C’est une fin de règne qui commence à en dessiner une autre. Depuis que la reine Elizabeth II a cessé de voyager en 2016, réduit fortement son agenda en raison d’un état de santé fragile, qui s’est accru avec le décès du duc d’Édimbourg survenu il y a un an, c’est le prince Charles qui assure de plus en plus la représentation de la couronne. Longtemps raillé par les médias, il est devenu désormais un porte-parole visible de la monarchie britannique. Un récent sondage IPSOS révèle qu’une moitié des britanniques considèrent qu’il fait un « good job » et confirme qu’une large majorité d’entre eux souhaitent le maintien de l’institution royale.
Il est l’héritier de la couronne britannique depuis sa naissance en 1948. Objet de toutes les attentions médiatiques, le prince Charles de Galles a dû affronter toutes les critiques durant des décennies sans jamais perdre son sourire et son sang-froid. Ses problèmes matrimoniaux avec Lady Diana ont alimenté tous les tabloïds du Royaume-Uni qui n’ont pas hésité à lui jeter l’anathème à de nombreuses reprises. Longtemps accusé d’ingérences dans les affaires gouvernementales ou pointé du doigt pour ses idées jugées « farfelues » sur les questions environnementales, il est désormais loué pour sa vision d’avenir et les projets mis en place pour apporter des réponses crédibles face aux nombreux enjeux mondiaux de ce siècle. Avec le retrait progressif de la reine Elizabeth II, qui s’efface doucement en raison du poids de l’âge (96 ans) et un état de santé chancelant, il est de plus en plus mis en avant par la monarchie britannique. C’est d’ailleurs lui qui a reçu la reine Letizia d’Espagne au château d’Auckland à l’occasion d’une visite culturelle, ce 5 avril.
🇬🇧 🇪🇸 It was a pleasure to welcome Her Majesty The Queen of Spain to Bishop Auckland today to officially open The Spanish Gallery @aucklandproject. pic.twitter.com/z6dnktnYWg
— The Prince of Wales and The Duchess of Cornwall (@ClarenceHouse) April 5, 2022
« Opération Goldent Orb »
A un point que la presse britannique n’hésite plus à évoquer cette monarchie dualiste qui s’est installée dans le paysage national et international comme l’explique le rédacteur en chef du magazine Majesty . « La transition a été planifiée en coulisses depuis plusieurs années principalement en raison de la santé de la reine. Contrairement au roi George VI qui est mort plus rapidement que prévu et sans beaucoup de préparation, cette transition est bien planifiée et orchestrée » affirme Joe Little. D’après lui, deux groupes auraient même été constitués, un qui s’occupe du Jubilé de Platine à venir dont les festivités auront lieu cet été, l’autre chargé de mettre en avant l’héritier et de modeler son image par le biais de divers canaux de communication. « La reine n’effectue plus de voyages internationaux depuis 2016.Je pense que l’on peut évoquer l’organisation d’une double monarchie, même si cela n’a rien d’officiel. D’ailleurs, on peut aussi le constater avec le prince William [le duc de Cambridge est le fils aîné de Charles-ndlr] qui est mis en avant aux côtés de Catherine [épouse du prince William-ndlr] et de la duchesse de Cornouailles [Camilla Shand, seconde épouse du prince Charles-ndlr] » renchéri à ce propos Robert Jobson. Pour ce journaliste et auteur, il ne fait aucun doute que la reine Elizabeth II prépare sa succession. Une opération qui porterait même un nom : « Opération Goldent Orb » nous apprend le quotidien Paris Match.
Un travail qui commence à porter ses fruits. D’après un sondage publié par l’institut IPSOS, le 25 mars dernier, pour 43% des britanniques, le prince Charles ferait un « good job ». Soit 11 points de plus que celui réalisé dans les mêmes conditions quatre ans auparavant. Une progression qui se fait ressentir parmi toutes les générations. Bien que 4 britanniques sur 10 souhaiteraient qu’il se retire au profit de son fils, le prince William, qui jouit de 64% d’opinions favorables. Palme de la popularité à la Queen qui remporte 70% d’avis positifs. Lors de son accession au trône, il pourra compter sur l’aide du parti Conservateur. 66% des militants de ce mouvement qui a connu de nombreux ténors, comme Winston Churchill ou Margaret Thatcher, affirment qu’il fera un bon monarque. Si au sein du Parti travailliste, ils ne sont que 42%, ils soutiennent encore majoritairement les actions du prince de Galles. Pour beaucoup de ses compatriotes, Charles a parfaitement géré les récentes crises au sein de la famille royale et sa volonté de restreindre le nombre de princes et princesses au sein de la maison des Windsor, particulièrement bien accueillie au Royaume-Uni.
La monarchie britannique, une institution pérenne
Et pas question de penser à changer de régime. Encore une fois, plus de 4 personnes sur 10 pensent que le pire serait à venir pour la Grande-Bretagne si l’institution royale était abolie (44%), deux fois plus que les 22% qui réclament la fin de la monarchie. Toutefois, le sujet divise les jeunes Britanniques : 33% disent que l’abolition de la monarchie serait inquiétant pour le futur de la Grande-Bretagne tandis que 29% pensent que ce serait une bonne chose. Sur un point de vue global, trois quarts (75%) des Britanniques affirment que la monarchie sera encore là dans 10 ans, 68% pensent la même chose sur deux décennies, mais émettent des doutes dès lors qu’on évoque sa présence dans un demi-siècle (45%). Une institution politique indissociable de l’histoire passée et présente du Royaume-Uni « Pour le moment, seule une minorité de personnes pense que la Grande-Bretagne se porterait mieux sans la monarchie. La popularité de la reine, du duc et de la duchesse de Cambridge reste forte. En ce qui concerne l’avenir, la moitié des Britanniques ont confiance dans le prince Charles en tant que futur roi et plus de gens le voient sous un jour positif qu’il y a quatre ans » résume Gideon Skinner, responsable du Pôle politique d’IPSOS. Les Britanniques sont désormais prêts à avoir un nouveau monarque. Reste à savoir quel nom il prendra lorsqu’il montera sur le trône : Charles III ou Georges VII ? Les paris restent ouverts.
Frederic de Natal