C’est une dynastie oubliée de tous, pourtant inscrite au panthéon de la science. Les Becquerel ont apporté le prix Nobel de Physique à la France et même donné leur nom à une unité dérivée du Système international d’unités (SI). La Revue Dynastie revient sur cette lignée de savants à qui l’on doit des découvertes significatives.
Antoine César Becquerel est le fondateur d’une dynastie qui doit tout à la Révolution française et à l’empereur Napoléon Ier. Né en 1788 au sein d’une famille de petite noblesse du Loiret , il n’a pas connu Louis XVI. Il grandit à l’école de la République, élève brillant. Il entre à l’École polytechnique, promotion X de 1806. Il sera officier dans le Génie civil et suit l’armée de Napoléon en Espagne. Il se passionne pour une aventure qui prend fin en 1815 et avec elle, tous ses espoirs de gloire sur le champ de bataille. Waterloo passé, les Bourbons sont de retour sur leur trône. Il quitte l’armée, avec le grade de chef de bataillon, Il va se consacrer à l’études des sciences et ses travaux remarqués, lui permettent d’entrer à l’Académie des sciences en 1829 avant d’obtenir une chaire de professeur au Muséum national d’Histoire naturelle huit ans plus tard. Chaire qu’occupent successivement son fils, petits-fils et arrière-petit-fils après lui. Antoine César Becquerel se spécialise dans l’électrochimie (qui lui permet de gagner une réputation) et les minéraux phosphorescents dont il fait la collection. L’amorce d’une découverte qui se fera dans le temps. Il meurt en 1878, âgé de 90 ans, après avoir occupé un poste de conseiller général à Châtillon-Coligny. Ville qui lui a élevé une statue.
Les Becquerel, la science une affaire de famille
Marié, Antoine César Becquerel a laissé un certain nombre d’ouvrages remarquables. Ses travaux lui ont même permis d’avoir son nom sur la Tour Eiffel. Son fils ainé Louis Alfred Becquerel (1812-1862) sera médecin à la Pitié. Un véritable sacerdoce et une plume expérimentée. Ce professeur agrégé consacre sa vie à rédiger des traités sur ses observations médicales. C’est son second fils qui va apporter la gloire sur le nom des Becquerel. Il suit la tradition familiale et dès le début de sa scolarité fait preuve d’une assiduité qui fait honneur à sa famille. Baccalauréat ès lettres et ès sciences mathématiques en poche dès 1837, il entre à l’Ecole normale supérieure puis à Polytechnique. On lui doit la découverte de l’effet photovoltaïque deux ans plus tard. Précoce, il est docteur ès sciences en 1840. Ses travaux le poussent à s’intéresser à la phosphorescence, la spectroscopie (il est considéré comme le créateur de la première photographie couleur en 1848), le magnétisme et la conductibilité des gaz . Président de la très élitiste Société d’encouragement pour l’industrie nationale de 1884 à 1888, il associe son fils Henri à tous ses travaux quand la mort le surprend en mai 1891, à 71 ans.
Un prix Nobel de Physique
C’est par hasard qu’Henri Becquerel (1852-1908) va découvrir la radioactivité. Cet ami du mathématicien Henri Poincaré, membre de la famille du président de la République, va mettre en corrélation ses études de la fluorescence sur les sels d’uranium et ce phénomène, une étude qui va aboutir à la naissance de « l’hyperphosphorescence » . En rendant la conclusion de ses travaux en mars 1896 avant Silvanus Thompson qui travaillait en parallèle sur le même sujet, il dame le pion aux anglais. En 1897, Marie Curie reprend le travail d’Henri Becquerel, révèle les propriétés ionisantes de ce rayonnement et , avec son époux Pierre, découvre la « radioactivité ». Des travaux qui seront récompensés par un prix conjoint, celui du Nobel de Physique en décembre 1903. A Henri Becquerel , devenu professeur à l’École polytechnique, « la découverte de la radioactivité spontanée » et à Pierre et Marie Curie « en reconnaissance des mérites extraordinaires dont ils ont fait preuve par leurs recherches communes sur les phénomènes de radiations découverts par le professeur Becquerel ».
L’aventure des Becquerel va perdre de sa saveur. Son fils, Jean ( 1878-1953), va contribuer à faire connaître la théorie de la relativité générale en France que parachèvera un jour un certain Albert Einstein. Son neveu, Paul (1879-1955) se spécialisera en études de biologie et de physiologie. Faute de descendance, les Becquerel ont laissé en héritage des noms et des découvertes à la France qui peut encore s’enorgueillir aujourd’hui.
Arnaud Gabardos