est un titre qui remonte au XIIème siècle. Passé à la maison de Nassau en 1544 , il devient l’apanage de tous les héritier(e)s au trône dès 1815. En juin dernier, elle a décroché l’équivalent du baccalauréat néerlandais. Selon la tradition, afin d’annoncer la nouvelle à ses concitoyens la Princesse a hissé le drapeau national au-dessus du Palais-Royal de La Haye. A cette occasion, la princesse a envoyé un courrier au premier Ministre afin de l’informer renonçait à la subvention annuelle de 110.000 euros qu’elle aurait dû percevoir au lendemain de ses 18 ans en tant que princesse héritière. Elle a également annoncé, comme traditionnellement dans la famille royale des Pays-Bas, prendre une année sabbatique pour voyager et apprendre autrement sur le monde et ses obligations que dans une salle de classe. Parallèlement à la vieille de son dix-huitième anniversaire, vient de paraitre la biographie de Catharina-Amalia. Cet exercice est un rituel pour les membres de la famille royale au moment du passage à leur majorité. Un moyen d’être mieux connu par le peuple des Pays-Bas.
Cavalière passionnée et chanteuse de talent, la princesse évoque dans ce livre sans tabou son statut et son rôle. Elle révèle que si son père le roi venait à mourir subitement elle demanderait à sa mère d’assurer le pouvoir quelques années, le temps de se préparer, ne se sentant pas encore apte à régner. De la même façon, elle revient sur la mort en 2013 de son oncle le Prince Friso, dans un accident de ski ayant profondément marqué la famille royale, mais également sur le suicide de sa tante sœur de la Reine qui l’a tant affecté. la Princesse confie à l’auteure avoir besoin de voir un psychologue : « Parfois, tout devient trop pour moi… et puis je parle à quelqu’un. Si j’en ressent le besoin, je prends rendez-vous. » Une confidence importante, qui sera incontestablement relevée par ses jeunes concitoyens qui peuvent parfois avoir honte d’entreprendre de telles démarches.
Une vie sentimentale scrutée par la presse
Au Pays-Bas depuis quelques mois la popularité de la famille royale a chuté, des questions se posant notamment sur le coût de la monarchie, même si le soutien des néerlandais à leur roi reste prégnant (60% des néerlandais soutiennent encore la monarchie selon un sondage daté de 2021). Le sourire et la jovialité de la princesse héritière sont un des atouts de la couronne et il est probable que dans les prochains mois elle sera de plus en plus mise en afin redorer le blason de la famille royale. A l’instar d’autres princesses qui seront, comme elle, les futures dirigeantes de leurs nations respectives. Suite à la parution de cette biographique dans laquelle Catharina-Amalia se confie sans détours sur ses amours, la question a été posée de ce qu’il adviendrait si la princesse épousait une autre femme. Le Premier ministre, interrogé a immédiatement répondu que ce ne serait absolument pas un obstacle à son accession au trône, générant involontairement un débat dans certaines monarchies. La vie sentimentale de la princesse passionne autant la presse nationale qu’ internationale. Plus récemment ce sont des rumeurs sur une possible relation entre la princesse Catharina-Amalia et le prince Gabriel de Belgique, fils ainé du roi et de la reine des Belges qui a animé le monde de la presse spécialisée suscitant de vives excitations. Mais si tel est le cas cela restera pour le moment le secret de ces deux adolescents qu’une constitution interdit pourtant de convoler.
La princesse héritière n’a pas fini de susciter la curiosité de ses concitoyens et des médias néerlandais. Mais nul doute qu’à l’image de sa grand-mère la Reine Béatrix elle saura, quand le jour viendra, porter dignement cette couronne néerlandaise héritée de ses augustes aïeules.
Arnaud Gabardos