C’est l’un des mystères archéologiques le plus fascinant du siècle dernier. C’est au cours d’une expédition, en plein cœur du pays maya, au Bélize, qu’un crâne en cristal a été découvert. Objet de culte religieux ou artefact d’origine extraterrestre, depuis des décennies, il continue d’alimenter toutes les thèses diverses et les fantasmes d’Hollywood. La Revue Dynastie revient sur cette énigme qui n’a pas encore livré tous ses secrets.
« Nous venions de nettoyer un espace près de l’autel. Un rayon de soleil fit scintiller quelque chose. Les mayas, qui nous prêtaient main forte, tombèrent à genoux ». Dans son autobiographie « Danger in my ally » parue en 1954, Frederick Mitchell-Hedges raconte comment sa fille, Anna, a découvert enfoui dans une cavité, en haut d’une pyramide maya au Bélize, un crâne de 5,3 kilogrammes façonné dans un seul bloc de cristal. Jusqu’ici, il n’avait jamais mentionné cette découverte faîte trois décennies plutôt, qui va susciter bien des interrogations et lui apporter une certaine gloire. Cet homme de 72 ans a tout de l’aventurier. Admiratif des grands explorateurs de son temps, il se met très rapidement à voyager en quête de cités perdues. Lors d’un séjour au Mexique, il est même capturé par le célèbre Pancho Villa, devient espion avant de revenir à ses passions premières qui vont le mener vers le chemin de la gloire.
La sortie de son livre fait le « buzz » et fait ressortir un vieux mythe, celui des 13 crânes de crustal qui seraient disséminés à travers la planète, gardiens d’un secret millénaire et une porte vers les secrets de l’humanité une fois réunis. Il ne faut pas beaucoup de temps pour que certains affirment qu’il y a une supercherie derrière cette découverte puisqu’elle ne cadre pas avec ce que l’on savait jusqu’ici de cette civilisation du VIIIème siècle. Entre deux aventures où il aurait été aux prises avec un jaguar sauvage et un iguane très vicieux, Frederick Mitchell-Hedges va jusqu’à affirmer que le crâne serait vieux de 3600 ans, laissant supposer que son origine ne serait pas terrienne et qu’il aurait servi d’objet de culte aux mayas. Il finit même par se convaincre que le crâne avait un pouvoir de mort sur ses semblables (il le rebaptise « crâne du destin funeste »). Au fur et à mesure des années, il adapte son discours, fait fi des accusations de mythomanie qui pèsent sur lui (comme la présence supposée de sa fille en 1927 lors de cette expédition mandatée par le British Museum) et une histoire qui va se perpétuer avec Anna qui le fait exposer un peu partout contre monnaie trébuchante.
Poli avec du diamant, il est impossible à dater au carbone 14 puisqu’il n’en contient pas. Pourtant le doute subsiste ! Ramené au siècle précolombien, avec les outils en leur possession, il aurait fallu plus d’un siècle pour que les mayas atteignent ce degré de perfection. En 1922, le docteur Diestelberger est arrivé à la conclusion que les mayas avaient poli le crâne durant des générations, peut-être grâce à une plante connue des incas qui permettait de ramollir la pierre afin de la tailler plus facilement. La découverte de Frederick Mitchell-Hedges est loin d’être la seule de ce type. Bien avant lui, il y a eu celui dit de « Paris » offert en 1883 par Alphonse Louis Pinart à l’actuel musée du Quai Branly, celui de « Londres » ou celui de « Washington ». Sans compter ceux qui appartiennent à des collections privées depuis des années, tous aussi controversés. Pour Jane MacLaren Walsh, chercheuse de la Smithsonian Institution, il ne fait pas de doute que ceux entreposés en France et au Royaume-Uni sont des faux (des analyses en 1996 et 2004 sur ce dernier semblent le confirmer). En effet, tous deux proviendraient d’un certain Eugène Boban, antiquaire installé au Mexique qui n’a pas hésité à vendre parfois des imitations pour augmenter ses revenus. Dans un documentaire produit en 2007 par le National Geographic Channel (« La vérité derrière les crânes de cristal »), l’artiste médico-légale Gloria Nusse a effectué une reconstruction faciale médico-légale sur une réplique d’un des crânes. Selon elle, le visage résultant avait des caractéristiques féminines et européennes et en a conclu qu’il était impossible qu’il soit méso-américain.
Reste les propriétés magiques des crânes. Anna Mitchell-Hedges a affirmé que le crâne de cristal pouvait provoquer des visions et guérir le cancer (c’est que disait de son vivant Jokey van Dieten, ancienne coureuse automobile), qu’elle avait autrefois utilisé ses propriétés magiques pour tuer un homme et que, dans un autre cas, elle y avait vu une prémonition de l’assassinat de John F. Kennedy. Pendant très longtemps, certains ont été persuadés que la fin du monde, prévue en 2012, selon le calendrier maya, pouvait être évitée si on les réunissait tous au même endroit. Ils eurent un grand succès chez les hippies lors des « seventies ». L’écrivain Drunvalo Melchizedek racontait même qu’il avait rencontré des descendants indigènes mayas en possession de crânes de cristal similaires utilisés lors de cérémonies dans des temples du Yucatán, qui, selon lui, contenaient les âmes d’anciens Mayas et toutes leurs connaissances. D’autres restent persuadés qu’ils ouvrent un passage caché vers l’Atlantide ou une autre planète, scénario repris allègrement dans la série « Stargate ». Rien de bien sérieux pour les scientifiques qui balayent toutes ces allégations. Le mystère demeure toujours sur l’origine de ces crânes et ce n’est pas Indiana Jones qui vous dira le contraire.
Frederic de Natal